Questions sur la culture japonaise

De Quartier Japon Wiki.

(Différences entre les versions)
(Comment le wasabi est-il produit ?)
(La conception cyclique japonaise)
 
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=='''子供の日 – Kodomo no Hi - La carpe qui rêvait de voler'''==
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Le 5 mai, chaque année au Japon, c’est le jour de La Fête des Enfants ! Un jour férié, pendant lequel il n’y a pas d’école. Auparavant, c’était le jour de la Fête des Garçons, les filles ayant, elles, leur fête le 3 mars, le jour de la Fête des Filles.
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Le 5 mai, c’était à la base une très ancienne fête venue de Chine, pour favoriser les travaux de repiquage du riz, le riz étant au Japon aussi important que le blé, pour l’alimentation, pour les Occidentaux. Puis, c’est devenu une fête de rituelle pour les garçons.
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Avant et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les symboles de la Fête des Garçons étaient ainsi essentiellement des symboles guerriers, des casques de samouraï (kabuto), des sabres (katana) des arcs et des flèches… A l’occasion de cette fête, le garçon devenait en effet en âge de protéger la communauté ; c’était un rituel de passage de l’enfant au statut d’adulte.
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Depuis 1946, le symbole principal de cette fête est désormais la carpe Koï, très présente au Japon.
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Vous savez ce que c’est une « carpe koï » ?
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Déjà, en japonais, le mot « koï » signifie « la carpe ». Ainsi, quand on dit « carpe koï », ce serait comme si on disait « carpe carpe » !!
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Au Japon, notamment, les carpes sont différentes de celles que l’on trouve dans nos lacs et chez les poissonniers en Europe. Peut-être vous en avez vues sur des photos ou dans des animés ?  : elles ont pleines de couleurs. Comme si un artiste peintre les aurait décorées ! Certaines sont même comme le drapeau japonais. Vous savez comment il est le drapeau japonais ? Comme lui, les carpes sont toutes blanches, avec un cercle rouge !! Elles ont même un nom « la carpe Tancho ».
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Pourquoi la carpe Koï est-elle devenue le symbole de la Fête des enfants ?
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La carpe fait référence à un conte très ancien d’origine chinoise. Autrefois, il y avait une carpe qui rêvait de voler. Comme elle savait que les fleuves et les rivières prennent leur source dans les montagnes, elle avait décidé de remonter jusqu'à sa source le Fleuve Jaune, le 2ème plus long fleuve de Chine et même du monde (5 464 kilomètres) !
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Pourquoi ?
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Elle se disait qu’en remontant ce très long fleuve, elle arriverait jusqu’à la source, très haute dans la montagne. Tout en haut de la montagne, elle serait donc très proche du ciel. Il lui suffirait alors de faire un saut de carpe pour se retrouver dans le ciel. Ainsi, dans le ciel, elle pourrait voler !
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Donc, poussée par son envie de voler et de réaliser son rêve, elle commença à remonter le Fleuve Jaune. Vous vous rendez compte ? !, une carpe ce n’est pas bien grand et ça a de petites nageoires. Alors, pour remonter un long long fleuve sur des milliers de kilomètres, avec ses seules petites nageoires et en plus à contre-courant, elle devait nager, nager, … Elle devait vraiment avoir envie de voler pour faire autant d’efforts !
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Tout doucement, elle avançait ! A la seule force de ses petites nageoires, mais poussée par la force de vouloir réaliser son rêve et de voler !!
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Petit à petit, elle avançait, régulièrement. Pendant des jours et des jours, sans se décourager, en résistant contre la fatigue, l’envie de s’arrêter et contre le découragement. Elle continuait, malgré le courant qui devenait plus fort, en passant les petites cascades, en sautant d’un coup de queue pour passer les barrages et continuer de remonter, de remonter tout doucement mais sûrement, sans se décourager. Elle devrait vraiment avoir très envie de voler !!
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Mais après des jours et des jours et des jours, cette fois, elle se retrouva au pied d’une cascade vraiment très très haute, à pic : Ryûmon – la porte du dragon…
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Cette fois, malgré son envie de réaliser son rêve, malgré sa détermination, elle avait bien essayé plein de fois de remonter tout doucement cette cascade en faisant plein de  sauts. Mais rien à faire, c’était impossible pour une si petite carpe ! Elle était bien obligée de reconnaître qu’elle ne pourrait jamais passer cette haute cascade et continuer jusqu’à la source du fleuve, tout en haut de la montagne et tout prêt du ciel. Jamais elle ne pourrait donc réaliser son rêve et jamais elle ne pourrait voler…
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Depuis tout le début de cette histoires, les divinités du Japon (au Japon, il n’y a pas qu’un seul dieu comme en France. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de dieu comme nous on le pense : ce n’est pas comme une personne. Il y a en quelque sorte des bouts de dieu partout ! Dans un caillou, une plante, un insecte…).
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Donc, les divinités du Japon savaient quel était le rêve de la carpe et ils la voyaient faire tous ces efforts pour réaliser son rêve ! Et là, ils la voyaient toute triste, perdu et déçue de ne pas pourvoir réaliser son rêve.
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Alors, ils se sont concertés et tous, ils ont décidé de réaliser son rêve !
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Ils ont donc transformé la petite carpe en dragon !
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Un dragon, au Japon, ce n’est pas comme chez nous : c’est un dragon d’eau, plutôt gentil, qui ne détruit pas et ne crache pas des flammes et ne tue pas des chevaliers et des gens. Il protège plutôt l’eau, si importante pour l’irrigation des rizières et du riz. C’est un dragon qui vole !
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Si vous irez au Japon, vous en verrez plein de dragons dans l’enceinte des temples, à l’endroit où on se lave et on se purifie les mains et la bouche avant d’aller prier au temple. De leur bouche se déverse l’eau !
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Finalement, la carpe est le symbole de la Fête des enfants parce que les parents espèrent que leurs enfants seront comme la carpe de l’histoire : qu’ils auront un rêve et qu’ils se battront pour le réaliser. Qu’ils feront des efforts, qu’ils ne laisseront pas tomber et qu’ils continueront d’y croire sans se décourager ni perdre espoir !
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J'avais entendu cette histoire à l'époque où je travaillais dans un centre culturel franco-japonais, à Paris, qui avait tenté de populariser la Fête des Enfants en France.
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J’avais écrit toute cette histoire et toute l’histoire de la Fête dans un livret. Il est téléchargeable, librement ici : https://www.quartier-japon.fr/livrets-japon-arts-japonais
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''Article paru le 07/07/2020''
=='''Vous ne connaissez pas "Maaboo Dôfu"?'''==
=='''Vous ne connaissez pas "Maaboo Dôfu"?'''==
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[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_tarifs.jpg|thumb|250px|left|]]Le wasabi, ou la moutarde japonaise, nous sommes de plus en plus nombreux à au moins en connaître le mot, à défaut de l'avoir goûté.  
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[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_tarifs.jpg|thumb|250px|left|]]
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Le wasabi, ou la moutarde japonaise, nous sommes de plus en plus nombreux à au moins en connaître le mot, à défaut de l'avoir goûté.  
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C'est en effet le nom de ce petit monticule de pâte verte, qui accompagne les sushis et les sashimis et que l'on mélange à la sauce de soja.  
C'est en effet le nom de ce petit monticule de pâte verte, qui accompagne les sushis et les sashimis et que l'on mélange à la sauce de soja.  
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Quand un ami nous fait une blague, en nous proposons de le goûter séparément, nous comprenons rapidement que c'est plutôt fortement piquant, tellement que les larmes nous viennent naturellement aux yeux !
Quand un ami nous fait une blague, en nous proposons de le goûter séparément, nous comprenons rapidement que c'est plutôt fortement piquant, tellement que les larmes nous viennent naturellement aux yeux !
A quoi sert le wasabi ?  
A quoi sert le wasabi ?  
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A supprimer les bactéries qui pourraient se trouver dans le poisson cru, pour nous éviter d'être malade, en combinaison avec les lamelles de gingembres également servies avec le poisson cru et avec la feuille de shiso, servie quasiment uniquement au Japon et rarement en France.
A supprimer les bactéries qui pourraient se trouver dans le poisson cru, pour nous éviter d'être malade, en combinaison avec les lamelles de gingembres également servies avec le poisson cru et avec la feuille de shiso, servie quasiment uniquement au Japon et rarement en France.
Pourtant, le wasabi lui aussi est quasiment jamais servi en France : ce qui nous est majoritairement servi est un mélange de raifort, de graines de moutarde broyées et d'un colorant vert !  
Pourtant, le wasabi lui aussi est quasiment jamais servi en France : ce qui nous est majoritairement servi est un mélange de raifort, de graines de moutarde broyées et d'un colorant vert !  
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Car la production japonaise de wasabi ne suffirait aucunement à la demande mondiale. Et le wasabi ne peut pousser que dans un environnement très particulier.
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Car la production japonaise de wasabi ne suffirait aucunement à la demande mondiale.  
[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_champs.jpg|thumb|250px|left|]]
[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_champs.jpg|thumb|250px|left|]]
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Et le wasabi ne peut pousser que dans un environnement très particulier.
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Lors de mon dernier voyage au Japon, dans les environs de la ville de Matsumoto, j'ai eu l'occasion de visiter l'une des plus grandes exploitations de wasabi du Japon (https://www.daiowasabi.co.jp/), en compagnie de mes hôtes, très érudits, Yukiko et Junpei.  
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Lors de mon dernier voyage au Japon, dans les environs de la ville de Matsumoto, dans la région de Azumino, j'ai eu l'occasion de visiter l'une des plus grandes exploitations de wasabi du Japon (https://www.daiowasabi.co.jp/), en compagnie de mes hôtes, très érudits, Yukiko et Junpei.  
Merci à eux pour toutes leurs explications et pour cette belle découverte !
Merci à eux pour toutes leurs explications et pour cette belle découverte !
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[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_plants.jpg|thumb|210px|left|]][[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_plantes.jpg|thumb|210px|right|]]La plante "Wasabia japonica" est de la famille des brassicacée, comme le colza, le cresson et les choux. C'est sa racine qui est utilisée pour obtenir le wasabi que l'on consomme avec le poisson cru. Pour pousser, il faut une eau naturelle d'une très grande pureté et une température du sol et de l'air ambiant spécifiques. Dans les environs de Matsumoto, nombreuses sont les sources d'eau à sortir du sol, sous la forme de petites fontaines, qui vont ensuite irriguer les petits canaux crées par l'Homme, entre chacune des rangées des plantes de wasabi. Tout autour des "champs" de wasabi, des remblais de terre protègent encore davantage les plantations tout en maintenant un environnement protégé. A certaines périodes, des filets sont tendus au-dessous des plantations, pour éviter que les oiseaux ne viennent endommager les plantes.  
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[[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_plants.jpg|thumb|250px|left|]][[Fichier:MATSUMOTO_WASABI_site_plantes.jpg|thumb|250px|right|]]La plante "Wasabia japonica" est de la famille des brassicacée, comme le colza, le cresson et les choux.  
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Les plants sont d'abord placés sous une serre, puis transplantés, à la main, dans première parcelle. Ils sont récoltés au bout de plusieurs années, sachant que plus le plant est ancien, plus la racine est grosse et grande et plus son prix de vente sera important. Une racine de plus de 4 ans peut valoir plusieurs centaines d'euros à la vente.
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C'est sa racine qui est utilisée pour obtenir le wasabi que l'on consomme avec le poisson cru.  
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Pour pousser, il faut une eau naturelle d'une très grande pureté et une température du sol et de l'air ambiant spécifiques.  
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Dans les environs de Matsumoto, nombreuses sont les sources d'eau à sortir du sol, sous la forme de petites fontaines, qui vont ensuite irriguer les petits canaux crées par l'Homme, entre chacune des rangées des plantes de wasabi.  
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Tout autour des "champs" de wasabi, des remblais de terre protègent encore davantage les plantations tout en maintenant un environnement protégé. A certaines périodes, des filets sont tendus au-dessous des plantations, pour protéger les plantes d'un ensoleillement trop fort.  
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Les plants sont d'abord placés sous une serre, puis transplantés, à la main, dans première parcelle. Ils sont récoltés au bout d'une ou deux années dans cette ferme. Ils peuvent également être récoltés au bout de plusieurs années, sachant que plus le plant est ancien, plus la racine est grosse et grande et plus son prix de vente sera important. Le tarif de vente dépend également du lieu de production.
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Un wasabi d'une année vendu à l'unité coûte environ entre 500 et 1500 yens, soit entre 4 et 13 euros. Une racine de plus de 4 ans peut valoir plusieurs centaines d'euros à la vente.
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Une fois récoltée, la racine de wasabi peut être cuisinée comme un navet ou un daikon (radis blanc japonais).
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Il n'est alors pas piquant et peut être préparée dans un nabé ou un oden.
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Pour qu'il acquiert ce piquant que nous lui connaissons, il faut râper la racine sur une râpe en bois recouverte de peau de requin.
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Ainsi, en se mélangeant à l'air libre, un mélange chimique s'opère et le piquant du wasabi nous monte alors au nez !!
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Une fois récoltée, la racine de wasabi peut être cuisinée comme un navet ou un daikon (radis blanc japonais). Il n'est alors pas piquant et peut être préparée dans un nabé ou un oden. Pour qu'il acquiert ce piquant que nous lui connaissons, il faut râper la racine sur une râpe en bois recouverte de peau de requin. Ainsi, en se mélangeant à l'air libre, un mélange chimique s'opère et le piquant du wasabi nous monte alors au nez !!
 
Bon appétit à tous et surtout, pensez à consommer wasabi ou/ et gingembre ou/et shio avec le poisson cru, pour éviter d'éventuels désagréments !!
Bon appétit à tous et surtout, pensez à consommer wasabi ou/ et gingembre ou/et shio avec le poisson cru, pour éviter d'éventuels désagréments !!
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''Article paru le 14/05/2018''
''Article paru le 14/05/2018''
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=='''La conception cyclique japonaise'''==
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*Stéphane, responsable projet, Quartier Japon
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Souvent, lors de mes animations, je suis amené à évoquer les conceptions différentes concernant le temps, entre les Européens et les Asiatiques, dont les Japonais.
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En effet, nous les Européens, nous concevons les choses et la vie notamment comme étant linéaire et progressive, avec un début et une fin, de la naissance jusqu'à la mort.
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Les Asiatiques, par contre, conçoivent plutôt les choses et la vie notamment, comme quelque chose de cyclique, dans laquelle il ne peut donc pas y avoir de début ni de fin, puisque c'est une alternance de phases "croissance-décroissance".
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Une conception issue, entre autres, de la conception bouddhiste.
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Une fois cela dit, je ne sais pas que dire de plus, comment l'expliquer davantage.
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En fait, je ne sais pas comment cela se concrétise dans le quotidien.
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Intellectuellement, j'ai bien compris, mais je ne le ressens pas et, donc, je ne me sens pas légitime pour le faire passer à un interlocuteur.
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J'ai donc abordé ce sujet, avec Yumiko, avec laquelle je fais des échanges linguistiques depuis plusieurs années,à l'occasion de notre dernier échange.
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A ce sujet, en rédigeant cet article, je prends conscience combien je suis "formaté" à concevoir les choses linéairement : je pars d'une idée, que je développe à travers une argumentation, pour arriver à une conclusion.
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[[Fichier:Samsara.jpg|thumb|250px|left| Samsara]]*Yumiko
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Ainsi, à Yumiko, je lui ai posé ces différentes questions :
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- Est-ce toujours d'actualité chez les Japonais, de concevoir les choses de façon cycliques ?
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- Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?
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- De quelle manière cette conception est-elle transmise aux enfants ?
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Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception, dès l'enfance ?
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Autant de questions, bien sûr, posées au fur et à mesure de notre dernier échange.
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'''QJ : - Est-ce toujours d'actualité chez les Japonais, de concevoir les choses de façon cycliques ?'''
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Yumiko : "Cette conception vient du bouddhisme. Nous les Japonais, nous pensons comme cela.
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Plutôt que des cycles, c'est plutôt une spirale, n'est-ce  pas ?
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Comme la coquille d'un escargot ? Car à chacun des cycles survient une évolution.
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'''QJ : - Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?'''
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Yumiko : "Ce sont les bonzes bouddhistes qui en parlent, parce qu'ils connaissent cette conception et qu'ils savent comment l'expliquer.
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Dans la vie quotidienne, les gens peuvent dire "après la mort, je serai un chat".
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C'est dans ce sens là, que nous nous y référons.
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Nous savons comment fonctionne le cycle des réincarnations, quelle est la logique des rétributions, mais cela ne nous paraît pas si important, puisque nous ne savons pas ce qui se passe après la mort.
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Personne n'en est revenu !
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A l'école et dans notre éducation, comment cette conception se trouve concrétisée ?
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Dans les premières classes, on voit les choses en général.
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Les années suivantes, on voit les mêmes matières et les mêmes sujets, mais de façon de plus en plus approfondie, davantage dans les détails."
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Cette explication de Yumiko me rappelle une réflexion que je m'étais faite à l'époque quand j'apprenais le japonais dans une école de langues, à Paris :
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Au cours de la seconde année, j'avais clairement eu l'impression, lors d'une leçon, que le cours du jour, le vocabulaire, les verbes et la grammaire du jour, nous les avions déjà abordés l'année précédente !
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Par contre, ce que le professeur nous avait enseigné l'année passée semblait ne plus être valable cette année, selon cette autre professeur.
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J'en avais été plus que désarçonné !
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Je ne sais plus exactement, mais par exemple, la façon de dire quelque chose, de décrire une action, si je le faisais avec les mots, les verbes et la forme grammaticale appris l'année passée, cette année présente, cela ne marchait plus.
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La professeure nous avait alors enseigné une autre façon de décrire la même situation.
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Cela m'avait alors déconcerté...
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J'avais clairement eu, sur le moment puis par la suite, l'impression que l'on apprenait le japonais par couches successives : plus on avançait dans l'apprentissage du japonais, plus on affinait et plus on entrait dans les détails et dans les nuances.
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C'est un fait que la difficulté du japonais réside essentiellement dans ses niveaux de nuances !!
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En effet, me confirma Yumiko, qui est aussi professeur de japonais pour les étrangers, au Japon :
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Pour l'histoire, les mathématiques, ..., les aspects sont abordés de façon générale au début, selon ce que les élèves peuvent comprendre à leur âge.
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Après quoi, les années suivantes, les mêmes points sont abordés ensuite, de façon toujours plus détaillée et plus complexe.
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'''QJ : - De quelle manière, cette conception cyclique est-elle transmise aux enfants ?
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Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception ?'''
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Yumiko : Enfant, quand on étudie les insectes (sujet apparemment très intéressant pour les enfants japonais - à la fois les insectes sont bien plus gros que chez nous, mais aussi on les retrouve fréquemment dans la culture aussi bien traditionnelle que contemporaine, à travers les Pokémon et autres personnes des mangas et des animés).
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Quand on en rencontre, quand on en écrase ou encore que l'on a envie de les écraser, à ces moments-là, l'entourage explique aux enfants la réincarnation et le cycle des vies successives sous des formes différentes.
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Avant d'être un insecte, peut-être que c'était... un humain ? Ou que l'insecte pourra se réincarner en autre chose, en humain ?
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Bien sûr, si un décès survient dans son entourage proche, la question des cycles peut là encore être évoquée.
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Sinon, à l'occasion de la fête de Obon, à l'été, lorsque les âmes des personnes décédées reviennent sur Terre, rendre visite à leur famille, cette question est là encore abordée.
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Et puis, et peut-être plus encore, cette question de la vie et de la  mort, du cycle des réincarnations, ..., est aussi souvent abordée dans les mangas et dans les animés dont sont friands les enfants dès leur plus jeune âge.
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De même, la question des "couches-époques successives" de la vie est fréquemment traitée dans ces mêmes mangas et ces animés.
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Dans les mangas et dans les animés, souvent, les personnages sont confrontés et/ou évoquent la mort et la réincarnation, tout comme ce qui se passe lors et après la mort.
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De même, les personnages se trouvent également confrontés à des situations, à des interrogations que peuvent pareillement vivre les jeunes lecteurs ; autant de situations et de questionnements propres aux différentes étapes de la vie que nous autres, les Européens, nous disons volontiers qu'ils se produisent aux changements de dizaines.
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"Tu verras à 40 ans, on ne voit plus les choses de la même façon...", par exemple.
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De cette façon, les lecteurs de tout âge peuvent eux aussi, à travers les médias que sont les mangas et les animés, se trouver confrontés et en questionnement par ce que vivent les personnages.
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Ils peuvent tout autant trouver une résonance de ce qu'ils vivent et ressentent eux-mêmes dans les doutes et les questionnements des personnages.
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Ils peuvent encore trouver des éléments pour les aider à vivre ces questionnements qui peuvent être difficiles à vivre pour les jeunes (le premier amour, le choix des études et quitter la cellule familiale...) dans ces mêmes histoires.
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Ils peuvent aussi trouver des solutions, dans les choix que font les personnages, pour eux-mêmes prendre des décisions concernant leur propre vie.
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Ainsi, les médias manga et animés, d'une certaine façon, font partie des éléments éducatifs auprès des jeunes notamment.
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Sur des questions qui peuvent être délicates à aborder avec des adultes et encore plus avec ses parents, ces médias peuvent en quelque sorte s'y substituer.
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D'autant que ce ne sont pas des choses qui sont abordées à l'école !!
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[[Fichier:La_roue_du_karma.jpg|thumb|250px|left| La roue du karma]]*Keishi
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Pour compléter mes échanges avec Yumiko, j'ai posé les mêmes question à Keishi, un ami japonais plus âgé, et donc plus "sage", qui vit en France depuis 1985, tout en séjournant régulièrement au Japon.
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Je voulais "sentir" en moi-même comment cette conception du temps circulaire se concrétisait dans la vie quotidienne.
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Certes, je le comprenais intellectuellement, mais sans le ressentir, sans le comprendre avec le "coeur".
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Je ne parviendrais donc à le transmettre que de façon intellectuelle, donc imparfaitement.
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'''QJ : - Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?'''
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'''QJ : - De quelle manière cette conception est-elle transmise aux enfants ? Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception, dès l'enfance ?'''
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A mon avis, l'idée de temps cyclique existait déjà au Japon, avant l'avènement du Bouddhisme au 6ème siècle.
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Dès la période Yayoï (environ 800-400 Av JC - 250 Ap JC), l'agriculture existait au Japon, donc la riziculture.
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Dans la riziculture, chacune des saisons marque une nouvelle étape dans la culture du riz et dans les travaux agricoles à réaliser.
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Par exemple, le début du printemps marque le début des travaux de plantation du riz.
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La période de repiquage du riz survient, elle, plus tard dans le printemps.
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Du fait que le riz est toujours l'aliment "national" au Japon, les travaux agricoles sont donc toujours importants.
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Ainsi, les enfants en école maternelle étudient les cycles de la culture du riz, en même temps que le cycle des saisons.
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Un autre aspect, lié au système éducatif du japon, fait que dans les classes, le professeur s'intéresse autant, voire davantage, aux élèves qui ont des difficultés, qu'aux autres élèves.
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Car dans le système japonais, l'importance est mise sur l'égalité et donc sur l'harmonie.
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Pour les enfants qui apprennent facilement, l'école peut de ce fait paraître ennuyeuse.
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C'est une des différences avec le système scolaire français, pour lequel l'important est plutôt de suivre le programme, sans prendre de retard, au risque de "perdre" les élèves ayant des difficultés.
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A ce sujet, ce principe d'égalité est très important au Japon ; on le retrouve également dans les entreprises japonaises.
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Dans les entreprises japonaises, chaque employé commence par le bas ; il n'est pas possible d'entrer dans l'entreprise directement à une place de manager, comme cela peut être le cas en France.
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Dans les établissements scolaires, notons que ce principe d'égalité se retrouve aussi pour les tâches d'entretien des locaux, puisque tous les élèves, sans exception, assurent à tour de rôle les travaux du nettoyage de la classe.
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De même, pendant les temps des repas pris dans les classes, les élèvent assurent là encore à tour de rôle les diverses tâches du service et du nettoyage.
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Pour en revenir à l'aspect cyclique des choses, les professeurs reviennent régulièrement sur certains points, les répètent, pendant les cours, pour que les élèves les moins favorisés finissent par assimiler les nouveaux apports.
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Ce sont donc des couches successives qui sont apportées aux élèves par les professeurs.
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Avec des ajouts d'apports successivement présentés, dans les classes supérieures.
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En parallèle, les fêtes japonaises, les "matsuris" reviennent chaque année à la même période, de façon cyclique chaque année.
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Tout cela impacte inconsciemment les enfants, dans l'acceptation d'une conception cyclique des choses, faite de couches et d'ajouts successifs, selon un modèle en forme de spirale.
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Dans le système éducatif japonais, on note également que l'enseignement des bases est fondamental.
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Cela explique pourquoi les enseignants reviennent régulièrement sur les fondamentaux.
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D'une année à l'autre, on revient ainsi sur les fondamentaux, avec également chaque année un apport supplémentaire.
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'''QJ : - Concernant la différence de conception du temps chez les Occidentaux, de type linéaire, et chez les Asiatiques, de type cyclique, comment cela se concrétise-t-il dans la vie quotidienne ?'''
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Keishi : "Concernant la conception occidentale :
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Chez les anciens Grecs, la conception du temps était cyclique.
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C'est avec l'apparition et l'avènement du Christianisme et des religions monothéistes qu'une conception linéaire est apparue et a fini par supplanter les autres conceptions du temps.
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Selon l'Ancien Testament, en effet, Dieu a créé le monde, ce qui marque le début.
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A la fin, il y aura le Jugement Dernier.
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Dans le Judaïsme aussi, cette même conception se retrouve, notamment à travers l'"Exode du peuple juif d’Égypte".
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Au Japon, plusieurs conceptions religieuses co-existent : le shintoïsme, le bouddhisme, le christianisme.
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Co-existent ainsi différentes conceptions du temps : une conception cyclique et une conception linéaire.
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En pratique, les Japonais ont ces deux mêmes conceptions du temps :
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> tout pendant la vie, ils conçoivent le temps comme étant linéaire, avec un début marqué par la naissance et une fin, marquée par la  mort.
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Pendant cette période, plusieurs étapes marquent la vie, comme pour nous autres, Occidentaux.
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> après la mort physique, existe la métempsychose, à savoir les différents cycles de réincarnation par lesquelles le "Tamachi" (l'âme ou l'énergie) passe jusqu'à pouvoir s'affranchir de la nécessite de se réincarner.
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Selon la mythologie japonaise, à l'origine, de toute chose, au Japon, il y avait les kamis (pas un seul Dieu comme dans les religions monothéistes).
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Le royaume céleste et la Terre étaient séparés.
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Il n'y avait alors pas de conception linéaire du temps, ni début ni fin.
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Plus tard, la conception du temps cyclique indienne (à l'origine de l’Indouisme puis du Bouddhisme) s'est ajoutée à la vision du temps cyclique des Japonais, basée sur la répétition cyclique des saisons.
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La vie se prolonge après la mort, à travers la métempsychose du bouddhisme.
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Pour simplifier, le bouddhisme a donné l'équivalent d'une colonne vertébrale à la conception japonaise sur le temps (le temps des kamis et des saisons) qui n'était pas suffisamment structurée.
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Dans le système occidental, vous avez une conception binaire des choses.
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Pour cette raison, la tendance est de vous contenter de penser aux choses seulement avec une paire d'oppositions binaires.
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Le monde, vu de façon ainsi simplifiée, est morcelé, ce qui vous permet d'en voir les composants qui le constituent et de les appréhender séparément.
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Cela se passe relativement bien, mais ce n'est pas assez convaincant. Cela débouche sur une vision imparfaite.
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Par exemple, votre conception linéaire : on se fixe un but à atteindre et, avec les efforts de la volonté, on finit par l'atteindre.
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Il y a donc un début, une évolution, puis une fin.
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Puis on recommence, avec un autre but à atteindre. Et ainsi de suite.
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''Article paru le 23/12/2020''

Version actuelle en date du 23 décembre 2020 à 18:34

Nous avons tous des questions sur la culture japonaise.

Cette page est l'occasion de les poser et d'apprendre de nos amis japonais, qui ont la gentillesse d'y répondre !


Sommaire

Pourquoi les lapins et la lune se retrouvent souvent dans la culture japonaise ?

Lapin.jpg

Souvent, sur de nombreux objets et tissus japonais, on retrouve le lapin dans les décorations, souvent par paire et associé avec la lune. J’avais bien connaissance que deux lapins se trouvent dans la lune, où ils y pilent du riz pour faire les mochis (gâteau obtenu à partir de riz gluant pilé), mais comment ils s’y étaient retrouvés ; je n’en avais aucune idée. J’ai donc demandé à une amie japonaise de me l’expliquer et elle m’a envoyé l’explication suivante de Wikipédia :

On pourrait dire que l’histoire de la lune et des lapins vient de l’Inde. Elle est se trouve dans un recueil très populaire au Japon « Recueil d’histoires désormais passées » (Konjaku monogatari) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Konjaku_monogatari_sh%C5%AB) Parce que dans les motifs que forme la lune, on peut y voir des lapins, « dans la lune, il y a des lapins » se transmet-on comme affirmation de génération en génération depuis bien longtemps. C’est de cette légende que traite le texte ci-dessous. Un singe, un renard et un lapin, trois animaux en tout, rencontrèrent un vieux tombé par terre, car il n’avait plus de force. Les trois animaux réfléchirent à comment aider la vieille personne. Le singe rassembla des noix, le renard attrapa des poissons dans la rivière ; chacun donna à ce vieux tout cela comme aliment. Cependant, le lapin, lui seul, ne put rien ramasser ni attraper malgré ses efforts peines. Le lapin, assistant à désespéré face à sa propre impuissance, pensait qu’il aimerait bien aider la vieille personne et demanda au signe et au renard de l’aider à allumer un feu, dans lequel il se jeta, s’offrant ainsi en guise de repas. Voyant cela, la vieille personne divulgua et apparût sous sa véritable identité, Shakra, le seigneur des trente-trois cieux. Pour faire connaître l’acte charitable du lapin jusque dans les siècles futurs, il envoya le lapin jusque dans la lune. On dit que l’ombre qui prend la forme de fumée autour du lapin dans la lune est celle qui s’est formée au moment où le lapin a brûlé. Cette légende, comme de nombreuses légendes présentes dans le « Recueil d’histoires désormais passées », trouve son origine dans les contes bouddhistes « Jātaka » (http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C4%81taka)

« 月と兎の話は、インドから来ているようです。 『今昔物語(こんじゃくものがたり)』は日本の有名なお話を集めたものです。 月の影の模様が兎に見えることから、「月には兎がいる」というのは昔から語られている伝承だが、これにまつわる話として、以下の伝説が語られている。 猿、 狐、兎の3匹が、力尽きて倒れている老人に出逢った。3匹は老人を助けようと考えた。猿は木の実を集め、狐は川から魚を捕り、それぞれ老人に食料として与 えた。しかし兎だけは、どんなに苦労しても何も採ってくることができなかった。 自分の非力さを嘆いた兎は、何とか老人を助けたいと考えた挙句、猿と狐に頼 んで火を焚いてもらい、自らの身を食料として捧げるべく、火の中へ飛び込んだ。 その姿を見た老人は、帝釈天としての正体を現し、兎の捨て身の慈悲行を後世まで伝えるため、兎を月へと昇らせた。月に見える兎の姿の周囲に煙状の影が見えるのは、兎が自らの身を焼いた際の煙だという。 この伝説は、仏教説話『ジャータカ』を発端とし、『今昔物語集』などを始めとして多く語られている。


Article paru le 20/02/2012


Pourquoi retrouve-t-on souvent la libellule dans les motifs japonais ?

Libellule.jpg


Récemment, un élève de Quartier Japon m’a posé la question suivante : pourquoi retrouve-t-on souvent la libellule dans les motifs et produits japonais ? Une amie japonaise m’a donc transmis l’explication suivante :

A l’origine, libellule était appelée « kachi-mushi » (insecte de la victoire) et était censée porter bonheur. Du fait qu’elle ne fait qu’avancer sans reculer, et que cela représente l’esprit « Hutentai » (ne jamais reculer), elle plaisait notamment aux samouraïs. Pendant la période des guerres civiles (milieu du XVe-fin du XVe siècle), le motif de libellule était utilisé pour la décoration des casques, des armures, des carquois, des gardes des sabres, …, entre autre les armes, la veste portée en dessus, les boîtes à médicaments… L’origine de la libellule en tant qu’insecte de la victoire provient d’un waka ( poème japonais de 31 syllabes) écrit par l’empereur Yûryaku (418 ou 428 – 479) à l’occasion d’une chasse. Cela vient aussi de l’attitude offensive de la libellule qui s’envole rapidement pour attraper et manger la vermine et qui avance toujours sans reculer. Honda Katsuyoshi, un des quatre généraux samouraï du clan Tokugawa aimait utiliser une lance longue de six mètres appelée « Tonbo-giri » (tranche libellules). Ce nom provient de l’anecdote suivante : aussitôt qu‘une libellule s’arrêtait sur la pointe de cette lance, cette libellule se retrouvait coupée en deux.

トンボは勝ち虫とよばれ縁起物であり、前にしか進まず退かないところから、「不転退(退くに転ぜず、決して退却をしない)」の精神を表すものとして、特に武士に喜ばれた。戦国時代には兜や鎧、箙(えびら)刀の鍔(つば)などの武具、陣羽織や印籠の装飾に用いられた。トンボを勝ち虫とする由来は雄略天皇が狩に出かけた際に詠んだ歌が元になっている。 素早く飛び回り害虫を捕食し、前進するのみで後退しない攻撃的な姿からともいわれる。 徳川四天王の一人本多忠勝は蜻蛉切(とんぼぎり)とよばれる長さ2丈(約6m)におよぶという長槍を愛用した。 名前の由来は蜻蛉が穂先に止まった途端に真っ二つに切れてしまったという逸話にちなんでいる。

Article paru le 10/05/2012


Quelle est la symbolique de la carpe Koi associée à la Fête des Enfants le 5 mai ?

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Chaque année, le 5 mai est le jour de la fête des enfants au Japon, «Kodomo no hi». Depuis 1948, c’est un jour férié, au cours duquel on formule des vœux de bonheur, de prospérité, de joie et de santé pour tous les enfants.

Le symbole le plus voyant est le «Koï Nobori» - les bannières en forme de carpe, «Koï» signifiant carpe et «Nobori» drapeau, bannière.

Selon une ancienne légende chinoise, une carpe entreprit de remonter le Fleuve Jaune (Huanghe), le second plus grand fleuve de Chine.

Pour y parvenir, elle dût faire preuve de courage et d’endurance pour passer et remonter les uns après les autres les nombreux remous et les cascades du fleuve, parmi lesquelles la terrible cascade «Ryumon».

Les dieux du ciel, touchés par la ténacité de la valeureuse carpe, la changèrent en un superbe et imposant dragon, «Ryu», qui prit majestueusement son essor par-delà le Fleuve Jaune.


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En hissant, le 5 mai, des carpes multicolores au-dessus de leurs habitations et le long des cours d’eaux, les parents espèrent que leurs enfants sauront affronter toutes les épreuves de la vie, à l’instar de la carpe.

Ces bannières de carpe sont accrochées le long de perches en bambou ou de mâts, suivant une disposition préétablie :

> la première et la plus longue, «magoï», est noire et représente le père

> la deuxième, «higoï», de couleur rouge et un peu moins grande, représente la mère

> pour chaque enfant de la famille, on ajoute ensuite une plus petite carpe, noire ou bleue pour les garçons et rouge pour les filles. On peut aussi trouver des carpes de couleurs verte, orange ou mauve.

> Tout en haut du mât, une banderole multicolore, «fukinagashi», est suspendue, censée représenter une cascade.

Article paru le 13/05/2012


子供の日 – Kodomo no Hi - La carpe qui rêvait de voler

Le 5 mai, chaque année au Japon, c’est le jour de La Fête des Enfants ! Un jour férié, pendant lequel il n’y a pas d’école. Auparavant, c’était le jour de la Fête des Garçons, les filles ayant, elles, leur fête le 3 mars, le jour de la Fête des Filles.

Le 5 mai, c’était à la base une très ancienne fête venue de Chine, pour favoriser les travaux de repiquage du riz, le riz étant au Japon aussi important que le blé, pour l’alimentation, pour les Occidentaux. Puis, c’est devenu une fête de rituelle pour les garçons.

Avant et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les symboles de la Fête des Garçons étaient ainsi essentiellement des symboles guerriers, des casques de samouraï (kabuto), des sabres (katana) des arcs et des flèches… A l’occasion de cette fête, le garçon devenait en effet en âge de protéger la communauté ; c’était un rituel de passage de l’enfant au statut d’adulte. Depuis 1946, le symbole principal de cette fête est désormais la carpe Koï, très présente au Japon.

Vous savez ce que c’est une « carpe koï » ?

Déjà, en japonais, le mot « koï » signifie « la carpe ». Ainsi, quand on dit « carpe koï », ce serait comme si on disait « carpe carpe » !! Au Japon, notamment, les carpes sont différentes de celles que l’on trouve dans nos lacs et chez les poissonniers en Europe. Peut-être vous en avez vues sur des photos ou dans des animés ?  : elles ont pleines de couleurs. Comme si un artiste peintre les aurait décorées ! Certaines sont même comme le drapeau japonais. Vous savez comment il est le drapeau japonais ? Comme lui, les carpes sont toutes blanches, avec un cercle rouge !! Elles ont même un nom « la carpe Tancho ».

Pourquoi la carpe Koï est-elle devenue le symbole de la Fête des enfants ?

La carpe fait référence à un conte très ancien d’origine chinoise. Autrefois, il y avait une carpe qui rêvait de voler. Comme elle savait que les fleuves et les rivières prennent leur source dans les montagnes, elle avait décidé de remonter jusqu'à sa source le Fleuve Jaune, le 2ème plus long fleuve de Chine et même du monde (5 464 kilomètres) !


Pourquoi ?

Elle se disait qu’en remontant ce très long fleuve, elle arriverait jusqu’à la source, très haute dans la montagne. Tout en haut de la montagne, elle serait donc très proche du ciel. Il lui suffirait alors de faire un saut de carpe pour se retrouver dans le ciel. Ainsi, dans le ciel, elle pourrait voler !

Donc, poussée par son envie de voler et de réaliser son rêve, elle commença à remonter le Fleuve Jaune. Vous vous rendez compte ? !, une carpe ce n’est pas bien grand et ça a de petites nageoires. Alors, pour remonter un long long fleuve sur des milliers de kilomètres, avec ses seules petites nageoires et en plus à contre-courant, elle devait nager, nager, … Elle devait vraiment avoir envie de voler pour faire autant d’efforts !

Tout doucement, elle avançait ! A la seule force de ses petites nageoires, mais poussée par la force de vouloir réaliser son rêve et de voler !!

Petit à petit, elle avançait, régulièrement. Pendant des jours et des jours, sans se décourager, en résistant contre la fatigue, l’envie de s’arrêter et contre le découragement. Elle continuait, malgré le courant qui devenait plus fort, en passant les petites cascades, en sautant d’un coup de queue pour passer les barrages et continuer de remonter, de remonter tout doucement mais sûrement, sans se décourager. Elle devrait vraiment avoir très envie de voler !!

Mais après des jours et des jours et des jours, cette fois, elle se retrouva au pied d’une cascade vraiment très très haute, à pic : Ryûmon – la porte du dragon…

Cette fois, malgré son envie de réaliser son rêve, malgré sa détermination, elle avait bien essayé plein de fois de remonter tout doucement cette cascade en faisant plein de sauts. Mais rien à faire, c’était impossible pour une si petite carpe ! Elle était bien obligée de reconnaître qu’elle ne pourrait jamais passer cette haute cascade et continuer jusqu’à la source du fleuve, tout en haut de la montagne et tout prêt du ciel. Jamais elle ne pourrait donc réaliser son rêve et jamais elle ne pourrait voler…

Depuis tout le début de cette histoires, les divinités du Japon (au Japon, il n’y a pas qu’un seul dieu comme en France. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de dieu comme nous on le pense : ce n’est pas comme une personne. Il y a en quelque sorte des bouts de dieu partout ! Dans un caillou, une plante, un insecte…). Donc, les divinités du Japon savaient quel était le rêve de la carpe et ils la voyaient faire tous ces efforts pour réaliser son rêve ! Et là, ils la voyaient toute triste, perdu et déçue de ne pas pourvoir réaliser son rêve. Alors, ils se sont concertés et tous, ils ont décidé de réaliser son rêve !

Ils ont donc transformé la petite carpe en dragon ! Un dragon, au Japon, ce n’est pas comme chez nous : c’est un dragon d’eau, plutôt gentil, qui ne détruit pas et ne crache pas des flammes et ne tue pas des chevaliers et des gens. Il protège plutôt l’eau, si importante pour l’irrigation des rizières et du riz. C’est un dragon qui vole !

Si vous irez au Japon, vous en verrez plein de dragons dans l’enceinte des temples, à l’endroit où on se lave et on se purifie les mains et la bouche avant d’aller prier au temple. De leur bouche se déverse l’eau !

Finalement, la carpe est le symbole de la Fête des enfants parce que les parents espèrent que leurs enfants seront comme la carpe de l’histoire : qu’ils auront un rêve et qu’ils se battront pour le réaliser. Qu’ils feront des efforts, qu’ils ne laisseront pas tomber et qu’ils continueront d’y croire sans se décourager ni perdre espoir !

J'avais entendu cette histoire à l'époque où je travaillais dans un centre culturel franco-japonais, à Paris, qui avait tenté de populariser la Fête des Enfants en France. J’avais écrit toute cette histoire et toute l’histoire de la Fête dans un livret. Il est téléchargeable, librement ici : https://www.quartier-japon.fr/livrets-japon-arts-japonais


Article paru le 07/07/2020

Vous ne connaissez pas "Maaboo Dôfu"?

Mabo dofu.jpg

Tomoko

En France depuis 2001, à Chauray (ville proche de Niort)

C’est de la viande avec du tôfu, du miso, de l’assaisonnement et des poireaux, du gingembre et de l’ail. C’est bon ! Sans doute, il est possible d’en manger dans les restaurants à Paris !

「麻婆豆腐」を知りませんか。

お肉と豆腐が入っていて、辛い味噌などの調味料と葱、しょうが、ニンニクが入っているんです。

美味しいですよ。きっとパリのレストランで食べられると思いますよ。


Article paru le 27/05/2012


Pourquoi associer à un kimono d'été un obi avec des motifs d'automne ? - le fonctionnement de la pensée japonaise

  • Sachie Okiai (62 ans)

Habite à Tôkyô – artiste sumie et peintre (son site :http://okiai.sakura.ne.jp/e/index.html) Est venue à plusieurs reprises en voyages en France Fille d’un artisan spécialisé dans la création de motifs et de design pour kimono, Obi…

A l’occasion de sa dernière venue à Paris, en mai 2012 et pour notre première rencontre, Sachie m’a donné un obi en guise de cadeau, en m’en expliquant la signification de ses motifs.


Obi pour site.jpg

C’est un obi d’été. Le tissu : de la crêpe de soie. En général, la crêpe de soie est peu chère et les fibres transparentes sont grosses. Les motifs : un oiseau, le martin-pêcheur et des poires européennes (par rapport au moineau, le martin-pêcheur est un peu plus gros - 17cm). C’est un joli oiseau au plumage bleu-vert brillant, que l’on surnomme « la pierre précieuse des berges ». Le dessous du bec de la femelle est rouge, ce qui permet de la différencier du mâle. Les poires européennes : de même que pour les poires du Japon, les poires, originaires de Chine se sont ensuite retrouvées en Europe et se sont différenciées, pour devenir des poires européennes. Autrefois, dans les temps anciens, les poires étaient cultivées en Grèce. Au Japon, les poires ont été introduites dans les débuts de l’ère Meiji. La couleur : gris clair, couleur de cendre tirant un peu sur le blanc.

Depuis les temps anciens, les Japonais sont un peuple qui apprécie la nature. Même dans la littérature d’il y a environ 1300 ans, telle que le Manyôshû (recueil de poèmes), la beauté d’un paysage de prairie est chantée. Depuis le Kokinshû (recueil de poèmes de type waka), de même que dans les haïkus, les saisons occupent une place très importante à travers les mots et les phrases composant les poèmes. Ces « mots qui expriment les saisons » sont très nombreux. Par exemple, « printemps » renvoie au spectacle des cerisiers, « été » renvoie à la chasse aux lucioles, « automne » renvoie à la quête des feuillages colorés des érables du Japon, « hiver » renvoie à la neige qui tombe silencieusement. Egalement, « le spectacle de la pluie » peut renvoyer à chacune des saisons, mais si on ferme les yeux, il est possible de l’imaginer et de le ressentir avec le cœur et avec le corps. Egalement, les kanjis et les hiraganas ont chacun une signification, surtout les kanjis, qui sont nombreux à être associés à une image mentale, image qui est directement associée à la seule vue du kanji et qui renvoie ainsi à une émotion individuelle. Au Japon, il y a un lien qui ne peut pas être rompu entre le kimono et la nature. Voir une chose fait automatiquement ressentir la saison (à laquelle renvoie la chose en question). Par exemple, l’été au Japon est très lourd et humide. Autrefois, il n’y avait pas la climatisation et donc on recherchait la fraîcheur. Les motifs renvoyant au vent, les végétaux, l’eau, notamment étaient appréciés parce qu’ils apportaient une sensation de fraîcheur.

Concernant le Obi que je t’ai donné, avec les motifs du martin-pêcheur et de la poire occidentale, on dit du martin-pêcheur que c’est un oiseau d’été dans les pays du nord. La poire est un fruit d’automne. On assortit donc à un kimono d’été un obi qui fait ressentir l’automne du fait de ses motifs qui véhiculent une sensation de fraîcheur. Ainsi, ressent-on dès lors le vent du début de l’automne et les agréments typiques de l’automne, ce qui apporte ainsi une sensation de fraicheur. La culture japonaise est vraiment une culture de l’appréciation de la nature dans laquelle l’activité consciente est en lien avec les saisons. Même pour les noms des couleurs, on parle de « chose ayant une couleur naturelle ».

Je pense que l’amour de la nature est quelque chose de commun au monde entier mais la façon de le ressentir est différente. Cependant, de nos jours, c’est quelque chose qui se perd. C’est triste.

C’est un objet de famille, mais je ne sais pas si c’est un design créé par mon père. Je pense que c’est un obi qui est vieux de plus de 60 ans.

La prochaine fois, je te parlerai d’un autre obi.


帯の季節 : 夏帯 生地 : 絽(一般の絽織りとはちょっと違い、透けた織り幅が太い) 柄 ; 鳥 カワセミと洋梨 カワセミ (すずめより少し大きい) - 水辺の宝石と呼ばれているようにかがやく青緑色をした美しい鳥です。メスは下クチバシが赤いのでオスと区別することができます。 - 洋梨 日本のなしと同じく、古い起源は中国だが、西(ヨーロッパ)に移動して分化したものが洋なしである。古くは古代ギリシアから栽培さていた。日本では明治代初めに導入されたが、 色 : 灰白色(はいはくしょく)やや灰色がかった白色。

日本人は古来から自然を ’愛でる ’=めでる(美しさを味わい、それに感動する) 文化が有ります。多分1300年くらい前の文学’ 万葉集’(詩集)等にも、 草原風景の美しさが詠まれています。以来古今和歌集から、俳句においても季節はとても重要な語句です。

その ”季節を感ずる言葉” 沢山有りますがたとえば 春=桜の表情  夏=ホタル狩り 秋=紅葉狩り 冬=しんしんと降る  そして雨の情景=色々な季節に使いますが、目を閉じていても想像出来る、心と体で感じる感性を与えます。

又漢字やひらがなにはそれぞれの意味が有り、特に漢字はその一文字を見るだけで映像的表現につながることが多く、それに個人の感性が伴いますが、そんな日本は、着物と自然は切り離せない関係に有り、見る物に季節を感じさせてくれるのです。 例えば日本の夏はとても蒸し暑く 昔はクーラー等有りませんから涼を求めるには ” 風や植物、水 などを愛でて ”涼しさを感じたりしました。

貴方に贈った帯は ’カワセミに洋梨’ カワセミは北国では夏の鳥と言われます。洋梨は秋の果実です、7月〜8月に夏の涼しげな着物に秋の気配の帯を付けるのです。 それは 初秋の風や秋の風物詩を そして又涼しくも感じさせます。 日本の文化は本当に自然の美しさを、季節をより意識づけることを大切にしています、色の名前も ’自然の物の色を’ です。

でも自然を愛でるのは世界共通と思いますが、感じ方が違うのだと思います。しかし昨今は崩れかかってきています、悲しいです。

私の家に有ったのですが、父のデザインか分かりません、多分60年以上昔の物かと思いますが! 次回別の帯ついてお話します。


Article paru le 11/07/2012


Mimikaki, vous ne connaissez pas ?

Stéphane

Mimikaki en bois.JPG

Mayumi, ma professeur de japonais de l’époque était vraiment surprise de nous voir, nous ses élèves qu’elle pensait informés de beaucoup de choses au sujet du Japon, lui poser cette question : « C’est quoi, mimikaki ? »

_ D’après-vous, d’après les kanji qui composent le mot (耳掻く), qu’est-ce que cela peut être ?

_ Effectivement, il y a le kanji d’ « oreille »...

Mais elle eut beau tenter de nous faire comprendre en japonais, rien n’y fit.

Il est vrai qu’avec le « mimikaki », on touche à quelque chose de très culturel. C’est un objet qui n’existe absolument pas dans notre culture française.

En fait, c’est tout simplement un « cure-oreille » !

Et apparemment, les Japonais, ils en raffolent. Ils adorent la sensation que procure le fait de se gratter l’intérieur de l’oreille avec le mimikaki, pour en ressortir la cire auriculaire. Rien qu’à voir Mayumi nous l’évoquer, c’était évident…

Comme nous étions à l’approche de la fin de l’année scolaire et qu’elle devait repartir au Japon pendant l’été, elle promit de nous en rapporter à son retour.

Mimikaki en metal.JPG

Effectivement, chose promise, tenue !

Effectivement, c’est un objet en longueur qui présente une sorte de cuillère à son extrémité. Il peut être en bois, en métal… J’en ai moi-même acheté un en forme de katana, qui se range dans un pseudo fourreau, lorsque j’ai visité les décors des films de samouraï au village d’eiga mura, à Kyoto.

Effectivement, quelle sensation agréable …

Depuis, je n’utilise plus que le mimikaki ! Essayez, vous aussi !


Article paru le 12/09/2012

Comment se passe un mariage traditionnel japonais ?

Benoît, étudiant en japonais chez Quartier Japon, nous a posé cette question.

J’ai donc demandé à Fumiko (en France depuis 2010), de nous raconter comment s’était déroulé son mariage au Japon, en février 2011, avec son mari français.

Mariage traditionnel.JPG
Nous avons eu la cérémonie de mariage au sanctuaire Izumi dans la préfecture de Kumamoto. La cérémonie n'a duré que 15 ~ 20 minutes. Le prix de la cérémonie était d'environ 50.000 ¥ (380 € en mai 2013).

Avant, nous avions eu à aller une fois au sanctuaire avant la date du mariage. Le Kannushi, la personne responsable de l’entretien et du culte de la divinité, nous avait alors expliqué comment se déroule la cérémonie. Elle nous avait également donné des informations sur un papier.

Nous avions invité juste ma famille, car celle de mon mari était en France, plus quelques amis, soit autour de 25 personnes. Pour la cérémonie, nous avons loué des kimonos, pour un prix environ de 60.000 ¥ (460 € en mai 2013) pour 2 personnes. Ensuite, pour le styliste, qui s’est occupé de nous habiller avec les kimonos de mariage, de ma coiffure et de mon maquillage, cela a coûté 20.000 ¥ (150 € en mai 2013).

La cérémonie est rapide : nous avons échangé les coupes nuptiales, après quoi nous avons écouté le Kannushi, qui nous a rappelé les obligations entre les époux, comme c’est le cas dans une cérémonie à l'Église. La cérémonie au sanctuaire terminée, nous avons fêté le mariage dans un restaurant japonais. Nous avions choisi un menu à 10.000 ¥ (80 € en mai 2013) par personne.

Pour notre mariage, nous n'avons pas souhaité recevoir de l'argent de la part de nos invités. Habituellement au Japon, les invités donnent de l'argent au couple des mariés et les mariés et leurs parents paient le mariage.

C’était une petite cérémonie et une petite fête, mais nous avons été très heureux d’avoir pu le faire. J'espère que cela aidera ton ami.

Bonne journée et à bientôt(^^)

Fumiko


Pour les détails sur le mariage shinto : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariage_shinto

Article paru le 22/05/2013


Existe-t-il des expressions japonaises à propos des fleurs ?

Récemment, en voyant les jolies tulipes dans l’un des nombreux parterres du parc de Bercy, Emi m’a raconté une anecdote concernant cette variété de tulipes que nous admirions, des tulipes aux longs pétales et aux bords un peu dentelés; C’était intéressant et je lui ai demandé si elle connaissait d’autres expressions japonaises sur les fleurs.

  • Emi

Etudiante - En France depuis 2011

Concernant les expressions au sujet des fleurs, j’ai beaucoup vérifié. Mais il n’y en a pas dont l’origine soit japonaise.

Tulipe

Concernant les tulipes :

Sous la fleur (la fleur se dit « Hana » en japonais et son kanji est « 花 ») c’est long (la tige est longue). Cela renvoie donc à ce qui est long sous le nez (le nez se dit « Hana » enjaponais mais son kanji est « 鼻 »). La tulipe est donc connotée comme étant la fleur des vicieux. C’est en fait un simple jeu de mots.

Pour les expressions sur les fleurs, elles viennent d’Europe. Ce n’est que récemment que les Japonais envoient des fleurs. (Autrefois, les nobles avaient cette habitude, mais pas les autres personnes.)

Cyclamen



Quand on rend visite à une personne hospitalisée, les fleurs qui ne conviennent pas sont :

« Cyclamen – camélia » : comme le Cyclamen est associé à la mort et à la peine, à cause de sa prononciation, on n’en apporte pas à un malade auquel on rend visite.


Camélia



A la fin de la floraison, les fleurs de camélia se retrouvent tombées sur le sol (la fleur est encore formée contrairement à d’autres fleurs pour lesquelles les pétales sont éparpillés).

Comme cela peut faire penser à une tête décapitée, nous n’aimons pas cela.


Fleurs en pot


« Les fleurs en pot » : comme les fleurs en pots sont encore rattachées à leurs racines, on dit que cela ne convient pas.

Car les fleurs en pots sont rattachées à leurs racines (根つく, en japonais se prononce « Nétsuku), ce qui se prononce de la même façon que寝つく, qui signifie « être attaché au lit  ».

Ainsi, le patient serait dans ce cas toujours au lit, ce qui impliquerait que sa maladie ne guérit pas.



  • Masako

Masako, à laquelle j’avais aussi demandé si elle connaissait des expressions japonaises autour des fleurs, m’a envoyé ces explications :

"Les expressions autour des fleurs, je ne pense pas que cela vienne du Japon. La plupart des expressions sur les fleurs qui existent au Japon viennent des pays occidentaux et ont été traduites.

Concernant les tulipes, c’est seulement un jeu de mots.

Iris japonais


Pour l’iris japonais (菖蒲 - Shobou), comme il se prononce de la même façon que l’expression signifiant « l’esprit militaire » (尚武 - Shobou) et que le mot « combat, partie, compétition… » (勝負- Shobou), l’iris japonais est utilisé à l’occasion de la fête des garçons (le 5 mai).

Mais à part ça, je n’en connais pas vraiment.


Pivoine


Il y a quelque chose qui ressemble à un proverbe « Etant debout comme la pivoine de Chine et aussi assise comme la pivoine dans les arbres, quand elle marche, elle est comme le lys». (expression qui désigne une belle femme). Mais cette expression ne peut pas être considérée comme faisant partie du langage des fleurs.




花言葉についてたくさん調べました。でも、日本由来の花言葉はありませんでした。チューリップ=花の下(茎)が長い×鼻の下が長い=スケベという のは、ただのシャレだそうです。 花言葉はヨーロッパから伝わったものであり、日本人が花を送るようになったのは近代になってからだそうです(昔は貴族に この習慣があったようですが、民間人にはなかったそうです)。 病気見舞い、入院などには不向きな花 【シクラメン・椿】 : シクラメンは「死」と「苦しみ」を連想させるので病気見舞いなどには向いていません。また、椿は花が終わった時、落下する様子が「首が落ちる」ようなシーンを連想させてしまうので嫌われます。 【鉢植え】 : 鉢植えは「根つく」が「寝つく」につながるので、ふさわしくないと言われます。根つく= 寝つく =病気が治らない(寝たまま)だからです。


花言葉ですが、日本伝来のものはないと思います。 日本で言われている花言葉はだいたい西洋からの翻訳です。

チューリップがどうこうというのは、ただのだじゃれでしょう。

菖蒲(しょうぶ)の花は尚武や勝負(しょうぶ)と同じ発音なので、男の子のお祭りである端午の節句に 使われます。 でも、それ以外はあまり知らないですね。 ことわざのようなもので、「立てばシャクヤク、座れば牡丹(ぼたん)、歩く姿は百合(ゆり)の花」 という表現がありますが、花言葉ではないですよね。

  • David

Etudiant en cours collectifs chez Quartier Japon

"Bonjour M. PAUMIER

Je lisais l'article de la wiki sur les proverbes ou expressions avec des fleurs sur le Japon et il était dit qu'il n'en existait pas à proprement parler.

Connaissez vous l'expression "hana yori dango" ?

Cela signifie "des dango plutôt que des fleurs" (les dango sont des boulettes à base de mochi).

En gros, cette expression signifie "Il vaut mieux avoir de quoi se nourrir que posséder de jolies choses".

Il existe un manga ainsi qu'une série télé assez connue qui s'appelle aussi "hana yori dango" mais qui s'écrit avec d'autres kanjis(des hommes plutôt que des fleurs)".

Bonne journée et bon week end."

David

Article paru le 02/06/2013


Pourquoi les Japonais aiment-ils généralement autant Louis Vuitton ?

  • Stéphane
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Depuis longtemps, je ne comprends pas l'énorme succès de Louis Vuitton auprès des Japonais.

Pour moi, le design et les couleurs marron, c'est daté, un peu "grand-mère".

Certes, il y a depuis quelques années des couleurs plus "funs" mais généralement, ce sont les modèles originaux que l'on trouve au bras des Japonais.

Et des Japonais de toutes les générations.


Bref, je ne comprenais pas cet engouement...


Louis Vuitton à Ginza

Cette année, à l'occasion de mon séjour au Japon en avril 2014, j'ai eu l'occasion d'échanger sur ce sujet avec un jeune couple de Japonais qui projetait de se rendre pour la première fois à Paris en juin.

Comme je leur expliquais les raisons de mon questionnement, ils m'ont donné les clefs de ce succès :

"Les produits Louis Vuitton sont d'une très bonne qualité. Ils durent longtemps. C'est pour ça qu'ils sont très populaires."

Eh oui, les Japonais sont pragmatiques ! (comme on peut le lire souvent)


De retour à Paris, Emi, elle, a nuancé les raisons de cette popularité.

  • Emi

Etudiante - En France depuis 2011

"C'est aussi pour l'image. Pour montrer que l'on porte un Louis Vuitton...

Effectivement, comme ce sont des produits de bonne qualité, on peut les utiliser longtemps.

Je crois même qu'ils sont garantis à vie... Même s'ils coûtent cher au départ, comme on les garde plusieurs années, au final, ce n'est pas si cher !".


Article paru le 09/06/2014


D'où provient le nom "dorayaki" ?

  • Mayu

Professeur de cuisine chez Quartier Japon - En France depuis 2002

Lors de l'atelier de cuisine du 14 mars 2015, et alors que Mayu présentait la recette des "Dorayaki" (galettes fourrées aux haricots rouges), des participants lui ont demandé "D'où provient le nom "dorayaki" ?


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どら焼きの名前の由来を見つけました。

どら焼きの名は一般に、形が打楽器の銅鑼(どら)に似ることからついたという説が有力である。しかし、異説として次のような ものもある。

曰く、武蔵坊弁慶が手傷を負った際、民家にて治療を受けた。

そのお礼に小麦粉を水で溶いて薄く伸ばしたものを熱した銅鑼に引き、丸く焼いた生地で あんこを包み、振舞ったことが起源という。


J'ai trouvé l'origine du mot « Dorayaki ».

La forme du gâteau Dorayaki ressemble à celle du gong, de la famille des percussions, qui se dit « dora » en japonais. Aussi le nom provient de là, du moins c’est l’explication que l’on trouve le plus généralement. Cependant, on peut également trouver cette autre explication.

On dit également que lorsque le moine soldat Benkei (1155-1189) fut blessé, il reçut des soins dans une ferme dans laquelle il s’était réfugié.

En guise de remerciement, il mélangea de la farine avec de l’eau pour obtenir une pâte, qu’il laissa reposer puis qu’il fit cuire sur un gong. La galette de forme ronde ainsi cuite, il la fourra de haricots rouges. On dit que cela est à l’origine du dorayaki.


Article paru le 18/03/2015

Pourquoi sert-on les sushis et sashimi avec du wasabi et du gingembre ?

  • Stéphane

Lorsque nous avons le plaisir de déguster du poisson cru, sous forme notamment de sushi ou de sashimi, notre plat est généralement agrémenté d'une petite colline de wasabi et de lamelles de gingembre mariné.

Cela met certes une touche de couleur sur le plat et cela participe à sa décoration, mais pour nos palais peu familiers avec ces saveurs, nous pouvons être tentés de les laisser sur le bord de notre plat, sans les manger.

Pourtant, s'ils sont servis avec le poisson cru, ce n'est pas que pour la décoration ! Au Japon, ils sont en plus accompagnés de feuilles de chiso fraîche ; que rappellent les feuilles vertes en plastique de nos "sushis fast-food".


Tout d'abord, quelques explications sur ces ingrédients.

Wasabi


• Le wasabi provient d'une plante, le raifort japonais, une plante de la famille des crucifères.

C'est sa racine que l'on râpe pour en obtenir le condiment qui accompagne le poisson cru.

Mais cette racine étant rare, en France, il est quasiment systématiquement remplacé par du raifort teinté et mélangé à des graines de moutarde.

Il se mélange avec la sauce de soja, mélange dans lequel on trempe ensuite son sushi ou son maki ou ses sashimi...


Gingembre
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• Le gingembre est la tige souterraine d'une plante vivace herbacée haute de 90 cm environ.

Coupé en lamelles, il est ensuite mariné dans du vinaigre, pour donner le Gari-shôga servi avec les plats de poisson cru.

La plupart du temps, sa couleur rosée est artificielle, mais il peut également être teinté naturellement, avec des fleurs du prunier.

Je vous recommande d'agencer les lamelles de gingembre de façon à obtenir une rose, ce qui mettra votre plat ainsi que le gingembre en valeur !

Il se mange entre les bouchées de différents poissons crus, afin de se "rincer" la bouche et ainsi nous préparer à accueillir la saveur suivante.


Chiso




• Le shiso, qui désigne une famille de plantes alimentaires, aromatiques, médicinales et ornementales, dont les feuilles sont vertes ou violettes.

La variété servie avec les poissons crus est l'aojiso.

Les feuilles se mangent telles quelles, sans les tremper dans la sauce de soja.




Pourquoi les déguste-t-on avec le poisson cru ?

Parce que chacun de ces trois ingrédients participe à la destruction des bactéries et autres qui peuvent être présents dans le poisson cru !

Lorsque j'étais assistant d'un chef sushi pour des cours de cuisine, il y a près de 10 ans, la chef sushi le répétait à chaque cours.

Certains font en effet effet au moment de la mastication, dans la bouche, tandis que les autres font effet lors de la digestion, au niveau des intestins.

C'est pour cela qu'il vaut mieux en manger au moins un, sur les trois, sinon les deux ou les trois ensemble, quand on a la chance de se voir servir du chiso.


Article paru le 07/06/2015


Connaissez-vous le « Kuromamé-cha - 黒豆茶 » ?

  • Stéphane et Tomoko - En France depuis 15 ans, environ, et diffuseur de la culture japonaise dans la région Poitou Charentes


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Lors de mon premier séjour au Japon, j’avais acheté « à la volée » tout ce qui me semblait intéressant dans un supermarché japonais, quelques jours avant la fin de mon séjour.

Il me restait de l’argent sur mon budget et je souhaitais l’utiliser pour acheter des ingrédients japonais, que j’allais m’envoyer par colis, à Paris.

Sans savoir ce que j’achetais et simplement parce que l’étiquette me tentait, j’avais donc acheté du Kuromamé-cha.

Pensant qu’il s’agissait d’une simple variété de thé, j’avais été surpris, la première fois quand je m’en étais préparé à Paris, face au goût qui était différent de celui du thé grillé, que je m’attendais à retrouver.

Un goût bien plus fort et qui n’était pas celui du thé.

J’en préparais donc plutôt l’été, avec de l’eau froide, car je trouvais cette boisson rafraîchissante.


Il y a une semaine, soit plusieurs années plus tard, Tomoko m’en a fait cadeau, lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Paris. Et elle m’a demandé de l’aider à en faire la promotion, car la société qui le commerciale fait partie des connaissances de Tomoko.


J’ai donc cherché à en savoir plus, sur le Kuromamé-cha, ce que j’ai fait auprès de Tomoko.

Le Kuromamé-cha est un thé de soja noir, qui est réputé pour être très bon pour la santé et pour la beauté. Les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées peuvent boire du Kuromamé-cha parce qu'il est sans caféine. En hiver, on le boit chaud, tandis qu’il est bu froid, en été, car il est très rafraîchissant.

«  J'en bois tous les jours pour la santé et la beauté. », nous précise Tomoko.


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Le soja noir a en effet les propriétés suivantes, car il contient :

•des anthocyanes qui sont efficaces contre la fatigue oculaire,

•de l'isoflavone qui est efficace en tant qu'anti vieillissant,

•de la lécithine qui est efficace pour perdre du poids,

•des polyphénols qui sont efficaces contre le durcissement des artères,

•de la saponine qui est efficace pour améliorer la circulation sanguine et qui contient aussi des antioxydants.


Les conseils de Tomoko, pour le préparer :

① やかんに1リットルのお湯を沸かします Dans la bouilloire, mettre 1 litre d’eau à chauffer.

② 1パックの黒豆茶を入れます Mettre 1 sachet de thé au haricots noirs.

③ 弱火で3〜5分間煮出します : faire chauffer à petit feu pendant 3 à 5mn, pour que l’arôme se libère.


Bonne dégustation !


Article paru le 10/03/2016


Pourquoi avoir une pièce de 5 yens comme porte-clés ? ?

  • Mariko - En France depuis 2014, Professeur de japonais, origami et furoshiki chez Quartier Japon


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Pour les Japonais, la destinée, c’est important.

Mais, la destinée, qu’est-ce que c’est ? Nous les Japonais, nous employons ce mot naturellement, mais après vérification, c’est un mot qui semble venir de la conception bouddhiste.

Les rencontres sont destinées. Ce sont des relations interhumaines et des vies que l’on ne peut pas interrompre. Ou encore, ce sont des relations qui sont prédestinées.

Ce n’est pas écrit dans les dictionnaires, mais ce ne sont pas seulement des relations de personne à personne, mais aussi des liens avec des choses, avec des lieux, avec des évènements. Par exemple, « moi-même, j’ai une relation de type « destinée » avec la France », « Ce meuble est lié aux enfants » ; ce sont des expressions que l’on utilise.

Dans la culture japonaise, où l’harmonie est quelque chose d’important, tous les liens sont très importants. C’est pour cela que nous (les Japonais)prions dans les temples bouddhistes et les sanctuaires shintô pour avoir une bonne destinée.

Pour respecter la destinée (« en » en japonais), nous utilisons le préfixe honorifique et cela devient « go-en ». Le mot, « La destinée » se prononce de la même façon que « 5 yens » en japonais (« Go-en »).

C'est pour cette raison que nous faisons des offrandes d’argent aux temples et aux sanctuaires tout en ayant une pièce de 5 yens dans notre porte-monnaie, ce qui attire la chance. C’est ce qui se dit depuis que j’étais enfant.

Comme il y a un trou au milieu des pièces de 5 yens, en y insérant une cordelette, cela peut devenir un porte-clés. Ce faisant, peut-être cela fera-t-il que le Japon ait une bonne destinée ?


日本人は、"ご縁" を大切にします。縁とは、何でしょうか? 私たち日本人は普段自然と使っている言葉ですが、調べてみるとどうやら仏教の思想から来た言葉のようです。

ある運命になる巡り合わせ。その人の生活と切り 離すことができない人間どうしの結び付き、また、その結び付きのきっかけのこと。 と辞書には書いていますが、実際には人と人の結び付きだけではなく、も の・場所・出来事の結び付きにも使います。

例えば、「私はフランスと縁がある」「この机は子どもと関わることに縁があった」なんて言ったりします。

ハーモニーを大切にする日本の文化の中で、全ての結び付きはとても大切なことです。 ですから、私たちは「良いご縁がありますように」と神社やお寺でお祈り します。

"縁" に敬意を見出して "ご縁" というわけですが、これも何かのご縁か、"5円" と同じ発音です。 そういうわけで、神社やお寺でのお賽銭は、自分のお財布にある5円玉がラッキー!と私たちは子どものころから言います。

5円玉には真ん中 に穴が空いているので、紐でくくってキーホルダーなどにするのもいいですね。 付けていると、日本と良いご縁があるかも?^^


Article paru le 11/05/2016


Comment le wasabi est-il produit ?

  • Stéphane, de Quartier Japon


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Le wasabi, ou la moutarde japonaise, nous sommes de plus en plus nombreux à au moins en connaître le mot, à défaut de l'avoir goûté.

C'est en effet le nom de ce petit monticule de pâte verte, qui accompagne les sushis et les sashimis et que l'on mélange à la sauce de soja.

Quand un ami nous fait une blague, en nous proposons de le goûter séparément, nous comprenons rapidement que c'est plutôt fortement piquant, tellement que les larmes nous viennent naturellement aux yeux !

A quoi sert le wasabi ?

A supprimer les bactéries qui pourraient se trouver dans le poisson cru, pour nous éviter d'être malade, en combinaison avec les lamelles de gingembres également servies avec le poisson cru et avec la feuille de shiso, servie quasiment uniquement au Japon et rarement en France.

Pourtant, le wasabi lui aussi est quasiment jamais servi en France : ce qui nous est majoritairement servi est un mélange de raifort, de graines de moutarde broyées et d'un colorant vert !

Car la production japonaise de wasabi ne suffirait aucunement à la demande mondiale.

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Et le wasabi ne peut pousser que dans un environnement très particulier.


Lors de mon dernier voyage au Japon, dans les environs de la ville de Matsumoto, dans la région de Azumino, j'ai eu l'occasion de visiter l'une des plus grandes exploitations de wasabi du Japon (https://www.daiowasabi.co.jp/), en compagnie de mes hôtes, très érudits, Yukiko et Junpei. Merci à eux pour toutes leurs explications et pour cette belle découverte !


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La plante "Wasabia japonica" est de la famille des brassicacée, comme le colza, le cresson et les choux.

C'est sa racine qui est utilisée pour obtenir le wasabi que l'on consomme avec le poisson cru.

Pour pousser, il faut une eau naturelle d'une très grande pureté et une température du sol et de l'air ambiant spécifiques.

Dans les environs de Matsumoto, nombreuses sont les sources d'eau à sortir du sol, sous la forme de petites fontaines, qui vont ensuite irriguer les petits canaux crées par l'Homme, entre chacune des rangées des plantes de wasabi. Tout autour des "champs" de wasabi, des remblais de terre protègent encore davantage les plantations tout en maintenant un environnement protégé. A certaines périodes, des filets sont tendus au-dessous des plantations, pour protéger les plantes d'un ensoleillement trop fort.

Les plants sont d'abord placés sous une serre, puis transplantés, à la main, dans première parcelle. Ils sont récoltés au bout d'une ou deux années dans cette ferme. Ils peuvent également être récoltés au bout de plusieurs années, sachant que plus le plant est ancien, plus la racine est grosse et grande et plus son prix de vente sera important. Le tarif de vente dépend également du lieu de production.

Un wasabi d'une année vendu à l'unité coûte environ entre 500 et 1500 yens, soit entre 4 et 13 euros. Une racine de plus de 4 ans peut valoir plusieurs centaines d'euros à la vente.

Une fois récoltée, la racine de wasabi peut être cuisinée comme un navet ou un daikon (radis blanc japonais). Il n'est alors pas piquant et peut être préparée dans un nabé ou un oden.

Pour qu'il acquiert ce piquant que nous lui connaissons, il faut râper la racine sur une râpe en bois recouverte de peau de requin.

Ainsi, en se mélangeant à l'air libre, un mélange chimique s'opère et le piquant du wasabi nous monte alors au nez !!


Bon appétit à tous et surtout, pensez à consommer wasabi ou/ et gingembre ou/et shio avec le poisson cru, pour éviter d'éventuels désagréments !!


Article paru le 14/05/2018



La conception cyclique japonaise

  • Stéphane, responsable projet, Quartier Japon


Souvent, lors de mes animations, je suis amené à évoquer les conceptions différentes concernant le temps, entre les Européens et les Asiatiques, dont les Japonais.

En effet, nous les Européens, nous concevons les choses et la vie notamment comme étant linéaire et progressive, avec un début et une fin, de la naissance jusqu'à la mort.

Les Asiatiques, par contre, conçoivent plutôt les choses et la vie notamment, comme quelque chose de cyclique, dans laquelle il ne peut donc pas y avoir de début ni de fin, puisque c'est une alternance de phases "croissance-décroissance".

Une conception issue, entre autres, de la conception bouddhiste.

Une fois cela dit, je ne sais pas que dire de plus, comment l'expliquer davantage.

En fait, je ne sais pas comment cela se concrétise dans le quotidien.

Intellectuellement, j'ai bien compris, mais je ne le ressens pas et, donc, je ne me sens pas légitime pour le faire passer à un interlocuteur.


J'ai donc abordé ce sujet, avec Yumiko, avec laquelle je fais des échanges linguistiques depuis plusieurs années,à l'occasion de notre dernier échange.

A ce sujet, en rédigeant cet article, je prends conscience combien je suis "formaté" à concevoir les choses linéairement : je pars d'une idée, que je développe à travers une argumentation, pour arriver à une conclusion.


Samsara
*Yumiko

Ainsi, à Yumiko, je lui ai posé ces différentes questions :

- Est-ce toujours d'actualité chez les Japonais, de concevoir les choses de façon cycliques ?

- Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?

- De quelle manière cette conception est-elle transmise aux enfants ? Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception, dès l'enfance ?

Autant de questions, bien sûr, posées au fur et à mesure de notre dernier échange.


QJ : - Est-ce toujours d'actualité chez les Japonais, de concevoir les choses de façon cycliques ?

Yumiko : "Cette conception vient du bouddhisme. Nous les Japonais, nous pensons comme cela.

Plutôt que des cycles, c'est plutôt une spirale, n'est-ce pas ?

Comme la coquille d'un escargot ? Car à chacun des cycles survient une évolution.


QJ : - Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?

Yumiko : "Ce sont les bonzes bouddhistes qui en parlent, parce qu'ils connaissent cette conception et qu'ils savent comment l'expliquer.

Dans la vie quotidienne, les gens peuvent dire "après la mort, je serai un chat".

C'est dans ce sens là, que nous nous y référons.

Nous savons comment fonctionne le cycle des réincarnations, quelle est la logique des rétributions, mais cela ne nous paraît pas si important, puisque nous ne savons pas ce qui se passe après la mort.

Personne n'en est revenu !


A l'école et dans notre éducation, comment cette conception se trouve concrétisée ?

Dans les premières classes, on voit les choses en général.

Les années suivantes, on voit les mêmes matières et les mêmes sujets, mais de façon de plus en plus approfondie, davantage dans les détails."


Cette explication de Yumiko me rappelle une réflexion que je m'étais faite à l'époque quand j'apprenais le japonais dans une école de langues, à Paris :

Au cours de la seconde année, j'avais clairement eu l'impression, lors d'une leçon, que le cours du jour, le vocabulaire, les verbes et la grammaire du jour, nous les avions déjà abordés l'année précédente !

Par contre, ce que le professeur nous avait enseigné l'année passée semblait ne plus être valable cette année, selon cette autre professeur.

J'en avais été plus que désarçonné !

Je ne sais plus exactement, mais par exemple, la façon de dire quelque chose, de décrire une action, si je le faisais avec les mots, les verbes et la forme grammaticale appris l'année passée, cette année présente, cela ne marchait plus.

La professeure nous avait alors enseigné une autre façon de décrire la même situation.

Cela m'avait alors déconcerté...

J'avais clairement eu, sur le moment puis par la suite, l'impression que l'on apprenait le japonais par couches successives : plus on avançait dans l'apprentissage du japonais, plus on affinait et plus on entrait dans les détails et dans les nuances.

C'est un fait que la difficulté du japonais réside essentiellement dans ses niveaux de nuances !!


En effet, me confirma Yumiko, qui est aussi professeur de japonais pour les étrangers, au Japon :

Pour l'histoire, les mathématiques, ..., les aspects sont abordés de façon générale au début, selon ce que les élèves peuvent comprendre à leur âge.

Après quoi, les années suivantes, les mêmes points sont abordés ensuite, de façon toujours plus détaillée et plus complexe.


QJ : - De quelle manière, cette conception cyclique est-elle transmise aux enfants ?

Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception ?

Yumiko : Enfant, quand on étudie les insectes (sujet apparemment très intéressant pour les enfants japonais - à la fois les insectes sont bien plus gros que chez nous, mais aussi on les retrouve fréquemment dans la culture aussi bien traditionnelle que contemporaine, à travers les Pokémon et autres personnes des mangas et des animés).

Quand on en rencontre, quand on en écrase ou encore que l'on a envie de les écraser, à ces moments-là, l'entourage explique aux enfants la réincarnation et le cycle des vies successives sous des formes différentes.

Avant d'être un insecte, peut-être que c'était... un humain ? Ou que l'insecte pourra se réincarner en autre chose, en humain ?


Bien sûr, si un décès survient dans son entourage proche, la question des cycles peut là encore être évoquée.

Sinon, à l'occasion de la fête de Obon, à l'été, lorsque les âmes des personnes décédées reviennent sur Terre, rendre visite à leur famille, cette question est là encore abordée.


Et puis, et peut-être plus encore, cette question de la vie et de la mort, du cycle des réincarnations, ..., est aussi souvent abordée dans les mangas et dans les animés dont sont friands les enfants dès leur plus jeune âge.

De même, la question des "couches-époques successives" de la vie est fréquemment traitée dans ces mêmes mangas et ces animés.

Dans les mangas et dans les animés, souvent, les personnages sont confrontés et/ou évoquent la mort et la réincarnation, tout comme ce qui se passe lors et après la mort.

De même, les personnages se trouvent également confrontés à des situations, à des interrogations que peuvent pareillement vivre les jeunes lecteurs ; autant de situations et de questionnements propres aux différentes étapes de la vie que nous autres, les Européens, nous disons volontiers qu'ils se produisent aux changements de dizaines.

"Tu verras à 40 ans, on ne voit plus les choses de la même façon...", par exemple.

De cette façon, les lecteurs de tout âge peuvent eux aussi, à travers les médias que sont les mangas et les animés, se trouver confrontés et en questionnement par ce que vivent les personnages.

Ils peuvent tout autant trouver une résonance de ce qu'ils vivent et ressentent eux-mêmes dans les doutes et les questionnements des personnages.

Ils peuvent encore trouver des éléments pour les aider à vivre ces questionnements qui peuvent être difficiles à vivre pour les jeunes (le premier amour, le choix des études et quitter la cellule familiale...) dans ces mêmes histoires.

Ils peuvent aussi trouver des solutions, dans les choix que font les personnages, pour eux-mêmes prendre des décisions concernant leur propre vie.

Ainsi, les médias manga et animés, d'une certaine façon, font partie des éléments éducatifs auprès des jeunes notamment.

Sur des questions qui peuvent être délicates à aborder avec des adultes et encore plus avec ses parents, ces médias peuvent en quelque sorte s'y substituer.

D'autant que ce ne sont pas des choses qui sont abordées à l'école !!


La roue du karma
*Keishi

Pour compléter mes échanges avec Yumiko, j'ai posé les mêmes question à Keishi, un ami japonais plus âgé, et donc plus "sage", qui vit en France depuis 1985, tout en séjournant régulièrement au Japon.

Je voulais "sentir" en moi-même comment cette conception du temps circulaire se concrétisait dans la vie quotidienne.

Certes, je le comprenais intellectuellement, mais sans le ressentir, sans le comprendre avec le "coeur".

Je ne parviendrais donc à le transmettre que de façon intellectuelle, donc imparfaitement.


QJ : - Dans la vie de tous les jours, comment cette conception cyclique se concrétise ?

QJ : - De quelle manière cette conception est-elle transmise aux enfants ? Comment vous, les Japonais, vous vous trouvez imprégnés de cette conception, dès l'enfance ?


A mon avis, l'idée de temps cyclique existait déjà au Japon, avant l'avènement du Bouddhisme au 6ème siècle.

Dès la période Yayoï (environ 800-400 Av JC - 250 Ap JC), l'agriculture existait au Japon, donc la riziculture.

Dans la riziculture, chacune des saisons marque une nouvelle étape dans la culture du riz et dans les travaux agricoles à réaliser.

Par exemple, le début du printemps marque le début des travaux de plantation du riz.

La période de repiquage du riz survient, elle, plus tard dans le printemps.


Du fait que le riz est toujours l'aliment "national" au Japon, les travaux agricoles sont donc toujours importants.

Ainsi, les enfants en école maternelle étudient les cycles de la culture du riz, en même temps que le cycle des saisons.


Un autre aspect, lié au système éducatif du japon, fait que dans les classes, le professeur s'intéresse autant, voire davantage, aux élèves qui ont des difficultés, qu'aux autres élèves.

Car dans le système japonais, l'importance est mise sur l'égalité et donc sur l'harmonie.

Pour les enfants qui apprennent facilement, l'école peut de ce fait paraître ennuyeuse.

C'est une des différences avec le système scolaire français, pour lequel l'important est plutôt de suivre le programme, sans prendre de retard, au risque de "perdre" les élèves ayant des difficultés.


A ce sujet, ce principe d'égalité est très important au Japon ; on le retrouve également dans les entreprises japonaises.

Dans les entreprises japonaises, chaque employé commence par le bas ; il n'est pas possible d'entrer dans l'entreprise directement à une place de manager, comme cela peut être le cas en France.

Dans les établissements scolaires, notons que ce principe d'égalité se retrouve aussi pour les tâches d'entretien des locaux, puisque tous les élèves, sans exception, assurent à tour de rôle les travaux du nettoyage de la classe.

De même, pendant les temps des repas pris dans les classes, les élèvent assurent là encore à tour de rôle les diverses tâches du service et du nettoyage.


Pour en revenir à l'aspect cyclique des choses, les professeurs reviennent régulièrement sur certains points, les répètent, pendant les cours, pour que les élèves les moins favorisés finissent par assimiler les nouveaux apports.

Ce sont donc des couches successives qui sont apportées aux élèves par les professeurs. Avec des ajouts d'apports successivement présentés, dans les classes supérieures.


En parallèle, les fêtes japonaises, les "matsuris" reviennent chaque année à la même période, de façon cyclique chaque année.

Tout cela impacte inconsciemment les enfants, dans l'acceptation d'une conception cyclique des choses, faite de couches et d'ajouts successifs, selon un modèle en forme de spirale.


Dans le système éducatif japonais, on note également que l'enseignement des bases est fondamental.

Cela explique pourquoi les enseignants reviennent régulièrement sur les fondamentaux.

D'une année à l'autre, on revient ainsi sur les fondamentaux, avec également chaque année un apport supplémentaire.


QJ : - Concernant la différence de conception du temps chez les Occidentaux, de type linéaire, et chez les Asiatiques, de type cyclique, comment cela se concrétise-t-il dans la vie quotidienne ?

Keishi : "Concernant la conception occidentale :

Chez les anciens Grecs, la conception du temps était cyclique.

C'est avec l'apparition et l'avènement du Christianisme et des religions monothéistes qu'une conception linéaire est apparue et a fini par supplanter les autres conceptions du temps.

Selon l'Ancien Testament, en effet, Dieu a créé le monde, ce qui marque le début. A la fin, il y aura le Jugement Dernier.

Dans le Judaïsme aussi, cette même conception se retrouve, notamment à travers l'"Exode du peuple juif d’Égypte".


Au Japon, plusieurs conceptions religieuses co-existent : le shintoïsme, le bouddhisme, le christianisme.

Co-existent ainsi différentes conceptions du temps : une conception cyclique et une conception linéaire.

En pratique, les Japonais ont ces deux mêmes conceptions du temps :

> tout pendant la vie, ils conçoivent le temps comme étant linéaire, avec un début marqué par la naissance et une fin, marquée par la mort. Pendant cette période, plusieurs étapes marquent la vie, comme pour nous autres, Occidentaux.

> après la mort physique, existe la métempsychose, à savoir les différents cycles de réincarnation par lesquelles le "Tamachi" (l'âme ou l'énergie) passe jusqu'à pouvoir s'affranchir de la nécessite de se réincarner.


Selon la mythologie japonaise, à l'origine, de toute chose, au Japon, il y avait les kamis (pas un seul Dieu comme dans les religions monothéistes).

Le royaume céleste et la Terre étaient séparés.

Il n'y avait alors pas de conception linéaire du temps, ni début ni fin.


Plus tard, la conception du temps cyclique indienne (à l'origine de l’Indouisme puis du Bouddhisme) s'est ajoutée à la vision du temps cyclique des Japonais, basée sur la répétition cyclique des saisons.

La vie se prolonge après la mort, à travers la métempsychose du bouddhisme.

Pour simplifier, le bouddhisme a donné l'équivalent d'une colonne vertébrale à la conception japonaise sur le temps (le temps des kamis et des saisons) qui n'était pas suffisamment structurée.


Dans le système occidental, vous avez une conception binaire des choses.

Pour cette raison, la tendance est de vous contenter de penser aux choses seulement avec une paire d'oppositions binaires. Le monde, vu de façon ainsi simplifiée, est morcelé, ce qui vous permet d'en voir les composants qui le constituent et de les appréhender séparément.

Cela se passe relativement bien, mais ce n'est pas assez convaincant. Cela débouche sur une vision imparfaite.

Par exemple, votre conception linéaire : on se fixe un but à atteindre et, avec les efforts de la volonté, on finit par l'atteindre. Il y a donc un début, une évolution, puis une fin.

Puis on recommence, avec un autre but à atteindre. Et ainsi de suite.


Article paru le 23/12/2020