Portraits / Témoignages

De Quartier Japon Wiki.

Vous souhaitez nous faire connaître un Japonais / un Français, ..., de votre connaissance ou un écrivain, un cinéaste… ?

Pour nous donner envie de le rencontrer et partager ce qui vous séduit chez cette personne ; photographie, texte, article, …, exprimez votre créativité !




Sommaire

Raoûl - Gérant de l'auberge Aizuya-Inn à Tokyo

(35 ans) - Au Japon depuis 2007 Gérant du Aizuya-Inn (Tokyo) http://www.aizuya-inn.com/french/facilities.html


  • "Ma vie au Japon ?"

Dans Tokyo la capitale et le pays Nippon en général, mon expérience japonaise a, jusque-là, toujours été enrichissante et satisfaisante : confortable, rarement banale, souvent géniale ! Résident français dans ce pays étranger depuis 4 ans, j’ai un peu l’impression d’être toujours en vacances, chaque nouveau lieu apportant son lot de découvertes. Mon épouse (Japonaise) est parfois surprise de mon enthousiasme enfantin pour ce qui lui paraît quelconque « Voyager 3 heures pour aller voir des singes qui se baignent dans un ‘onsen’, quelle idée saugrenue! ».

Si je trouve ces “découvertes permanentes” excitantes, cet aspect seul ne suffit pas à rendre la vie attirante au Japon. Plus terre-à-terre mais nécessaires, les transports, nourriture et logement sont - entres autres - des détails de la vie qui peuvent empoisonner ou améliorer le quotidien. Et là, j’avoue être comblé ! Les transports publics sont ponctuels, propres, faciles d’utilisation. Les logements sont loués/vendus avec des équipements ingénieux qui facilitent le quotidien. Bien sûr, je peux vivre sans sas anti-pollen/pollution, sans programmateur de baignoire et sans salle de bain qui se transforme en sèche-linge géant… ; mais pourquoi se priver de gadgets qui sont de toutes facons à diposition ?

On ne peut évoquer le Japon sans mentionner la nourriture. Car en effet, il fait bon manger au Japon ! Non seulement la cuisine japonaise est délicieuse, mais elle est aussi très saine et digeste : je peux donc être gourmand sans me sentir trop coupable !! Au supermarché, je trouve de quoi cuisiner japonais ou francais et lorsque je veux manger à l’extérieur, là encore je n’ai que l’embarras du choix : simple izakaya ou kaiseki en passant par le shabu-shabu ou robatayaki, autant d’endroits pour des occasions et des budgets differents. Et lorsque j’ai un peu le mal du pays, je vais à Kagurazaka où je mange français – et breton ! - dans de charmants bistrots/crêperies.

Aussi heureux que je sois de vivre au Japon, il me faut toutefois être objectif et rappeler que, comme tous les pays, “Nihon” n’est pas parfait : des aspects sont moins attirants ou même tout à fait détestable ; à chaque “gaijin” de se faire son opinion…

S’arrêter là serait faire une grande injustice à l’aspect le plus important de mon expérience Japonaise : les relations humaines. La gentillesse, la patience, la politesse des habitants de l’archipel contribuent à créer une atmosphère que je trouve confortable, sereine… A Tokyo, on ne ressent donc pas cette agressivité, cette tension qui existe dans beaucoup de capitales européennes. Plus encore, je dirais que le doux caractère des Japonais est contagieux ; en effet, je me sens changer…. et si je devais quitter le pays demain, je pourrais affirmer que le Japon m’a bonifié.

Je divague ? Je vous souhaite de venir constater tout cela par vous-même !!

Article paru le 01/09/2011

David - Etudiant Mangaka au Japon

(23 ans) - Au Japon pendant 6 mois (2010-2011) Etudiant Mangaka

Atelier de dessin au Japon

Le 15 novembre 2010, mes camarades et moi-même sommes partis 6 mois au Japon, pour une formation de Mangaka. Plus précisément, dans l'école de manga d'Ogaki dans la région de Gifu (centre du Japon).

J'étais un peu stressé au début, je me posais des tas de questions... Arrivés à l'école, nous avons eu un super accueil par les professeurs et les élèves. Cela nous a vraiment décontractés et nous avons passé un excellent moment. Les Japonais sont tellement gentils et aimables.

Les premiers jours dans l'école étaient assez durs. Je me suis rendu compte que la barrière de la langue était vraiment un handicap pour moi, car j'avais du mal à comprendre les explications et conseils de mes professeurs. Et manque de pot, 1 seul de mes professeurs savait parler anglais. Et là, je me suis dit que j'aurais dû réviser mon japonais plus sérieusement en France...

Pendant les cours de dessin, je me suis rendu compte que non seulement les Japonais avaient un joli coup de crayon mais surtout qu'ils dessinaient à une vitesse incroyable ! Il fallait vraiment que je bosse pour ne pas me retrouver loin derrière.

Grâce à mes professeurs, mon niveau a augmenté du jour au lendemain ! J'étais très heureux de voir ma progression jour après jour mais j'étais encore loin de mon objectif. J'avais soif d'apprendre ! De découvrir de nouvelles techniques et de nouveaux logiciels.

Parmi mes professeurs, j'ai eu la chance d'avoir Shinoda-sensei, l'un des assistants du grand Tezuka, l'auteur d'Astro-Boy ! Il m'a appris à exprimer mes émotions et sentiments à travers mes dessins. Un exercice très enrichissant afin de rendre ses personnages plus vivant.

Au bout de ces 6 mois de formation, j'avais atteint mon objectif. Celui de trouver un style de dessin original et qui me plaît. Mon niveau de japonais a (miraculeusement) progressé, ce qui m'a permis de donner des ateliers de dessins à des enfants.

Mes dessins, réalisés à l'école, ont été exposés dans le musée d'Ogaki. J'étais fier et très content de pouvoir montrer mes illustrations aux Japonais et entendre leurs impressions. Un grand merci à ce magnifique pays. Une très belle aventure qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Article paru le 20/02/2012

Sophie - Aikidoka et étudiante chez Quartier Japon

Aikidoka – Etudiante en japonais chez Quartier Japon (année 2012-2013)

Je me souviens très bien de ma première visite au Kodokan : j'avais suivi un ami qui pratique l'Aikido en Bretagne et qui, étant de passage pour trois semaines à Paris, s'y était inscrit. L'ambiance, Michel le principal Sensei du club, son accueil et sa gentillesse toute bienveillante et puis, ..., le cours !

J'ai été totalement conquise et cela dès les premières minutes, et plus je regardais et plus je pensais « c'est pour moi ça, je veux faire CA ! » Je suis venue regarder une deuxième fois et au troisième cours hop, en scène !, je me suis lancée. L'Aikido me renforce, m'émeut, m'apprend encore le respect, l'échange, car la personne avec qui l'on pratique est un partenaire, non un adversaire, et il n'est pas de compétition au sein de cette discipline ! Comment placer son corps afin de faire de l'attaque de l'autre une force que l'on renvoie en sa direction, qui va le déséquilibrer, l'emmener à la chute ou à une immobilisation, sans le blesser ? Comment placer sa respiration, comment éviter un coup ou se défaire d'une saisie, sans querelle ? Et, petit à petit, cette attitude s'installe doucement dans votre vie de tous les jours.

L'ambiance est excellente, nous nous amusons beaucoup, il existe une réelle vie de club. Echanges entre clubs, stages (notamment celui d'une semaine dans le Jura où nous allions trois heures de pratique avec toutes autres activités, telles que piscine, ski, tir à l'arc, massages, randonnées, ..., rires, beaucoup de rire et, à Paris, des sorties, restaurants, pique-niques... Michel LAPIERRE 5ème Dan et son enseignement constituent la clé de voûte du club, son Aikido est franc, basé sur le respect des techniques, authentique. Eleonore LEMAIRE 3ème Dan, elle, assure le cours enfants et adultes du samedi, une autre approche plus en finesse, en ressenti, également très efficace !

Et depuis deux ans, ce très bel art martial change ma vie, et je n'exagère pas. Aussi, je pense qu'on ne peut pas pratiquer un art martial japonais trois fois par semaine et ne pas s'intéresser plus profondément au Japon, à son histoire, sa culture… C'est ce que je fais, cela m'a d'ailleurs permis de changer de travail (déjà dans le tourisme, je reste dans le secteur mais en me tournant plus sur la destination), ce pourquoi j'en suis arrivée à un autre enseignement : celui de la langue japonaise, avec Saki-sensei ici, chez Quartier-Japon !

Tous les mercredis soir, pendant une heure et demie, nous progressons dans une ambiance chaleureuse. Apprendre le japonais n'est pas chose facile bien sûr, mais les cours sont construits de façon très homogène, simplifiée et très ludique ! De plus le programme se trouve être le moins onéreux que j'ai pu trouver. Enfin, je dirai « Merci l'Aikido, merci Quartier Japon ; cher Soleil-levant, tu donnes des couleurs à ma vie ! »


Article paru le 21/01/2013

Emma - "Mon projet de clip kawaii"

En France


J'ai un projet de clip vidéo sur le thème du kawaii que vous pouvez consulter sur le site https://www.mymajorcompany.com/kawaii.

Mais pour que ce projet puisse se réaliser, j'ai besoin de votre soutien aussi minime soit-il.

Emma Kawaii.jpg
Pour moi, le kawaii est synonyme de joie, bonheur, raffinement, élégance, magique, féerique... C'est une bouffée d'oxygène et d'évasion à une époque où il est parfois nécessaire de lâcher prise.

Je veux contribuer à promouvoir la mouvance kawaii au travers ma passion qui est la musique en réalisant un clip vidéo avec des Lolitas.

Mon action ne s'arrête pas seulement à ce clip. Je souhaiterais à l'avenir et dès 2015 organiser des défilés fashion dans toutes les manifestations de ma ville de Montgeron ainsi que dans d'autres collectivités et proposer des ateliers kawaii pour les enfants de 6 ans à 12 ans.

Je voulais également rajouter que l'idée d'un atelier kawaii en direction des enfants c'est tout simplement parce qu'en dehors de ma passion qui est la musique, je suis auxiliaire de vie scolaire et travaille dans les écoles depuis 15 ans et bénévole dans une association pour l'aide aux devoirs des élèves du cp au ce2.

Par ce projet, je voulais leur rendre aussi toute l'affection qu'ils me temoignent. Je sais que les enfants vont adorer !

J'imagine déjà un spectacle de fin d'année où les filles seront habillées en Lolita et les garçon en Prince ! Croyez moi monsieur Paumier que les enfants s'en souviendront toute leur vie et les parents aussi car en 15 années dans l'éducation nationale je n'ai pas encore vu un spectacle kawaii !!

J'espère n'avoir pas été trop bavarde et vous remercie encore !

Bien cordialement.

Emma

Article paru le 19/11/2014

Interventions japonaises à l'hôpital : témoignages de rencontres

Stéphane

Byo (première syllabe du mot "Byoin" - Hôpital)
Depuis mars 2014, Quartier Japon a la chance d'intervenir une fois par mois pendant 4h, au sein de l'Institut Gustave Roussy, établissement hospitalier spécialisé dans le traitement du cancer. Les Laboratoires Takeda, l'un des plus anciens groupes pharmaceutiques japonais, est à l'initiative du projet et sponsorise nos interventions.

Pour cette action, Mié, calligraphe et origamiste chez Quartier Japon, anime ces journées en compagnie de Stéphane (Responsable de Quartier Japon), de Caroline (Responsable Communication Takeda France) et de différentes personnes du groupe Takeda.

Suite à notre intervention lors de notre venue le 4 novembre 2014 au sein de l’IGR, et à la demande de Nathalie (Responsable du programme "Mieux vivre le cancer" de l'IGR), je vous transmets quelques anecdotes suite à des rencontres marquantes pour moi, survenues dans le cadre des interventions de Quartier Japon depuis mars 2014.

Tout d’abord, chaque fois que je viens à l’IGR pour proposer à l’ensemble des personnes présentes, en soins, en visite, accompagnatrices et en « blouse blanche », je suis toujours surpris et touché de l’accueil qui nous est réservé unanimement par l’ensemble des différentes catégories des personnes présentes.

In (seconde syllabe du mot "Byoin" - Hôpital)
Chaque fois, ce sont des remerciements chaleureux, même de la part de personnes qui ne souhaitent ni participer aux ateliers ni recevoir les livrets de présentation de la calligraphie japonaise et de l’origami. Chacune nous remercie, à minima pour l’initiative.

Quant à ceux qui reçoivent les livrets, chaque fois, leur remettre les livrets en les invitant à nos ateliers et en expliquant notre action, c’est toujours l’occasion d’instaurer un temps d’échange, qui peut être de quelques minutes mais qui peut également s’écouler sur plus de 30mn.

L’échange part de notre action, de la culture japonaise et peut parfois poursuivre sur la raison de leur présence à l’IGR ou encore se prolonger sur le récit de la vie et de la situation actuelle des personnes et même sur leur histoire familiale. Pour de nombreuses personnes, la porte de leur intériorité s’ouvre et elles me donnent à connaître une partie de leur vie. Cela les soulage, cela leur fait du bien et quand elles repartent, leur visage est radieux, du moins plus calme, parfois leurs yeux sont redevenus pétillants !

Il y également les personnes qui demandent à Mié ou à Caroline ou aux autres personnes des Laboratoires Takeda, de se faire réaliser une ou plusieurs calligraphie et / ou un ou plusieurs origami. Egalement toutes les personnes qui ne demandent pas directement, mais pour lesquelles je demande à leur place. Quand elles repartent avec, quand je les leur rapporte, là encore les remerciements sont sincères. Certaines me semblent touchées que l’on soit venu à elles, que l’on leur ait accordé un instant notre attention et, qui plus est, qu’on leur donne leur prénom calligraphié et tout cela, gratuitement, sans rien leur avoir demandé en contrepartie.

Quant aux personnes qui participent aux ateliers et s’essaient à la pratique de la calligraphie et/ou de l’origami. Certaines juste un moment et d’autres, parfois pendant une heure ! Ce serait surtout Mié et Caroline et les autres personnes des Laboratoires Takeda qui pourraient en parler le mieux, car ce sont elles qui passent ces moments importants en leur compagnie. Les témoignages de participants laissés sur le livre d’or sont plus que parlant !

Parmi toutes les nombreuses rencontres, certaines me sont demeurées en mémoire. Je vous les raconte en quelques lignes, car cela pourrait vous permettre de vous faire une idée de ce qui se joue alors, grâce à ce beau projet et grâce à l’implication de tous.


Le monsieur âgé dans son fauteuil roulant

Un vieux monsieur patientait ce jour dans l’une des petites salles d’attente attenantes au plateau, en compagnie de son fils et de sa bru. Le monsieur me regardait d’un regard éteint tout pendant que j’expliquais notre démarche en remettant nos livrets à son fils assis près de lui. Comme il ne me semblait franchement pas en forme, tout triste, j’ai demandé à son fils le prénom du monsieur, qui ne pouvait visiblement plus parler. Et je suis parti le faire calligraphier par Mié, sur notre stand.

Un peu plus tard, alors que la calligraphie n’était pas encore exécutée, car il y avait une liste d’attente ce jour-là, son fils passe devant notre stand en revenant du distributeur à café. Alors, il m’indique que son père, effectivement, est très mal en point et qu’il n’en a certainement plus pour bien longtemps à vivre. Une fois la calligraphie de son prénom réalisée, je vais la lui, la leur, apporter. Le vieux monsieur n’a plus la force de dérouler sa calligraphie, aussi est-ce sa bru qui le fait à sa place et la lui montre.

Son fils et sa femme furent très contents en me remerciant, tandis que je m’apprêtais à repartir. Le vieux monsieur, qui ne pouvaient plus ni parler ni à peine bouger, m’a regardé et, à travers son regard, m’a dit « merci ». Je suis reparti content, et le suis encore à l’évocation de cette rencontre, d’avoir pu apporter ce moment à ce vieil homme, lequel savait, je suppose, l’heure de sa fin proche. Content également, d’avoir apporté cette joie furtive à son fils et à sa bru, à un moment où ils se préparaient à la prochaine séparation d’avec le vieil homme.


La jeune fille au visage très marqué

En fin de journée, nous nous apprêtions à ranger quand une adolescente et ses parents se dirigeaient vers la sortie en passant devant notre stand, vraisemblablement après avoir consulté leur médecin. La jeune femme portait un masque mais il ne masquait pas en totalité son visage.

Un peu plus tôt au cours de cette même journée, j’avais vu une personne au visage très marqué, couvert de tâches et à l’œil quasi fermé, le pourtour meurtri. C’était la première fois depuis que nous intervenions à l’IGR en mars 2014 (nous étions en septembre). Cette jeune femme était la seconde, mais cette fois bien plus jeune que la femme précédemment rencontrée.

Certainement que cela m’a incité à me porter à leur rencontre. Comme chaque fois, je leur ai remis nos livrets tout en expliquant rapidement notre démarche, puis je l’ai invitée à s’approcher du stand, pour que Mié lui calligraphie son prénom. C’était un peu difficile pour moi de la regarder de face, comme n’importe qui, alors que son visage était si marqué par la maladie alors qu’elle était si jeune. En moi-même, je me disais que je me devais, aussi pour elle, de ne pas détourner les yeux tout en m’efforçant que cela soit naturel à ses yeux, afin de ne pas la blesser.

La journée s’achevait et ils devaient probablement être pressés de repartir, pensais-je, mais contrairement à cette idée, la jeune femme s’est dirigée volontairement vers Mié, suivie par ses parents.

En compagnie de Mié, elle a reçu plusieurs calligraphies, de son prénom et des prénoms de ses parents, puis elle s’est essayée un moment à la calligraphie, sous les accompagnements bienveillants de Mié.

Au bout d’un moment passé en notre compagnie, elle est repartie avec ses parents. Son visage était rayonnant, comme celui de tout le monde.


La petite fille et son papa qui ne parlaient pas français

Une jeune adolescente, d’environ 10 – 12 ans, regardait de loin notre stand et plus particulièrement Mié, qui faisait de l’origami avec une participante. Visiblement, la fillette était très curieuse sans pour autant avancer trop près ; elle restait à distance. D’ailleurs, aussitôt, elle a bondi lorsque je me suis adressé à elle tout en m’avançant dans sa direction.

La fillette ne parlait pas français. Peut-être venait-elle de l’un de ces lointains pays du Golfe, comme il semble que parfois viennent certaines personnes en soins. Le teint de sa peau et le noir de sa chevelure le laissaient du moins supposer.

Comme elle se trouvait juste devant l’entrée d’une salle de consultation attenante au plateau, j’en déduisis que ses parents devaient s’y trouver. Ce qui était le cas : son papa effectuait en effet des démarches auprès de la secrétaire médicale. Lui non plus ne parlait pas français, mais à la différence de sa fille, il maîtrisait l’anglais. Je lui expliquais donc que sa fille était très intéressée par ce que nous proposions sur notre stand et qu’il pouvait nous la laisser le temps de sa visite chez son médecin. Il la reprendrait en repartant ; il ne pouvait pas nous louper : nous étions tout à côté de la sortie. S’il était volontiers partant, sa fillette, elle, refusa et s’accrocha à la jaquette de son père, malgré les explications et les invitations de ce dernier.

Un certain moment plus tard, la fille était revenue à son point de départ, quoique plus proche. Cette fois, elle ne se fit pas prier pour venir s’assoir à notre stand, comme je l’y invitais avec quelques gestes. Et Mié fit le reste ! Bien que l’une et l’autre ne parlaient pas une langue commune, puisque la fillette ne parlait qu’arabe et Mié le japonais, le français et l’anglais, elles parvinrent malgré tout à communiquer à travers la réalisation de nombreux origamis. Mié pliait devant elle puis la fillette reproduisait le pliage sur sa feuille et ainsi de suite. Mié lui présentait les différentes planches présentant les schémas des origamis et la fillette choisissait l’origami qu’elle souhaitait faire. Ainsi, elle réalisa une boîte dans laquelle elle disposa ensuite les nombreux origamis qu’elle réalisa.

J’avais averti son papa, auquel il restait à achever des démarches administratives, comme quoi sa fille était avec nous, bien occupée à faire des origamis et qu’il pouvait prendre tout son temps. Nous nous en occupions.

Encore un moment plus tard, le papa est arrivé et il est resté à regarder sa fille, qui n’avait d’yeux et de concentration que pour ce qu’elle faisait sous les conseils bienveillants de Mié. Plus tard, quand le papa l’a invitée à prendre congé, elle est encore restée un moment, le temps d’un dernier origami. Puis, enfin, elle s’est levée, sa boîte remplie d’origamis à la main. Ses yeux pétillaient !

Le papa également était tout content, ravi de voir sa fille si contente et que nous lui ayons donné autant. Il a souhaité nous prendre tous en photos ! Mié avec sa fille, moi aussi avec sa fille et avec Mié. Il a aussi demandé à sa fille de me prendre en photo en sa compagnie. Il m’a serré chaleureusement la main et nous avons échangé nos coordonnées. Et aussi, auparavant, il m’avait demandé de but en blanc « how can i help you ? » (Comment je peux vous aider). C’était si direct, fort ! Je lui ai juste répondu : « en parlant autour de vous de ce que nous faisons ici, à l’IGR ». Puis ils sont repartis, les visages épanouis, les yeux brillants de la fillette.


Les deux messieurs qui me parlent de leurs histoires

Lors de notre dernière intervention en novembre, j’ai rencontré deux hommes, notamment, qui me sont restés à l’esprit, du fait vraisemblablement des similitudes qu’ils présentaient.

Comme à mon accoutumée, je les ai abordés l’un comme l’autre, à des moments distincts de l’après-midi, pour leur proposer nos livrets de présentation de la calligraphie et de l’origami. Ces livrets me sont en effet d’un grand secours pour me permettre d’aller vers toutes ces personnes inconnues et pour me permettre de rompre la glace et entamer avec elles un échange.

Ces deux messieurs m’ont fait le même accueil, en m’indiquant ne pas souhaiter recevoir les livrets, car n’étant pas intéressés. Pour autant, la discussion a néanmoins pu s’engager avec eux deux. Parfois, quand des personnes me disent ne pas être intéressées par les livrets, elles ne le sont pas plus pour échanger. La majorité nous remercie malgré tout pour notre action et pour être venu à leur rencontre.

Cette fois, les deux messieurs se sont arrêtés et ils ont commencé à discuter, principalement pour parler d’eux, de leurs opinions sur x ou y sujets, allant de la politique à tout autre sujet général, comme souvent pour les hommes. Ils ne recherchaient pas vraiment d’échange ni de retour de ma part suite à leur propos. Apparemment, le simple fait que je les écoute et que de temps à autre je ponctue leur suffisait.

Ainsi, de fil en aiguille, leur quasi monologue a glissé vers leur propre situation et leur parcours professionnels respectifs, tous deux étant pareillement retraités depuis déjà un certain nombre d’années. Alors, s’en est suivi le déroulé de leur carrière, les moments marquant pour eux, leurs relations avec leur épouse et leurs enfants… Insidieusement, ils ont d’eux-mêmes abordé des sujets plus personnels, parlant de difficultés relationnels avec certains de leurs proches puis de leur santé et de ce qui faisait pourquoi ils étaient présents à l’IGR : ils avaient croisé le cancer, s’étaient fait hospitalisés et opérés et avaient vaincu la maladie. Ils revenaient désormais de temps à autres pour des contrôles.

De parler de leur maladie, des souvenirs de leur temps d’hospitalisation, cela leur faisait visiblement revivre des épisodes douloureux, cela leur rappelait des amis qui n’avaient pas eu la même chance qu’eux et avaient disparu du fait de la maladie…. Leur voix se troublait à certains moments, leurs yeux s’humidifiaient et des larmes retenues étaient effacées d’un geste de la main, alors qu’elles étaient sur le point de déborder et glisser sur leur visage…

Ainsi, ce cheminement, identique chez les deux messieurs, depuis leur discours fait de mots et de sens, pour glisser progressivement et devenir un discours fait certes toujours de mots et de sens mais désormais également d’affects…

Quand, au bout de peut-être 30mn environ ou même un peu plus, nous avons pris congé les uns des autres, ils m’ont salué, ce n’était plus un simple « au revoir », une banale formule entre gens civilisés, mais bien plus, comme nous le savions tous deux en notre for intérieur.


L’enfant avec son grand Mickey et le petit au crâne rasé

C’est toujours impressionnant de voir des enfants atteints de la maladie. Plus encore quand ils sont petits, sans cheveux ou en fauteuil roulant… C’était le cas pour deux d’entre eux rencontrés lors du dernier atelier de novembre 2014.

En premier, ce petit, garçon ou fille ?, dans les bras de sa maman. Les parents se trouvant proches de notre stand, ils se trouvaient attirés par ce qui s’y passait. L’enfant était-il tout autant intéressé ?, je ne saurais le dire. De voir un petit comme cela, le crâne tout chauve, avec quelques fins cheveux qui repoussaient ici et là, cela m’a ému et je me suis approché de lui, pour le saluer et lui demander s’il connaissait l’origami.

Comme il s’agissait d’un enfant de type asiatique, ses parents étant également asiatiques, je pensais qu’il connaissait. Mais apparemment, ce n’était pas le cas ou du moins était-il intimidé et ne me répondait pas. Je suis donc allé prendre une grue en origami que Mié avait faite et posée sur notre table. Une belle tsuru, cet animal si important pour les Japonais, réalisé en chiyogami, un papier japonais avec pleins de jolis motifs. Et je le lui ai donnée. Forcément, il l’a prise et l’a gardée, sans pour autant qu’il ne m’ait dit le moindre mot.

Peut-être ne parle-t-il pas français, me suis-je dit. Mais les parents parlaient et écrivaient parfaitement français, comme je m’en suis rendu compte un peu plus tard, notamment lorsqu’ils nous ont laissé un message sur le livre d’or. L’enfant, toujours dans les bras de sa maman, est reparti, sans un mot, mais tenant bien sa grue en origami !

Un peu après, un autre enfant passait devant notre stand, à demi allongé dans une sorte de fauteuil-lit roulant, que poussait une femme, a priori sa mère. L’enfant était tout recroquevillé, avec à son côté droit un grand Mickey en peluche, allongé tout contre lui. La peluche semblait tellement grande, plus grande que l’occupant du fauteuil !

Le garçonnet, qui devait avoir environ 10-12 ans semblait bien mal en point. Un œil était caché par un pansement et sa tête penchait vers la droite, vers le drap qui le recouvrait partiellement. Il ne semblait rien regarder de ce qui l’environnait. La maman elle aussi avait un visage pareillement vide d’émotion… Seul le Mickey mettait une touche de couleurs et de gaîté dans ce triste convoi.

Bien qu’ils nous avaient déjà dépassé, je me suis précipité à leur suite, non sans avoir pris quelques origamis sur notre table. Arrivé à leur hauteur, je les lui ai donnés, au garçon, sans trop parler cette fois. Juste donnés… Et ils sont repartis, presque sans un mot, le garçon les tenant dans sa main, entre lui et le Mickey.

Article paru le 24/11/2014


Malyssa - "A l'origine de mon amour et de ma curiosité pour la culture japonaise"

21 ans, étudiante en administration culturelle


Mars 2015, je reçois une demande de la part de Malyssa, étudiante en master d'administration du spectacle vivant, car elle est à la recherche d'une personne travaillant dans une structure culturelle et plus particulièrement liée à la culture japonaise afin de répondre à quelques questions.

Travaillant à l'élaboration de son mémoire, dont le sujet est "L'essor de la culture japonaise en France depuis les années 80", elle est donc à la recherche de toute information susceptible de l'éclairer sur le sujet.

Je lui propose de répondre à ses questions en échange d'un article de sa part, sur le pourquoi de son intérêt pour ce sujet et pour la culture japonaise, ce qu'elle accepte volontiers.


"Mon amour et ma curiosité pour la culture japonaise sont apparus durant mon adolescence.

Née en région parisienne de parents laotiens, je suis, du point de vue « français », une asiatique mais, quand je me rends au Laos, mon pays d’origine, je suis vue comme une française, et non comme une laotienne.

C’est donc durant mon adolescence que ma « particularité » m’a frappée, ma situation d’entre-deux cultures, ni vraiment asiatique ni occidentale.

Cette situation me rendait mal à l’aise car je ne savais pas à quelle culture m’identifier, et, en pleine crise d’adolescence, j’avais besoin de me réfugier dans un univers qui me donnait un sentiment de sécurité, comme un cocon douillet.


C’est tout d’abord avec les mangas et animés que j’ai réellement commencé à m’intéresser à la culture japonaise, qui m’attirait tant par sa diversité, son originalité, ses subtilités mais également par le fait qu’il s’agissait d’une culture asiatique, à laquelle il était plus aisé pour moi, jeune asiatique de France, de m’identifier.

La culture japonaise était devenue mon cocon, à travers toutes les images que je pouvais en obtenir de mon ordinateur.

J’avais enfin la possibilité de m’identifier à des visages asiatiques ainsi qu’à des coutumes et des usages qui m’intéressaient plus que tous ceux que l’on avait essayé de m’imposer toute ma vie.

Comme beaucoup de personnes, je rêvais de visiter ce merveilleux pays, qu’il soit comme je me l’imaginais ou non d’ailleurs.

Durant mon adolescence, je me contentais donc de tout ce qu’Internet pouvait m’offrir comme aperçu du Japon mais, quand j’eus enfin l’âge de pouvoir me déplacer seule (mes parents ne s’intéressent pas du tout au Japon, et ne désiraient donc pas m’accompagner durant mes sorties pour en savoir plus sur ce pays), notamment sur Paris, je pris plaisir à me rendre à des évènements touchant à différents aspects de la culture nippone, que ce soit des festivals comme la Japan Expo, ou encore de plus petits évènements comme la Journée du Kimono, ou bien la dégustation de thé et de wagashi à la Maison de la Culture et du Japon.

J’alimentais doucement mais sûrement ma curiosité pour le pays du Soleil Levant avec un enthousiasme grandissant pour tout ce qui y touchait de près ou de loin.

De ce fait, arrivée en première année de Master d’Administration Culturelle, je décidais de joindre l’utile à l’agréable : le sujet de mon mémoire sera « L’essor de la culture japonaise en France ».

Une bonne excuse pour me rendre au plus grand nombre possible d’évènements ayant trait à cette culture et, évidemment, préparer en douceur la réalisation de mon rêve d’adolescente dans quelques années : visiter enfin ce merveilleux pays.


Article paru le 06/04/2015

Muriel - "Mon séjour au Japon m'a incitée à lancer mon activité de vente de vaisselle japonaise"

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Le Japon où j’ai vécue 6 ans avec ma famille, aura été une vraie révélation !

Je suis totalement tombée sous le charme de ce pays.

Il faut du temps pour bien les comprendre mais au-delà des convenances, les Japonais sont attachants, respectueux avec un sens inné du devoir et du service.

J’ai adoré leurs traditions, leur culture : la cérémonie du thé, la philosophie de l’ikebana, le sumi-e … et surtout l’art de la céramique, d’une richesse étonnante de décors, de formes, de couleurs magnifiques et d’une qualité rare !


De retour en France, en Bretagne, j’ai créé ma société « La Malouinière » et importe du Japon une grande variété de bols, d’assiettes, de plats, que je vous invite à découvrir à l’adresse suivante : https://www.vaisselle-japonaise.fr

Je confectionne aussi des nappes, des sets de table avec de superbes tissus japonais.

L’idée est de réunir nos deux cultures et d’associer la subtilité de l’art de la table au Japon au raffinement français avec lequel nous aimons recevoir et décorer nos tables.

Je suis heureuse et fière d’essayer de promouvoir la culture et les traditions de ce pays envoûtant.


Article paru le 16/05/2015


Michel - "Le Kyûdô, mon expérience et mon chemin"

Pour la sortie de son dernier ouvrage, sur le Kyûdô (l'art japonais du tic à l'arc) « Le Kyûdô, art sacré de l’éveil » Editions Chariot d’Or, 2015, Michel Coquet a la gentillesse de nous faire parvenir cet article très intéressant, dans lequel il revient, de façon très intime, sur ce qui l'a conduit sur cette voie du Kyûdô tout en nous dressant un rapide historique de l'évolution de cet art japonais et de sa portée au-delà du visible.


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Le hasard n’existant pas, en 1949 (j’avais à peine cinq ans), ma mère, abandonnée par son mari, se retrouva seule avec moi. Nous étions au Havre, démunis de tout comme bien d’autres après la guerre. Ma mère demanda de l’aide au maire de Sainte-Adresse et l’on nous mit en relation avec un homme exceptionnel, monsieur Roger Talbot, responsable au service contentieux de la Compagnie transatlantique, conseiller du Président René Coty, Franc-maçon, et mille autres cordes à son arc, si je puis dire ! Il deviendra mon mentor et mon parrain.

Après des années mouvementées où nous habitâmes une ancienne prison sur les falaises du Havre, puis des blockhaus et enfin une maisonnette, ma mère se remaria et nous partîmes vers la région parisienne en 1952. Mon parrain était japonais de par son père et, pendant toute ma jeunesse, ce grand chrétien ne cessa de m’instruire en me conseillant deux choses : pratiquer la méditation yogique chaque matin et me mettre au judo aussitôt que possible.

A seize ans, je fis une expérience spirituelle qui me poussa à m’introvertir totalement afin de redécouvrir cette source de lumière et d’amour qui m’avait véritablement transfiguré. La conséquence fut un désintérêt pour les choses du monde. Je vivais dans une petite cabane derrière la maison, qui fut mon refuge jusqu'à mon départ au Japon en 1969. Pendant cette période, je commençai la discipline d’une école de Râja-yoga, ce qui m’imposa des méditations de plusieurs heures, une diminution du temps de sommeil, un strict végétarisme et l’abstinence d’alcool. Mis à part mon travail à l’usine ou sur des chantiers, mon temps était consacré à la méditation, aux lectures religieuses, spirituelles et philosophiques ainsi qu’aux écoles auxquelles j’appartenais : cela allait du martinisme à la théosophie en passant par les écoles de yoga, de védantisme et de Zen.

Après des années difficiles, ma famille vivant bien en dessous du seuil de pauvreté (tel qu’il est défini aujourd’hui), je fis mon service militaire puis, de retour dans le civil, je m’inscrivis dans une salle de sport parisienne où enseignait un grand expert japonais, maître Hiroo Mochizuki. Avec lui, je commençai le Iaï dô (l’art du sabre), l’Aikidô et le Karaté dô.

Progressivement, je m’éveillai à d’autres horizons de l’Esprit et je décidai d’approfondir la vérité en partant aux sources. J’avais le choix entre l’Inde et ses yogas ou le Japon et ses arts martiaux. Le destin fit son choix et je partis pour le Pays du Soleil Levant, invité chez le père de mon instructeur, maître Minoru Mochizuki qui demeurait à Shizuoka. C’était une légende vivante dans le monde du Budô, ayant été l’un des meilleurs élèves de deux grands fondateurs, Morihei Ueshiba pour l’Aikidô, et Jigoro Kano pour le judo. Il avait atteint des grades élevés dans d’autres disciplines, notamment dans l’école de sabre de l’école Katori.

Maître Tokura
Mon compagnon de route et moi allions vivre dans sa vieille demeure dont tout le rez-de-chaussée était constitué d’un dojo d’entrainement. Cette demeure, connue sous le nom de Yoseikan, avait accueilli les plus grands noms du Budô. Mon objectif était d’approfondir la sagesse mise à ma disposition tant dans les écoles de bouddhisme que dans les groupes d’ascètes de montagne issus du Shugendo ou dans le shintoïsme omniprésent au cœur de nos pratiques martiales. J’espérais transmettre en France des arts martiaux peu connus, et transmettre la partie spirituelle des arts martiaux (le Budô) inconnue dans notre Occident trop polarisé sur le sport de compétition.

Au cours d’un grand festival de Nouvel an, je pus assister à un tir à l’arc de cérémonie qui fut suivi d’un tir de compétition. Le maître qui exécuta le tir inaugurant la nouvelle année était maître Matsui Masakichi, 10e dan hanshi. J’ai eu le coup de foudre pour cette nouvelle discipline et dès ce moment, je n’ai pas cessé de la pratiquer pendant mon séjour de cinq années. J’ai ainsi pu bénéficier de l’instruction intime et constante d’un expert de cet art, maître Masahiko Tokuda.

C’est l’enseignement de ce maître que je me suis efforcé de transmettre dans mon ouvrage (Le Kyûdô, art sacré de l’éveil) en espérant que nombreux seront les disciples à s’engager dans cette merveilleuse technique d’éveil qu’est le Kyûdô. A travers ce livre, je souhaite témoigner de la présence d’un maître contemporain qui, et cela n’est pas si commun, unit en un tout harmonieux une haute compétence technique, une grandeur de l’âme, le tout associé à une infinie compassion pour le genre humain.

Bien que l’archerie nipponne (kyûdô) soit maintenant répandue en Occident, peu de gens en connaissent les caractéristiques, même si nombreux sont ceux et celles qui ont lu le petit livre d’Eugen Herrigel, intitulé Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc.

Comme tout art guerrier oriental, l’archerie a suivi une évolution, l’arc ayant été utilisé en tant qu’arme de défense et d’attaque ou de chasse, jusqu’à devenir un véritable objet rituel religieux. Sa première utilisation fut donc défensive, c’est le Kyûjutsu, qui est similaire à toutes les formes d’archerie. Dans un second temps, apparaît la dimension spirituelle, l’arc devient un symbole et, à ce titre, se retrouve dans les mains des divinités où il va représenter un principe ou une qualité spirituelle (la compassion par exemple). L’arc aura même souvent un rôle dans les rites d’exorcisme. Cette dimension commença en Inde, puis se déplaça en Chine pour atteindre sa perfection au Japon.

Si dans le Kyûjutsu il s’agit de toucher la cible vite et bien, il reste bien différent de ce qui se fait en Occident où l’archerie est un sport et une distraction. Au Japon, le kyûjutsu exigeait les mêmes qualités que celles de n’importe quel archer mais en insistant sur l’acquisition de qualités mentales, comme le courage, la droiture, la grandeur d’âme, etc. L’archerie était totalement intégrée dans la culture, à l’égal de la Chine ; on ne tirait pas seulement pour se défendre mais pour progresser intérieurement.

Cette manière de concevoir l’utilisation de l’arc aboutira au Kyûdô, l’art d’atteindre la cible de son propre cœur.

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La technique reste la même, il faut atteindre le centre de la cible mais dans un cadre permettant à la personnalité humaine et mortelle de se préparer à entrer dans une dimension de transcendance. Cette préparation implique le respect des dieux ou kamis, les formes élémentales de la nature dont l’homme est partie intégrante. Respect et imitation des kamis par le geste, le souffle, le son et par cet esthétisme harmonieux qui est l’un des grands objectifs de la religion shinto, l’écrin dans lequel l’archer va tirer en vue d’atteindre l’état de vacuité selon la pensée bouddhiste.

Le kyûdô, tel qu’il est actuellement conçu, est l’art de faire un avec l’univers, de fusionner sa conscience à celles des kamis. L’harmonisation entre ces deux mondes, le monde objectif des hommes et le monde invisible des forces (supposées intelligentes) de la nature par la connaissance et le respect des lois de l’univers doit permettre à l’archer d’établir en lui une pureté et une réceptivité telles qu’il pourra devenir le réceptacle d’une force illuminatrice et inspiratrice. Pour ce faire, l’arc, la flèche et la cible doivent être le support de cette illumination et chacun va donc être le porteur d’un symbole auquel pourra s’identifier l’archer.

Si le shintoïsme forme l’écrin du kyûdô, c’est bien le bouddhisme Zen qui en est la finalité et le joyau. En effet, lorsque tout a été mis en place pour un tir parfait, il s’agit ensuite d’atteindre l’état le plus élevé de conscience possible et de réaliser la nature de son propre Esprit, sa nature de Bouddha, un état pré-nirvanique appelé vacuité par les bouddhistes et qui correspond au satori du Shintô. Le tir de la flèche devient alors un simple moyen, une technique devant permettre à l’égo humain d’entrer dans le silence pendant que quelque chose au plus profond de son être prend le relai et libère la flèche vers la cible. Si l’ego ou la pensée « je tire » est absente, l’action sans cause devient le moyen d’atteindre son propre Esprit, c’est-à-dire une conscience divine non polluée par un égo bavard et perturbant, un égo qui fragmente et limite la conscience universelle et la force à n’être qu’une conscience limitée à son petit moi égoïste, à son corps physique, à son affectif et à des pensées tournées vers les désirs des cinq sens. Un égo heureux lorsqu’il gagne et malheureux lorsqu’il perd. C’est cette manière de pratiquer que l’on nomme le kyûdô, le tir intérieur.

Réaliser la nature vide de toute pensée et l’état de pure vacuité qui est la prise de conscience de l’absolu n’est pas une mince affaire et implique un véritable don de soi, une totale adhésion à l’objectif du bouddhisme qui est la libération du cycle perpétuel de vie et de mort. Tout cela implique une discipline patiente et rigoureuse, une éthique et surtout une vision plus large que la simple distraction ou l’obtention d’une médaille dans l’optique d’une compétition sportive. Mais épurer l’égo de ses désirs pour le dissoudre dans la lumière, l’amour et l’unité n’est pas chose facile, c’est pourtant la seule et unique voie qui mène à l’accomplissement.


Un second point dissocie définitivement l’archerie nipponne de sa sœur occidentale, il s’agit de la sacralisation emblématique de l’arc et de la flèche lesquels, depuis l’Inde ancienne jusqu’à la Chine, ont été l’objet d’une vénération religieuse et mystique en tant que symbole de purification et d’émancipation. Les maitres archers du Japon se sont donc efforcés d’extraire tout ce qu’il y avait de meilleur dans l’archerie mongole et chinoise afin de l’adapter à leur mentalité et à leur culture propre. L’arc va ainsi atteindre le sommet de la perfection dans un style qui n’appartient qu’à l’âme nipponne.


L’histoire de l’arc au Japon

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Sans remonter trop loin dans le temps, l’archerie envisagée comme moyen d’atteindre l’illumination et la libération est la conséquence du développement culturel et religieux et politique du Japon.

Jusqu’à l’époque de Takeda Shingen (1521-1573), un guerrier aux ardeurs sanguinaires et ambitieuses, on utilise encore l’archerie à dos de cheval lors des guerres. A cette méthode va s’opposer un autre grand soldat, Oda Nobunaga, qui le dominera en remplaçant l’arc par le mousquet. N’étant plus désormais l’arme idéale, la pratique de l’arc va devenir, sous l’influence de moines bouddhistes, un art tout à fait adéquat pour acquérir une maîtrise mentale. L’archerie, qui reste encore associée à l’équitation, devient ainsi une voie d’accomplissement à part entière, une voie d’éveil. Cette finalité va s’affirmer tout au long de la période de paix des Tokugawa (1603-1868).

L’une de ces écoles (ryû) est celle d’Ogasawara, école qui délaissa complètement l’aspect militaire de l’arc pour en faire un instrument de culture et de maîtrise de soi dans un sens religieux. Un autre personnage va ancrer encore plus profondément cette manière d’être, il s’agit du samurai archer Heki Danjô Masasugu qui, suite à une inspiration intuitive, synthétisa le meilleur de toutes les écoles et mit au point une nouvelle méthode de tir qu’il baptisa Hi-kan-Chû ; le style Heki ryû de Kyûjutsu était né.

Toutes ces écoles vont mettre au point l’arc (yumi) tel que nous l’utilisons aujourd’hui, à savoir un arc fait de bois et de bambou et mesurant plus de deux mètres avec, comme caractéristique unique, d’être tendu à l’inverse de sa courbure. L’arc devient une œuvre d’art incomparable tant pour sa beauté et son efficacité que pour sa symbolique.

Cependant l’histoire n’est faite que de flux et de reflux et le Kyûdô n’y échappe pas. C’est ainsi que pendant presque cinq siècles l’arc va tomber en désuétude, sauf pour un petit troupeau de traditionnalistes restés fidèles et grâce auxquels la tradition de l’arc va se maintenir contre vents et marées. En 1724, le Shogun Tokugawa, homme de cœur et excellent archer lui-même, ordonne à Heibei Tsuneharu Ogasawara, descendant direct de l’école Ogasawara, de faire revivre l’école. Cette fois, des règles et des rites vont permettre des tirs de cérémonie (à pied ou à dos de cheval) accomplis dans des temples bouddhistes ou des sanctuaires shintos. Le Kyûdô acquiert ainsi ses lettres de noblesse et s’inscrit dans la religion, facteur essentiel d’unité nationale.

Lorsque le Japon entra dans la modernité pendant l’ère Meiji (1868-1912), mettant en péril toutes les institutions se réclamant d’une tradition séculaire, le Kyûdô en premier lieu, apparut un grand archer du nom de Honda Toshizane. Ayant perçu le problème du désintérêt pour l’archerie divisée en une multitude de styles, il s’efforça de recréer une unité en combinant les éléments du tir de cérémonie formel du Ogasawara ryû avec les techniques du Heki ryû afin de créer une méthode hybride qui deviendra le Honda ryû. C’est cet archer exceptionnel qui fut le maître instructeur du maître Kenzô Awa (1880-1939), le fondateur de l’école Daï Shadô kyô, qui développa à un très haut degré l’art de pratiquer le tir à l’arc dans l’esprit du bouddhisme Zen, une voie d’éveil appelée aussi le Shadô qui sera transmise à son disciple Anzawa Heijirô.

Au moment de l’occupation américaine, les arts martiaux furent interdits jusqu’en 1948. En 1949, les autorités d’occupation autorisent tout de même la création de la Zen Nihon Kyûdô Renmei (ZNKR) en vue de fédérer le Kyûdô dans le pays. Elle avait pour objectif de normaliser les enseignements divers donnés par les différentes écoles mais aussi et surtout d’établir une pratique commune entre elles (les hassetsu). Une possibilité de travailler dans l’unité même si, au demeurant, chacun restait libre de pratiquer le style de son choix. Cette normalisation est éditée sous le nom de Kyûdô Kyuhon, et traduite en français sous le titre : Manuel de Kyûdô.

Le Kyûdô n’est pas une voie martiale mais une voie spirituelle qui, au même titre que le Zazen où méditation assise, permet l’accès à la vacuité de l’Esprit, ce qui fait du Kyûdô une pratique de Zen en action (ritsu zen).

A travers cette discipline, un chercheur sincère et patient trouvera tous les outils nécessaires à sa perfection, psychologique, psychique et surtout spirituelle. Mon vœu le plus cher serait de voir les nouvelles générations se tourner vers une telle discipline car elle leur apporterait la paix intérieure et l’harmonie, et lorsque les individus sont en paix c’est la nation toute entière qui s’apaise.

Michel Coquet

« Le Kyûdô, art sacré de l’éveil » Editions Chariot d’Or, 2015.

http://editions-chariot-dor.fr/livre-54738-Le-Kyudo-Art-sacre-de-l-eveil.html#.Vbs2nvldpYM


Article paru le 30/07/2015


Delphine - "Faire de ma passion pour le furoshiki, mon métier !"

Delphine a tout d'abord contacté Quartier Japon pour nous présenter son activité autour du furoshiki à la recherche d'une cooptation par une association franco-japonaise. Un beau projet, que nous soutenons bien évidemment, qui donnera lieu à des initiatives communes et d'ores et déjà à cet article bien détaillé, sur la naissance de son projet !


Logo du site de Delphine
Mon premier séjour au Japon date de 2004. J’en connaissais peu de choses, mais ai longtemps été intriguée par la découverte de ce pays et sa culture si différente de la notre… j’ai eu l’impression d’arriver sur une autre planète, ne comprenais pas ce qui m’entourait et ai adoré !!! Une vraie découverte…

Ce qui me plait le plus, c’est l’omniprésence de l’esthétisme. Les japonais s’appliquent à mettre en valeur tout ce qui les entoure : la nature, l’architecture, la gastronomie… c’est une attention de chaque instant, jusqu’au moindre détail. Par ailleurs, j’apprécie le mélange entre le traditionnel et le moderne qui cohabitent naturellement. Etant architecte d’intérieur, depuis maintenant 15 ans, je suis très sensible à ces aspects et ce fut une véritable révélation.

Dès mon retour de ce voyage, j’ai voulu en savoir plus : j’ai participé à de nombreux cours de cuisine, à un atelier de calligraphie et un autre de furoshiki. Progressivement, j’ai intégré un peu de Japon dans mon quotidien… et notamment dans la décoration de mon appartement. Le Japon est devenu une passion.

J’y suis retournée en 2008 : seule pendant 10 jours à Tokyo, j’ai découvert la ville à mon rythme, en flânant et m’imprégnant de ces ambiances si spéciales… J’ai trouvé quelques kimonos d’occasion dans une brocante en pensant les transformer dès mon retour, pour leur donner une seconde vie, sans encore savoir comment… j’imaginais déjà une façon de conserver ces objets précieux, traditionnels, tout en leur permettant de continuer d’exister sous une autre forme, plus moderne. J’ai également conservé quelques journaux trouvés dans l’avion. J’aime le graphisme que représente l’écriture japonaise et souhaitais alors utiliser ce papier comme on pourrait le faire avec une peinture ou un papier-peint. Les kimonos sont restés dans un placard pendant plusieurs années… puis j’ai utilisé les journaux pour recouvrir le cadre d’un miroir, avec du verni-colle. Ce vieil objet était transformé… et, au lieu de partir à la poubelle, il a trouvé une nouvelle vie !

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J’ai eu deux enfants et ils m’ont donné envie de reprendre quelques activités manuelles… comme la couture et le tricot pour leur confectionner quelques vêtements ou un peu de peinture, de bricolage et petits objets customisés pour décorer leur chambre. Mes journées étaient bien remplies, ce qui laissait peu de place à toutes mes idées. Néanmoins, j’ai tout de même continué de cuisiner avec une inspiration japonaise et ai lu de nombreux livres d’auteurs japonais, particulièrement Haruki Murakami.

Et c’est en 2009 que j’ai commencé une première approche pour créer mon entreprise. J’avais envie de changer d’activité, de travailler pour moi et d’allier ma passion pour le Japon à mon travail. J’ai profité d’un congé maternité pour concrétiser cette envie et commencer à réfléchir à un projet. C’est à ce moment là que j’ai créé mon logo… je voulais qu’il représente mon inspiration japonaise tant par le nom que par le graphisme. Il m’a servi depuis lors pour quelques créations, même si je n’ai pas concrétisé le projet à ce moment là. Je n’étais pas encore prête…

En Novembre 2014 j’ai quitté mon emploi et cette opportunité m’a permis de lancer enfin ce projet qui me tient tant à cœur depuis toutes ces années : faire de ma passion mon travail.

Avant de réaliser toutes mes idées de création, je tenais à construire et organiser ce projet. J’ai décidé que mon objectif principal serait de faire connaître le furoshiki aux français et développer mon univers créatif autour de celui-ci. La couture de furoshiki nécessite un carré de tissu, ce qui engendre de nombreuses chutes… j’ai donc décidé de développer un esprit global de création : éviter le gaspillage, utiliser le plus de matière possible, donner une seconde vie aux objets. C’est alors que s’intègrent les anciens kimonos… ceux que j’ai ramené du Japon mais aussi, depuis, ceux que mes amies japonaises retrouvent au fond des placards familiaux.

Mes furoshiki sont des pièces uniques, ils sont marqués par une étiquette-logo et un nœud de couleur. J’en réalise de différentes tailles et utilise de nombreuses sortes de tissus que je trouve à Paris, au marché St Pierre ou en mercerie. Je ne travaille pas les tissus japonais puisque ce type de furoshiki existe déjà. Pour les accompagner, j’ai développé une méthodologie. Je propose une pochette en papier dans laquelle le furoshiki est présenté en quelques paragraphes et le principe du nœud détaillé. A l’intérieur, on trouve 4 fiches par collection (printemps-été / automne-hiver) qui présentent quelques idées de nouages. J’ai réalisé l’ensemble de la mise en page, la création des graphismes (dessins et motifs) et le choix des couleurs, qui est associé à la collection.

Grâce aux chutes de tissus, je crée différents objets « textile ». Par le mélange des matières et des couleurs, je réalise des coussins en faisant une sorte de patchwork. Je propose également des trousses, des pochettes, des sacs de petit et moyen format pour lesquelles j’utilise des tissus enduits pour l’extérieur et les différentes chutes pour l’intérieur.

Côté décoration, je transforme des objets, avec comme base des éléments existants que je trouve dans les vide-greniers ou chez Emmaüs. Je les décape, les peints, y colle des feuilles séchées ou du papier journal… japonais évidemment ! J’ai réalisé plusieurs tabourets, miroirs et plateaux, ainsi que quelques autres petits objets. J’aime l’idée de pouvoir transformer pour donner une seconde vie… pour moins jeter et rendre beaux ces vieux objets délaissés. Enfin, en continuité avec mon expérience professionnelle et ma formation je propose du coaching déco. Il s’agit d’aider ceux et celles qui ont un projet mais ne trouvent pas les bonnes idées ou manquent de temps. Le coaching permet une approche simple pour définir une idée, un concept puis des couleurs, des matières, du mobilier et même des accessoires. Je réalise un document qui identifie tout ces points, pouvant aller jusqu’au conseil pour les achats avec le référencement des différents produits et/ou objets.

Pour présenter mon travail, j’ai entièrement réalisé un site internet en y intégrant mes dessins, mes couleurs et mes créations en photos. Pour la vente, je propose un contact direct pour les réalisations sur-mesure et le coaching. Pour les objets existants, j’ai ouvert en ligne une boutique sur LittleMarket. Je propose également des réalisations en petites séries pour des boutiques proches de chez moi et dans Paris. Par la suite, je rêve de pouvoir ouvrir une boutique-atelier où je pourrais réaliser puis vendre mes créations et développer des événements « atelier furoshiki », voire même un espace mercerie.

Ce projet m’apporte beaucoup et je suis heureuse d’avoir chaque jour une activité qui me plase. J’aime partager, échanger, être proche des gens et pouvoir les aider à embellir leur quotidien.

Merci de votre attention et à très bientôt pour partager vos envies et pourquoi pas participer à vos projets…

Pour découvrir le site de Delphine et ses furoshiki : http://www.delsan.fr/

Article paru le 29/08/2015


Notre dôjô - la culture japonaise indissociable de la pratique !

Aurore, Présidente du Dôjo Daikokuten, nous présente son dôjô et pourquoi il lui est important de présenter la culture japonaise à ses adhérents.


Daikokuten Dojo est né en Bretagne il y a plusieurs années, sous la forme d’une association.

Dès sa conception, ce Dojo avait pour raison d’être de permettre à ceux qui le souhaitaient, de découvrir la pratique de l’Aikido de Sumikiri enseignée par Jean Daniel Cauhépé. Basée à présent à Paris, dans le 10ème arrondissement, elle est rattachée aux Arts Classiques du Tao.

Il s’agissait donc de rassembler un groupe de personnes désirant travailler sur elles-mêmes en toute confiance et dans une atmosphère conviviale.

Sumikiri signifie en japonais : « Action de tailler les 4 angles d’un carré ». Cette image physique et symbolique exprime le travail d’harmonisation de l’esprit, des animæ et du corps du pratiquant.

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• Art-martial sans compétition, nous travaillons seul ou avec partenaire(s), avec ou sans bâton, dans le respect et à l’écoute de l’Autre. Il s’agit avant tout d’un travail sur soi-même.

• La martialité s’exprime à travers nos valeurs et le comportement que nous adoptons.

• Le geste harmonieux nécessite de l’équilibre, une bonne coordination, une belle rythmique et de la justesse.

• A travers la souplesse et la relaxation active du corps et de l’esprit, il s’agit d’être capable de se centrer, de se mettre en mouvement sans se désaxer et de s‘enraciner afin de rayonner le KI.

• L’état d’esprit est en effet fondamental. Nous évoluons avec bienveillance en préservant notre santé tout comme celle de nos partenaires. La convivialité est au centre de la Pratique. Il s’agit d’avancer sur la Voie avec des compagnons de route où chacun a sa place.


Dès sa création, le partage était au centre de la pratique. Dans ce cadre, des stages rassemblant plusieurs Dojo ont été organisés. Puis Daikokuten Dojo a déménagé à Paris. Un nouveau noyau s’est donc formé grâce à la volonté de quelques personnes et au dojo Kikentai (19ème) qui nous a proposé une petite salle.

D’autres personnes nous ont ensuite rejoints et une salle équipée de tatamis a été nécessaire. Nous avons alors eu l’immense chance de pouvoir nous enraciner chez Tenchi (10ème) où nous pratiquons encore aujourd’hui.


Dès son installation à Paris, le projet était de faire découvrir la culture japonaise aux élèves.

Les principes que nous développons dans notre Pratique se retrouvent bien évidemment dans d’autres Enseignements, mais c’est surtout l’état d’esprit que nous souhaitions faire toucher du doigt à ceux qui découvrent cette culture.

Nous nous sommes donc rapprochés de Quartier Japon qui propose toute sorte d’activités. Nous avons débuté par le Furoshiki car je souhaitais faire découvrir quelque chose de vraiment nouveau aux élèves.

Ludique, très esthétique, écologique et utile, ceci résumait aussi bien le Furoshiki que l’Aikido de Sumikiri.

Ensuite, ayant travaillé toute l’année sur la fluidité, la calligraphie s’est naturellement imposée. Chacun a pu voir combien il est difficile de faire un point ou un trait.

Puis, afin d’alterner les plaisirs et renforcer la cohésion, nous avons fait un stage de cuisine, activité qui rassemble facilement les gourmands ^^.

Même s’il ne s’agit que d’initiations, ces petits stages participent à l’ouverture qu’offre notre Enseignement et qui est la richesse de ceux qui le suivent.

• Aller au-delà des apparences et s’efforcer de comprendre le sens profonds des mots, des gestes, des comportements, des idées, de ce et ceux qui nous environnent.

• Changer de point de vue, percevoir l’Autre comme un partenaire qui peut nous aider à progresser sur ce Chemin tel un compagnon et non comme un adversaire.

• Ecouter puis Entendre, Apprendre puis Transmettre. De cette expérience nait une belle Transformation.


Alors si vous êtes curieux, que vous avez de l’humour, que vous voulez rencontrer des gens improbables, partager de bons moments, apprendre sur vous-même, bouger et lâcher-prise, venez nous rendre visite.


Cette pratique est ouverte à Tous, sans distinction de sexe, d’âge ou de culture.

Elle ne nécessite pas d’être un athlète non plus.

Quelles que soient vos motivations, vous trouverez ce que vous apporterez !

https://aikidosumikiriparis.wordpress.com/


Article paru le 22/09/2015


Cécile - "Être auteur du Katana of Gion, vivre la naissance d'un manga et le faire vivre !"

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Avoir écrit le Katana of Gion est l'une des plus belles expériences que j'ai eu à vivre en tant qu'auteur. Je ne prétends pas être professionnelle ou être une « mangaka » à l'instar des célèbres Clamp que j'admire tant.

Je suis juste quelqu'un qui a voulu « faire » un manga et qui y est parvenu.

Cela a commencé quand j'étais adolescente. Fan du club Dorothée, j'ai vécu des moments inoubliables à regarder cette émission, à suivre les anime qu'elle proposait.

J'ai été enthousiasmée par les anime tels que Laura La Passion du Théâtre, Gwendoline, Maison Ikkoku de la célèbre Takahashi Rumiko, Lamu et Ranma 1/2 de cette même auteur. Je me suis passionnée pour les anime autour du sport comme Olive et Tom, ou bien encore Cynthia et le Rythme de la Vie, puis Jeanne et Serge. Je regardais aussi d'autres anime très divers comme Kathy la petite fermière, Charlotte, Dans les Alpes avec Annette, les Quatre filles du Docteur March. Et plus tard, je suis devenue fan de toutes les Magical Girls, entre autres Creamy, Vanessa, Suzy. Et dans un genre tout à fait différent, qui ne connaît pas Dragon Ball Z et les Chevaliers du Zodiaque.

Cependant, ce ne sont pas ces anime qui m'ont décidé à écrire un manga et faire en sorte qu'il soit dessiné. Ma passion pour ce genre est venue dans les années 2000s, quand j'ai découvert les Clamp, et surtout Kenshin le Vagabond. C'est ce dernier opus de Watsuki Nobuhiro qui m'a fait tomber en amour avec le manga. C'est donc après 2006 et le visionnage de Kenshin et le très beau film Duelist, que j'ai décidé de créer mon manga.

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Le Katana of Gion est un hommage au Japon , à son histoire, à cette époque si particulière qu'est le début du Shogunat. Bientôt docteur en histoire médiévale et actuellement chercheuse en Allemagne, l'histoire du Japon est quelque chose de fascinant. Les Geisha étant l'un de mes thèmes de prédilection, j'ai décidé d'en faire le sujet principal de mon manga. Je voulais leur rendre hommage. J'ai ensuite créé ma lignée de femmes samurai maudites et une communauté de Geisha entoure l'héroïne principale de ce manga.

En 2008, je me suis inscrite sur DeviantArt et je suis tombée sur la page du dessinateur indonésien Bob-Raigen. C'est à partir de là que tout a commencé. Nous avons parlé, nous nous sommes artistiquement entendus et c'était l'un des rares qui dessinait des pages de comics. Je lui ai traduit mon script en anglais et nous nous sommes mis à collaborer ensemble. Cette collaboration ne s'est jamais arrêtée depuis et nous en sommes à trois tomes ensemble. Bob est le meilleur partenaire dont je pouvais rêver et nous nous entendons très bien, lui et moi.

Nous travaillons en anglais, langue qui n'est pas notre langue maternelle et j'édite le texte en français. Le manga Katana of Gion est donc en français et est une œuvre franco-indonésienne.

Pourquoi ai-je voulu tenter l'aventure du financement participatif ? Parce que je suis quelqu'un qui va jusqu'au bout des choses et surtout qui a envie de partager son univers. J'adore évoquer l'histoire des Geisha de Gion et bien que je ne sois pas tout à fait dans le cadre historique, je fais en sorte que le but de ce manga soit un hommage à ces femmes artistes. J'ai envie de transmettre mon expérience aux jeunes gens qui souhaiteraient produire leurs propres mangas et leur dire qu'il faut foncer et ne pas se décourager.

Si le coeur vous en dit, découvrez l'histoire de mes Geisha de Gion et laissez-vous emporter dans les méandres de ma famille de femmes samurais au katana maudit.

Cécile


Pour aider Céline à concrétiser son projet : lien de la plateforme de financement: http://fr.ulule.com/katana-of-gion

Article paru le 13/11/2015


François Berthier « La mystérieuse beauté des jardins japonais »

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François Berthier né le 19 septembre 1937 à Château-Thierry est un historien de l'art, spécialiste du Japon.

Il «  s’en est allé » le 10 juillet 2001 à l’âge de 63 ans à Mériel.

Fils de l'archéologue et archiviste paléographe André Berthier, François Berthier obtient en 1961 un diplôme de japonais à l'École nationale des langues orientales vivantes. Il part ensuite au Japon, et étudie, de 1970 à 1973 à l'université de Tokyo, où il suit notamment les cours du professeur Terukazu Akiyama. Il se consacre, au cours de ses études, à l'étude des origines de la sculpture bouddhique japonaise de la période Asuka(飛鳥時代)(fin du VIème et début du VIIème siècle).

François Berthier a résidé 13 ans au Japon et il a vécu pendant 2 ans dans un monastère Zen à Kyôtô. Revenu en France, il devient professeur à l’INALCO où il se voit confier la chaire d'histoire de l'art japonais. Japonologue réputé, ayant une grande connaissance de la langue japonaise ancienne, François Berthier fut également chargé de recherches au CNRS.

Au moment de sa disparition, il travaillait à un ouvrage important, somme de ses recherches sur les peintures de l'album du Roman de Gengi de Tosa Mitsuyoshi ,conservé au Musée National de Kyôtô, qu'il n'a pu achever. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles sur l'art japonais.

Bien que tous ses livres soient épuisés, l’an dernier en janvier 2015, une lectrice passionnée par son œuvre,actuellement éditrice, qui avait lu et relu avec émerveillement « le jardin Ryôanji » publié en 1989 a souhaité rééditer ce livre.

Au manuscrit original sur le jardin Ryôanji, des articles sur les jardins japonais que François Berthier avait rédigés ont été rajoutés.

C’est donc, en 2015, 14 ans après sa disparition, grâce à l‘enthousiasme d’une éditrice passionnée que le livre "La mystérieuse beauté des jardins japonais » est paru. C’est une très belle renaissance et reconnaissance.

Dans ce livre, François Berthier nous révèle quelques clés de la beauté des jardins japonais. C'est un livre profond d’un spécialiste authentique. Sincèrement il aimait le Japon, ses traditions et la beauté de ses jardins. Ce livre, écrit dans un style agréable, avec de belles photos en couleurs, vous fera découvrir des aspects inconnus du Japon.



  • フランソワ・ベルチエの本 « La mystérieuse beauté des jardins japonais » について


フランソワ・ベルチエ(François Berthier、1937年9月19日(シャトー=ティエリ生) - 2001年7月10日(メリエル没)は、フランス国籍の日本美術史家、INALCO フランス国立東洋言語文化研究所教授、フランス国立科学研究センターCNRS研究員 。 母方祖父のエルネスト・ロストは、AFNOR、フランス規格協会代表取締役社長。父のアンドレ・ベルチエは考古学者。

François Berthier フランソワ・ベルチエは、フランスを代表する日本学者です。約13年間、日本滞在し、禅寺にも2年住んでいました。

東京大学大学院美術史科では、アカデミーフランセーズ会員、日本美術史の最高峰の秋山光和先生のもとで、国家博士論文の指導を受けました。

日々の研究に専念し、日本美術関係の記事、日本美術展のカタログ、百科事典 など多数の書物を出版しました。


残念なことに、2001年、フランソワ・ベルチエは、この世を去りました。

1989年、 Le jardin Ryoanjiが出版されました。 2015年に、26年の歳月をこえ、出版社ARLEAの編集者の熱意から オリジナルのLe jardin Ryoanji に、未公開の日本庭園の記事を加え、la mystérieuse beauté des jardins japonaisの本が出版されました。

フランソワ・ベルチエは、この本の中で、日本庭園の美しさを話しています。

日本を心から愛し、外国人の目から見た日本の美、日本の伝統歴史を再確認する上でも、素晴らしい本だと思います。 


Article paru le 17/02/2016


Caroline Tokar « Le Souffle du Japon, dans l’univers d’une artiste française »

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Caroline Tokar est artiste peintre.


Quelques emprunts à la calligraphie japonaise m’ont permis de rencontrer ma propre liberté créatrice, sous la forme d’idéogrammes occidentaux transcrits à l’encre sur papier et avec la réalisation d’une peinture gestuelle, pour laquelle la culture japonaise a servi de révélateur.

Il s’en est suivi un parcours d’artiste référencé, pour un travail d’abstraction lyrique, élaboré sous cette influence extrême orientale.

Au-delà de cette exposition, c’est le souvenir de la découverte de la culture japonaise que j’ai partagé avec mon mari - il était excellent élève en calligraphie et littérature, en dehors de ses responsabilités professionnelles - que je prolonge avec émotion.

Au fil des temps, j’ai rencontré une littérature souvent poétique et sensible, l’art des jardins et de l’Ikebana, l’art du thé et sa profonde sagesse, l’architecture, la musique, le théâtre et la danse. En résumé, le raffinement dans bien des aspects du quotidien.

Derrière une apparente rigueur, j’ai trouvé un savoir vivre ritualisé permettant la discrétion, la modestie et le respect de la hiérarchie, des valeurs qui facilitent la vie en famille et en société.

Actuellement, des liens étroits se nouent entre nos deux pays, et des échanges se font au niveau des métiers d’art. Des mélanges d’influence se produisent au niveau de l’art floral, la couture, la gastronomie, et bien des disciplines. Chacun garde son identité profonde, mais de temps à autre, des partitions se jouent ensemble, entre Français et Japonais, alorsqu’auparavant, chacun demeurait sur la réserve.

C’est dans ce courant que je veux m’inscrire, tout simplement parce que je m’y sens bien

Article paru le 06/06/2016

Jeanne "Ma première exposition de mes dessins manga"

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Jeanne prend des cours avec Quartier Japon depuis septembre 2014

J’ai 14 ans et je dessine depuis quatre ans. Je suis arrivée au dessin de manga presque par hasard après avoir lu des séries telles que One Piece et Naruto lorsque j’étais plus jeune. J’avais envie de dessiner, et c’est un manuel de dessin découvert à la bibliothèque qui m’a mise sur la voie.

Mon seul matériel à l’époque : un crayon HB et des feutres… Je me suis d’abord contentée de recopier les exemples du manuel pour comprendre les bases du dessin, du visage et du corps humain. Ensuite, j’ai voulu dessiner mes propres personnages tout en continuant à me perfectionner, toujours à l’aide de manuels, grâce auxquels j’ai approfondi les notions d’anatomie, de volume, d’ombres, etc.

Il y a un an, j’ai rejoint un cours de dessin de manga qui m’a permis de rencontrer d’autres passionnés et d’enrichir ma technique : la couleur est entrée dans mes dessins, j’ai abordé la composition et appris à utiliser des outils tels que les marqueurs, l’encre et l’aquarelle.

Si mes premiers dessins étaient surtout des copies, depuis un an, je multiplie les approches et les styles : types de visages, traits, yeux, encrage, mise en couleur… J’explore sans cesse de nouvelles possibilités, de nouveaux rendus, de nouveaux styles, comme récemment le « cartoon ».

Je dessine chaque jour, passionnément… Debout, assise, et même en marchant ! J’ai toujours un cahier de dessin sur moi et me replonge dans cet univers des que j’ai un moment. Le dessin me permet de m’affirmer, de m’évader, de m’amuser, de me faire remarquer d’une manière positive, d’échanger.

J’espère que cette exposition vous permettra de découvrir et d’apprécier mon travail artistique.

JO


Article paru le 23/06/2016


Nikka Zubon - Redonner un second souffle aux pantalons traditionnels japonais au-delà du Japon

Tobi, dans la tradition japonaise
Nikka-Zubon est une entreprise basée à Osaka proposant une large gamme de marques de pantalon prêt-à-porter, à la fois confortables et originaux.

Jeune start-up, nous avons pourobjectif de faire connaître ces produits originaux, à savoir les pantalons de style « Tobi » et « Nikka-pokka » au public européen.

Aujourd’hui, les artisans japonais réalisant ces pantalons souffrent de la concurrence internationale avec des produits comme le « Jean » occidental. Pour essayer de redonner un second souffle à cette tradition artisanale, nous avons décidés de vendre ces pantalons non pas dans un premier temps au public japonais, mais au contraire de le diffuser dans le reste du monde, en commençant par la France. En effet, l’initiateur de ce projet, Brathish Thevarasan, est d’origine française, bien qu’expatrié au Japon depuis 2 ans.

Derrière notre projet d’exporter en Europe et dans le reste du monde ces pantalons, nous voulons en réalité que ces artisans puissent continuer d’exercer leur art vieux de plusieurs siècles.

Tobi, adapté au goût occidental
Actuellement, l’équipe Nikka-Zubon se compose de trois personnes à temps plein, ainsi que d’autres intervenants extérieurs.

Pour rapidement présenter l’équipe :

  • Brathish Thevarasan, âgé de 28ans, est l’investigateur de ce projet et actuellement le directeur de celui-ci.

Passionné de la culture japonaise depuis son enfance, faire naître un projet comme celui-ci, à savoir intégrer et aider la société japonaise, a toujours été un de ses rêves.

  • La deuxième personne participant au projet s’appelle Mami Kajiwara, âgée de 26 ans.

Férue d’histoire japonaise, elle a aussi une grande passion pour la langue française, pays où elle a étudié durant un an dans la même université que Brathish, à savoir l’université de Cergy-Pontoise.

  • Enfin, la troisième et dernière personne est un autre ancien étudiant de cette même université, se nommant Loïc Monin qui, comme Brathish, partage une grande passion pour l’Histoire et les traditions du Japon.

Ensemble nous travaillons sur Nikka-Zubon depuis le mois de décembre 2015, date à laquelle nous avons lancé notre site internet (http://nikka-zubon.com/). De plus nous avons agrandi notre gamme de produits aux accessoires, en vendant des chaussettes de style japonais dites « Tabi » ainsi que des bandanas traditionnels japonais, appelé kaizoku-bô « 海賊帽 ».

Ces chaussettes ont comme particularité d’avoir le gros orteil séparé des autres doigts de pieds. Les bandanas, quant à eux, sont utilisés principalement durant les fortes chaleurs lors d’entrainements sportifs mais aussi très prisés par les chefs traditionnels japonais, tel que les gérants de restaurant à Sushi, Takoyaki, etc.

En ce qui concerne les pantalons «鳶» Tobi ou «ニッカポッカ» nikka pokka, ils étaient portés à l’origine par les guerriers japonais. Ces pantalons possédaient comme caractéristique d’être à la fois un tissu robuste et résistant mais également très ample permettant une meilleure mobilité aux soldats lors des batailles.

Ces spécificités étaient très utiles durant les longues marches et résistaient bien en milieu montagneux ou dans les forêts denses du Japon. De plus les artisans réalisant les temples en bois au Japon les portaient.

Puis, lors de la reconstruction d’Après-Guerre, ces pantalons furent beaucoup utilisés par les ouvriers du bâtiment. Ceux-ci s’en servaient principalement pour détecter d’éventuelles bourrasques de vent pouvant être dangereuses en haut d’un building en construction, mais également pour ne pas être trop crispés au niveau des jambes en restant dans la même position pendant plusieurs heures.

A l’image du jeans, de nos jours, ces pantalons sont portés pour leurs côtés décontractés et tendances. Aujourd’hui on peut en voir sur certains personnages de mangas et de jeux vidéo comme GTO, One punch man, etc.


Article paru le 05/07/2016


Marie "Mon expérience de la calligraphie chez Quartier Japon"

  • Marie (élève en cours de japonais et en cours de calligraphie chez Quartier Japon depuis février 2014)nous explique tout d'abord comment se déroulent les cours, avant de nous faire partager son expérience plus intime de la pratique de la calligraphie.
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- A notre arrivée, Ayano (le professeur de calligraphie) a préparé les tables avec les pierres, les protections noires, les encriers et l'encre. Chacun vient chercher son pinceau ou sort son propre matériel s'il l'a.

- Les débutants, s'il y en a, se placent devant ; sinon, le placement est libre. Les "anciens" commencent à s'entraîner en autonomie (révision de l'appui en forme de larme, des traits vus la dernière fois...).

- Ayano nous distribue à chacun un kanji (ou une combinaison de kanji pour les plus avancés) que nous travaillerons. Ce kanji est choisi selon une progression établie par elle. Il peut arriver parfois que nous retravaillions deux fois de suite le même kanji s'il est difficile ou nous pose problème ; nous pouvons aussi le demander.

Parfois, Ayano nous demande si nous souhaitons revoir ce que nous avons commencé la dernière fois ou avancer (en particulier si nous sommes un peu restés bloqués sur un kanji). Il arrive aussi que ce soit "simplement" un nouveau trait nécessaire à l'élaboration des kanji suivants (par exemple "migi barai" pour moi récemment). Dans tous les cas, Ayano nous explique les étapes principales de ce trait ou de ce kanji, les difficultés dont il faut tenir compte.

--> Je sais que ces kanjis et traits suivent aussi la progression des feuilles "mode d'emploi" qu'elle nous donne (feuilles où se trouvent expliqués les principaux traits et les kanjis avec des dessins pour montrer le lien entre le kanji et l'objet) mais je ne sais pas d'où viennent ces feuilles.

--> Dans un premier temps, nous travaillons des kanji en style "carré" au gros pinceau, puis des hiragana sur page entière (par exemple "sushi"), puis, je crois, du travail au petit pinceau pour apprendre à signer, puis les plus avancés (deux ou trois personnes seulement) alternent entre style carré et style cursif plus rond, parfois sur le même kanji, successivement exécuté des deux manières. Je n'ai pas dépassé le niveau des kanji carrés, troisième feuille, donc, pour les autres stades, c'est moins clair, parce que je l'ai seulement vu chez les autres.

- Nous travaillons ensuite en autonomie, sur papier journal puis sur papier de calligraphie ou papier blanc selon le choix de chacun (Ayano nous encourage cependant tous à faire des essais sur "vrai papier" de calligraphie régulièrement).

- Ceux qui en sont capables signent leurs oeuvres, souvent après avis d'Ayano qui indique les plus réussies, celles qui peuvent être signées. Ils alternent donc petit et gros pinceau.

- Au bout de deux heures environ, pause-thé.

- Quand nous en éprouvons le besoin, nous lui présentons notre travail, soit pour qu'elle évalue nos progrès, soit parce qu'on est bloqué sur une étape. Nous discutons ensemble ; parfois, elle prend notre main pour refaire avec nous le trait compliqué.

- Si nous ne lui présentons pas notre travail, elle passe de temps à autre voir où nous en sommes (ceci dans l'optique où elle n'a pas de débutants, sinon elle est occupée à les former).

- 10-15 minutes avant la fin, chacun s'occupe de laver pinceau et encrier et de nettoyer les éventuelles taches sur la table. Chacun range son plan de travail. Catherine et moi aidons ensuite Ayano à finir de ranger et à vider la poubelle.


  • Marie nous fait part de son expérience de la calligraphie, à l'occasion de sa participation à l'un de nos ateliers d'été de création japonaise, en juillet 2016, comprenant une partie consacrée à la calligraphie.


Mon moment préféré : calligraphie. Je sors mon matériel pendant l'introduction générale ; j'écoute mais, comme je connais un peu, je commence à m'entraîner sur du journal. Moment drôle quand j'explique que je préfère protéger l'ensemble de la table avec du journal et que Mariko, un peu surprise, objecte que les enfants avec qui elle pratique n'en ont pas besoin. Nous protégeons toutefois tous nos tables, par sécurité ; c'est bien entendu ce jour-là que mon journal sera impeccable, sans aucune tache (normal). Nous nous entraînons directement sur papier japonais : d'abord l'appui en forme de goutte, puis la ligne horizontale, puis verticale, puis la courbe sur le côté.

Mariko a dessiné au tableau l'ordre des traits pour le kanji choisi : hoshi (étoile). En plus de l'adaptation aux circonstances (la fête des étoiles), ce kanji me semble très bien choisi : il est spectaculaire mais, vu qu'il est composé essentiellement de lignes horizontales et verticales, peut-être plus accessible aux débutants.

Très rapidement, l'état d'esprit si particulier et propre à la calligraphie m'envahit : je me tiens plus droite, mes pieds sont posés sur le sol, bien enracinés mais sans tension, mes épaules plus relâchées. Je fais quelques mouvements quand je sens une légère crispation : sans égoïsme, la calligraphie invite cependant à se recentrer sur soi. Je suis également amenée à m'interroger : qu'est-ce que je veux dire avec cette étoile ?

Des souvenirs heureux me reviennent, je constate une fois encore à quel point la calligraphie est à la fois un exercice très guidé ET un moment d'expression personnelle au plus près de soi, dans une obligatoire sincérité. Comme les samedis où je pratique, je pense à la légèreté ; si le trait n'est pas assez appuyé, il est trop fin, comme haché, vraiment pas agréable à regarder. Mais, en voulant être sûre, bien appuyer, j'arrive à un trait là aussi haché, avec des brisures, voire je peine à décoller mon pinceau ! Et une fois encore je me dis que c'est une leçon de vie pour moi qui ai tendance à zigzaguer parfois entre ces deux extrêmes (légèreté et gravité), et je me dis aussi que je n'ai pas encore trouvé la véritable réponse.

Malgré tout, un grand calme m'envahit, je suis centrée, en harmonie avec moi-même, et à peine surprise quand Mariko explique que l'odeur de l'encre de Chine est faite pour détendre le calligraphe (j'ai toujours aimé cette odeur...)!

Leçon à nouveau : après une première calligraphie qui me satisfait plutôt, je suis un peu moins concentrée et rate mes deux essais suivants ! Ce n'est pas grave, je recommence, en pensant au premier trait sur le papier, décisif pour le résultat, un peu comme l'état d'esprit avec lequel on aborde chaque événement. Pour la première fois, je tiens un petit pinceau pour signer : surprise, je n'arrive pas à écrire petit, ma signature est énorme !

Passé le sourire devant le ratage de mes premiers essais, je comprends que là aussi il y a un enseignement à découvrir, à comprendre : dans une réalisation, quelle est la place de notre individualité et celle de ce qui n'est pas nous ? Je regarde le modèle donné par Mariko : la signature ne disparaît pas, elle est assurée mais à sa place, laissant les "feux de la rampe" au kanji réalisé. Ou peut-être l'oeuvre est-elle l'union des deux?

Article paru le 24/07/2016


David et ses élèves "Notre premier fanzine, une expérience commune"

Interviews du 29 juin 2016 autour du projet « Fanzine 2016 »

Parce que cela aura été une grande expérience à la fois pour David comme pour l’ensemble de ses élèves et pour les autres personnes concernées par ce projet, j’ai proposé à David et à plusieurs participants au fanzine de les interviewer sur cette expérience.

Tout d’abord, David Dao, chef de projet des activités manga chez Quartier Japon et plus particulièrement de sa formation annuelle de mangaka, nous parle du projet de création d’un Fanzine Quartier Japon, qui sera présenté et vendu à l’occasion du prochain festival Japan Expo de juillet 2016.

Couverture Fanzine.jpg
David Dao Ngam

QJ : En quoi consiste ce projet de création de fanzine ?

DD : Un fanzine, c'est un maga de prépublication. Au Japon, cela s’appelle « shonen jump ». En France, il n'y a pas de fanzine de professionnels, mais seulement des fanzines d'amateurs. Pour un amateur, c’est le meilleur moyen de faire de la publicité pour son travail et de montrer ce qu’il sait faire.

QJ : Pour toi, cela représente quoi ce projet de fanzine ?

DD : Parmi mes élèves, certains sont chez Quartier Japon depuis plusieurs années. Ils sont donc arrivés au stade où ils ont de bonnes bases pour commencer à réaliser des planches manga. C'est l'étape d'après pour eux ! Ainsi, tous ceux ayant participé à ce premier fanzine ont deux ou trois années minimum de cours de manga, pris avec moi chez Quartier Japon et d’autres structures auparavant. Ce fanzine c'est aussi par rapport au prochain Japan Expo. Japan Expo demandait à ce que l’on ait un fanzine pour nous allouer un stand et en même temps, je voulais représenter Quartier Japon à travers un fanzine et faire quelque chose de plus professionnel que ce que nous avions fait jusqu’à présent. Nous participons à des festivals manga et on vend juste des dessins, des portraits et on n'a pas le choix de faire autre chose.

QJ : Comment as-tu mis en place ce projet avec tes élèves ?

DD : Quand j’ai annoncé ce projet (en septembre 2015) pas mal d'élèves étaient motivés. Car pour pas mal des élèves, c'est leur rêve de devenir mangaka et de créer leur propre histoire. Donc, ils étaient très motivés. Mais c'est du boulot de créer un fanzine et il faut s'y mettre le plus tôt possible. Pourtant, on s'y est mis un peu tard. Des élèves ont fait un one shot (histoire courtes de 20 à 60 planches) en rapport avec leur propre rêve, leur propre projet de devenir mangaka. Une histoire manga, normalement c’est 200 planches réparties en chapitres de 20 planches. Les « shonen jump » au Japon correspondent aux chapitres, qui sont publiés un à un.

QJ : Concrètement, comment vous avez avancé, sur le choix des histoires, le thème… ?

DD : Chaque samedi, on a donné des cours en rapport avec les différentes étapes nécessaires pour créer une histoire. J’ai annoncé ce projet en septembre et ensuite, pour les vacances de Noël, j’ai demandé à chacun de réfléchir à un scénario. Chacun des élèves devait donc créer un petit scénario pour 20 planches. C'est long mais ça va assez vite. Et début janvier, on devait commencer le travail sur le scénario.

QJ : Tous les élèves ont été partants ? Quels genres d'élèves ont été tout de suite investis ?

DD : Ceux qui ont pour rêve de devenir mangaka et ceux aussi qui avaient déjà une idée de scénario. Ensuite, pendant un cours de début janvier, chacun est passé au tableau faire un pitch de son histoire. Les autres les ont écoutés et on les a aidés à avancer, à éclaircir leur idée. C’est un travail de groupe : chacun a sa propre histoire mais on travaille en groupe, on s'aide, comme une petite famille.

QJ : C'est important pour toi cet aspect ?

DD : Oui, c’est important. Pendant ce cours de janvier, tout le monde était concentré. D’ailleurs, j'ai insisté sur cette concentration nécessaire, afin de pouvoir aider au mieux celui qui passait au tableau. On était tous à fond pour aider son voisin.

QJ : D'une façon générale, comment ce projet a ensuite pris forme ?

DD : Assez vite, car chacun avait bien réfléchi à son histoire. Ce qui a été un peu compliqué, ça a été le storyboard. Le storyboard, c’est un brouillon, un croquis de la planche finale : où placer les cases, combien de cases par planche, où placer les personnages, les bulles de dialogue… C’est la partie la plus importante du manga, car c’est elle qui permet au lecture de comprendre l'histoire, de l'aider à suivre le fil de l’histoire à travers les transitions. C’est sur cette étape que les élèves ont eu pas mal de difficultés. C’est l’étape qui a été la plus longue. En fait, chacun a son histoire en tête et faire passer ce que l’on a en tête, c'est dur. Les élèves n’ont pu passer au crayonné que quand ils ont eu fini leur storyboard et après que les différents professeurs intervenants l’avaient approuvé.

QJ : Après cette étape, comment la suite s’est enclenchée d'une façon générale ?

DD : Certains des élèves ont fait leur storyboard et ont poursuivis alors que chez d’autres, le storyboard les a bloqués et ils ont abandonné le projet. De rares élèves ont voulu passer directement du scénario au crayonné sans passer par le storyboard et il a été difficile de leur faire comprendre l'importance du storyboard.

QJ : En quoi cela leur a-t-il été difficile, cette étape du storyboard ?

DD : Je me pose encore la question, je ne sais pas. 3 ou 4 élèves par groupes de 10-15 soit 10-12 élèves au total ont été bloqués, surtout les débutants. C'est normal. Sur les élèves que j'ai depuis plusieurs années, une seule s’est arrêtée. Du coup c'est dommage, qu’ils se soient arrêtés là, car cela traduit que l'élève a du mal à faire passer ce qu'il a en tête. Ensuite, une fois que l'on encre après le storyboard ou sans passer par cette étape, après c'est fini ; on ne peut plus revenir en arrière et apporter des corrections.

QJ : Pour ceux qui ont continué, comment cela s’est-il passé ensuite ?

DD : Le storyboard passé, on est passé au crayonné. Pour certains, le storyboard leur avait pris beaucoup de temps. Certes, il est important de prendre son temps, mais quand on a une dead line, comme cette fois avec le festival Japan Expo, il faut speeder. Pour moi, j’avais en tête le déroulé suivant sur le déroulé de ce projet : scénario en janvier-février, storyboard en février-mars, le crayonné en mars-avril, puis l’encrage en avril-mai. A l’origine, la dead line était fixée à la mi-mai, pour qu'on ait ensuite le temps de faire la trame, le cleanage des planches et la couverture. En fait, on a été hors line, sauf certains élèves qui ont été très en avance. Ces deux élèves-là, très en avance, ont fait tout étape par étape sans que je n’ai rien eu à redire. Ils ont tout fait ! Pour les autres, dès passé l’étape du storyboard, on est passé à l’étape du crayonné, ce qui a été assez vite car on a alors le schéma des planches. Mais cela n’a pas été si évident, car pour certains, il a fallu que l'on travaille sur des détails - sur leurs personnages, les proportions… Un des élèves mettait en scène un nombre de personnage important à reconnaitre et ce en seulement 20 planches. Il était donc nécessaire de différencier chacun des personnages avec des détails propres à chacun (coupe cheveux, habit ou accessoires, expressions des visages...) Ca a pris du temps pour lui, cette étape du crayonné.

QJ : La suite, cela a été quoi ?

DD : Après le crayonné, nous sommes passés à l’encrage. C’est une étape importante, car si on se loupe, si l'encrage est foiré, le dessin est moche. Ce qui explique pourquoi l’encrage prend beaucoup de temps. Certains ont sous-estimé l'encrage et le temps que cela prend. Par exemple, dans mon propre cas, je pensais encrer mes 30 planches en une semaine et finalement j'ai mis plus d'un mois à les encrer ! Pour d'autres élèves, cela a été pareil. Il s’est passé une chose sympa que j'ai bien aimée : un des élèves était très à la bourre au niveau de l’encrage ; même arrivé au mois de juin, il n’avait pas fini. Eh bien, les autres élèves l'ont aidé, chacun a pris une de ses planches et elle l’a encrée. Même des personnes qui ne sont pas de mes élèves l’ont aidé !

QJ : Est-ce que cela se voit que l’encrage est effectué par différentes personnes ?

DD : J'avais peur de cela et j'ai donc attendu au dernier moment pour demander à différentes personnes de lui donner un coup de main. Mais non, c’est fou d’ailleurs ! : ils ont réussi à reproduire le style de l’élève en question !

QJ : Aujourd’hui, ce soir, le fanzine se présente comme étant presque fini ?

DD : Pas encore pour tous, mais avec les participants qui ont fini leur histoire, on a fait la couverture du fanzine. On a aussi réfléchi à la composition du fanzine et à sa couverture. Finalement, chacune des personnes ayant dessiné une histoire, a dessiné son personnage afin qu’il figure dans la couverture, et finalement c'est sympa !

QJ : A présent, c'est quoi l’étape suivante ?

DD : Michel, autre intervenant mangaka, doit faire la composition du fanzine avec un logiciel prévu pour : faire la mise en page, en premier la couverture puis ce que l'on met après - le sommaire, quelle histoire apparaîtra en premier, en second... Il s’est aussi passé un autre moment sympa à cette étape : les élèves qui n'ont pas pu faire de one shot ont fait des fanart. Un fanart, c’est quand on reprend un personnage de manga ou autre, mais on le redessine avec son propre style et son propre univers. Les élèves qui ont fait un fanart ont utilisé les personnages de ceux ayant réalisé le one shot pour le fanzine. C'est top et sympa, de retrouve ses personnages redessinés par quelqu'un d'autre ; c'est un début de gloire !

QJ : Avant de terminer, as-tu autre chose à nous dire ?

DD : Oui. J’ai été impressionné par les histoires de tous, je ne m'attendais pas à un tel résultat ! A travers leurs planches, je me rends compte de leur progression. Je me rends compte des résultats des cours qu’ils ont pris. Au début de leur formation, certains élèves avaient du mal à dessiner des personnages en mouvement et pour le fanzine, ils ont réussi à faire 20 planches avec des personnages dynamiques. C'est beau, c’est une réussite et une fierté, pour moi, pour Quartier Japon comme pour eux ! D’ailleurs, je le leur ai dit, Michel aussi, quand on a regardé l’ensemble de leurs planches : c'est hallucinant le niveau qu’ils ont atteint ! Michel et moi, nous avons fait une école de mangaka, pendant plusieurs années et si on compare les planches des participants au fanzine à celles de nos condisciples de l’époque ayant fait l'école de manga, il n'y a aucune différence de niveau. Même, pour certains, c'est meilleur ! C'est impressionnant de voir cette progression !

QJ : D'un point de vue humain, en tant que chef de projet, tu as autre chose à nous dire ?

DD : j'ai beaucoup apprécié car cela a été un projet d'équipe. Pour moi, c'est ma vision du manga : faire ensemble, avancer ensemble et ne pas laisser quelqu’un à la traîne. J'apprécie beaucoup.

QJ : Manager un groupe sur un projet aussi long, c’est complexe ?

DD : Ce n’est pas si évident que ça, c’est du boulot. Je ne pensais pas que cela allait être aussi dur. Dur de réussir à motiver les gens et remotiver les gens qui l'étaient au début et qui ont arrêté. J’ai aussi dû montrer l'exemple : je les critique sur des erreurs que je fais habituellement sur mes planches et là, j’ai dû faire attention à faire ce que je disais… Ce soir, nous sommes dans la dernière ligne droite, avec comme point de mire Japan Expo dans une semaine !! Nous n’avons pas encore fini et on se tape donc des nuits blanches et certains élèves s'y mettent à fond. Des élèves sont tellement motivés, notamment un, qu’il a déjà commencé à créer le scénario et le storyboard pour l'an prochain !! C’est beau de voir un jeune de 15 ans finir ses 20 planches en non-stop et toujours aussi motivé qu’il est déjà parti pour le projet de l’an prochain ! Moi-même qui ai fait 30 planches, j'en peux plus... Les planches manga c'est dur : c’est beaucoup d'heures de travail, c'est dur surtout si on travaille à côté ou que l’on est étudiant. C’est notamment le cas de cet élève qui a pris du retard, car il travaille en parallèle, mais il va faire au mieux, il ne va pas lâcher l'affaire malgré le retard. C’est aussi un peu de stress, car ce n’est pas encore comme si le fanzine était déjà sorti et prêt à être présenté. On l'envoie après-demain au plus tard à la boite d’impression, qui imprime sous 8 jours. Et Japan Expo commence dans, …, 8 jours ! Je serais dégoûté si on ne le sortait pas pour Japan Expo. Ce serait dur pour les jeunes. J'ai à présent super hâte de voir le résultat de ce projet et d'avoir les retours des lecteurs, ce qu'ils vont en penser. On va avoir des critiques, des erreurs pointées du doigt.... Quelle sera la réaction des élèves participants face aux critiques et aux compliments ? Si on est à Japan Expo et qu’à notre stand, des jeunes visiteurs regardent et critiquent le fanzine et qu’ils le jettent par terre, comment vont réagir les élèves ? Je pense que non, nous n’aurons pas cette réaction, car on sent l'amour des participants, ceux qui l’ont fait, dans le fanzine. On va voir…

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J’ai ensuite interviewé deux des participants, un peu représentatifs finalement du groupe : car l’un est super en avance et travaille déjà sur le fanzine de l’an prochain, quand l’autre est en retard et fait son maximum pour terminer ses planches dans les temps.

Ernest, 15 ans – en seconde année de formation de mangaka

QJ : Comment tu vis ce projet ?

EF : C'est la première fois que je participe à un tel projet. On a eu beaucoup de chance de pouvoir participer à ce projet, car les jeunes de mon âge n'ont pas cette possibilité. Ils n’ont pas la possibilité d’être encadrés, de recevoir des directives et de l'aide. Du coup, on peut prendre cette expérience comme un entraînement pour la vie active : on veut tous être mangaka !

QJ : Y a-t-il eu des aspects difficiles au cours de ce projet ?

EF : Au début, on pensait que c'était simple lorsque l’on voyait le travail des grands mangakas. Mais le monde du dessin est très sélectif et ce n'est pas simple et on s'est rendu comment c'est difficile. D'autre temps difficiles ?? Comme on s'y est pris un peu tard, nous avons eu du mal avec la dead line : on s'est dépêché et on a véritablement couru après la dead line. Mais ça a été.

QJ : Y a-t-il eu des choses que tu as aimées et auxquelles tu ne ‘attendais pas ?

EF : Plutôt la réaction des autres. Quand on fait une histoire, on pense que cela ne concerne que soi-même, mais en fait, je me suis rendu compte que les autres nous ont aidés et qu’ils s’y sont intéressés. Ca, ça m’a surpris.

QJ : Autre chose ?

EF : Grâce à ce projet, on a vu l'envers du décor du manga : au début que l’on prenait des cours, on venait juste apprendre des choses et là, à présent que l’on a un projet, cela nous a permis d’apprendre sur les autres, quel est le vrai regard des autres.

QJ : Tu penses que cette expérience, cela te servira à l’avenir ?

EF : Oui, je pense que je veux me donner une chance, de travailler dans cette filière. Si on s'y prend tôt et bien et on se prend en main tôt, on peut donc se donner une chance dans ce milieu.

QJ : Tu as autre chose à ajouter ?

EF : Un remerciement à Michel et à Stéphane : grâce à Michel, on a pu tenir les délais et grâce à Stéphane, nous avons pu bénéficier d’un investissement suffisant pour pouvoir réaliser ce projet.

________________________________________

Eric, 23 ans – en seconde année de formation de mangaka

QJ : Il y a des choses que tu veux dire au sujet de ce projet et de cette expérience ?

ES : Dans un premier temps, merci à tous ceux qui ont aidé. Même si cela ne les concernait pas, ils étaient là et ils ont aidé.

QJ : Autre chose ?

ES : C'est enfin fini, enfin !

QJ : Ca a été dur ?

ES : Très. C’a été extrêmement difficile ; la motivation, l’envie. J’ai effectivement eu envie d'arrêtertout le temps.

QJ : Par rapport à quoi, cela a été difficile pour toi ?

ES : Par rapport au temps que cela prend. J'ai été arrogant par rapport aux planches. Oui, de l'arrogance ! Car je pensais pouvoir claquer ça comme je le voulais, rapidement. Finalement, le résultat obtenu, je le trouve moyen, en dessous de ce que je pensais. Je n’ai d’ailleurs pas de réelle satisfaction en dehors du fait que ce soit fini. Je me sens à présent, comme pour une course, dans laquelle on arrive 10e et on se contente de finir…

QJ : Mais à travers cette expérience et cet aspect-là, tu as acquis quelque chose ?

ES : Oui. J’ai appris qu’il faut que je m'améliore. Je suis en fait assez mauvais perdant. Ca fait partie de mon caractère. Je suis assez mauvais perdant mais je ne le montre pas. J'aime aussi les challenges. C’est parce que j’aime les challenges que j'ai continué. Au final, le fait que je n'ai pas réussi, ça porte un coup.

QJ : Y a-t-il eu des choses que tu as appréciées ?

ES : L'entraide, le soutient, franchement le soutient de tout le monde. Cela est très moralisant pour moi : tout le monde est venu m’aider alors qu’ils auraient pu se dire « qu’il se débrouille », alors que chacun aurait pu être individualiste. Chacun n’aurait très bien pu s’occuper que de ses planches, mais ils m’ont beaucoup aidé. Je ne peux leur en être que très reconnaissant !

QJ : Si tu n'avais pas été à la ramasse, tu n'aurais pas pu expérimenter cette aide de la part des autres ?

ES : Oui. Mais j’ai ce côté arrogant chez moi, qui fait que j'ai surtout du mal à digérer le fait que mes planches, ce soit mal fait et bâclé… Je savais que cela allait être difficile, mais je pensais que tout se déroulerait comme je le souhaitais malgré la difficulté, que j'aurais les planches telles que je les avais souhaitées, imaginées.

QJ : Autre chose à ajouter ?

ES : Je pense que je reviendrai l'année prochaine meilleur. Ca ne m'a pas dégouté. Au contraire, j'adore les défis ! J'aime bien quand il faut combattre, donner.

QJ : Eric, tu as un frère (12 ans) qui suit aussi les cours de manga depuis cette année, avec toi. Tu penses que quelque chose de cette expérience l’a touché ?

ES : Je pense que le premier point qui l’a touché, c'est de ne pas avoir pu participer au fanzine. Il lit beaucoup de BD. Au début, travailler avec David sur ce projet, cela l'a motivé, de vouloir faire des planches. Mais au final, il n’a pas participé, car Il était en retard et malheureusement, je n'ai alors pas eu le temps de l’aider. Il avait fait un storyboard et je n'ai pas pu l'aider à le corriger car j'étais moi-même trop concentré sur ce que je faisais. Il était pourtant encore plus motivé que moi... Je crois que c'est cela qui m'attriste. Il ne me l'a pas dit, mais je le sais, je l'ai vu. Quand je lui ai dit qu'il ne pourrait pas être publié cette année, il était très déçu. Par contre, dès qu’il a eu ensuite une occasion de participer, par exemple pour la couverture, l’encrage, il a toujours été là.


Article paru le 25/07/2016


Glwadys "Ma rencontre avec le kimono"

Nice Kimonoya Rouge.png
*Glwadys est l'animatrice du site et de la boutique de vente en ligne de kimono et de vêtements originaux créés à base de kimono "Nice Kimonoya". http://nicekimonoya.com/

Elle nous raconte sa rencontre avec les kimonos et comment elle a fait de sa passion l'une de ses activités professionnelles.

La couture : pas d’apprentissage pendant l’enfance

Je suis de la génération qui n’a jamais appris la couture, quant à ma mère, qui est gauchère, elle n’a eu le droit d’apprendre à coudre que des boutons. En effet, on estimait à l’époque qu’il était laborieux d’enseigner la couture à une gauchère, car les travaux manuels ne pouvaient pas être le fort d’un gaucher ! Donc, je n’ai pas reçu d’apprentissage particulier à la maison ou à l’école.

La mise en selle dans un atelier de couture de la ville de Paris

J’ai toujours voulu apprendre à faire des robes, et ce n’est seulement que très tardivement, vers 34 ans, que je me suis mise à prendre des cours de couture, dans un atelier de la Mairie de Paris. Sans ce guidage vers les premiers pas, j’aurais eu du mal à me lancer malgré tous les livres de couture que j’avais amassés au Japon. Se mettre à la couture seule requiert beaucoup d’enthousiasme, mais aussi une certaine discipline.

La mise aux travaux manuels, revigorante

Je voulais coudre avant tout pour m’évader du quotidien, et créer quelque chose de beau de mes propres mains. L'école a été pour moi un peu castratrice en tendant à brider l’imagination, et parfois j’estime qu’elle cantonne chacun dans un domaine cloisonné, ce qui peut annihiler les désirs de création des élèves un peu trop sérieux.

Nice Kimonoya Bleu.png
La découverte de l’upcycling de kimono à Kyoto

J’ai découvert l’upcycling de kimono – ou le “kimono remake” comme disent les Japonais – il y a cinq ou six ans. Je suivais des cours de japonais à Kyoto, et c’est là-bas que j’ai déniché mes premiers kimonos, j’en étais toute fière. De retour à Uji, la mère de ma famille d’accueil m’a parlé du Kimono Remake.

J’adore recycler (pour des questions à la fois morales et créatives) et l’idée du Kimono Remake m’a séduite d’emblée. Le concept consiste à découdre un kimono et réutiliser les tissus pour donner naissance à une robe ou à un pantalon, modernes et seyants. Je me suis donc procuré des livres sur le kimono remake à Kyoto mais c'est seulement au bout d’un an que j’ai utilisé les patrons.

Des heures qui passent très rapidement

Au début, cela était très difficile. Je mettais des heures car je recommençais souvent la même ligne. J’ai fait pas mal d’erreurs et aujourd'hui, je souris quand je vois les points maladroits que j’ai pu exécuter au tout début...

Une fois piqué(e) par le virus de la couture, c'est s’arrêter qui devient pénible ! Quand je commence un nouveau modèle qui attise mes envies, je ne vois vraiment pas le temps passer et je me couche parfois à 3 ou 4 heures du matin... Néanmoins, quand on débute, le mieux est de commencer en fin de matinée, le samedi, pour avoir une robe prête pour le lundi.

La couture, pas une perte de temps mais une activité de luxe et de liberté Selon le modèle, découdre un kimono et le transformer en robe peut prendre de cinq à près de trente heures. Beaucoup peuvent évidemment considérer que c'est une perte de temps... Cependant, à présent, je n’achète plus aucune robe car j’estime qu’il vaut mieux porter une robe que l'on a entièrement élaborée et pour laquelle on s’est donné du mal que d’en acheter une sur un coup de tête… Ce sont des philosophies à l’opposé l’une de l’autre. Moi, je considère que créer quelque chose d’unique et de modulable selon mes envies du moment est une réelle forme de luxe et de liberté.

Je conseille ainsi de consacrer au moins 5 heures à la couture au début, car s'interrompre dans cette activité ralentit beaucoup trop la confection. En effet, à la fin, vous n’arrivez à rien de bon et vous vous découragez si vous faîtes trop de pauses.

Le kimono, source d’inspiration précieuse Selon moi, c'est surtout le motif du kimono qui inspire. Sa matière compte aussi. Face à certains kimonos, je ne ressens rien et je ne peux donc rien créer.

Un kimono moyen est construit à partir d’un rouleau qui mesure entre 34 et 36 cm sur 11 à 12 mètres. Il permet de créer au moins 5 objets : une robe et une tunique, un sac, un haut, et une écharpe-cravate.

On peut aussi jouer avec la doublure, s’il y en a une, pour varier et compléter des œuvres, quand le tissu vient à manquer. Certaines doublures sont parfois en soie et sont plus belles que le tissu visible.


Article paru le 25/10/2016


Les bienfaits du kyûdô - la Voie traditionnel de l'arc japonais

Ressentis de deux participants de la semaine d'initiation du 18 au 24 mai 2009 organisée par l'association Kyûdô à Paris (http://www.kyudoaparis.info/)

  • Annie
Annie Kyudo.jpg
Il est dans notre vie de ces moments de beauté, grâce et félicité où notre esprit et notre environnement s’alignent en harmonie.

Lors de cette semaine d’initiation au Kyudo, au Domaine d’Avalon, j’ai découvert que cet art martial japonais, par la rigueur et la symbolique de sa gestuelle et de ses postures, permet d’accéder, en une forme de méditation active et dans une grande sensibilité, à cette harmonie, à cet équilibre. Entre l’arc, la flèche, la cible et notre esprit se produit comme une symbiose, tel un échange, l’intérieur et l’extérieur devenant parfaitement et entièrement coordonnés, permettant ainsi à l’énergie de circuler dans l’infinitude de cet espace limpide.

La pratique du tir à l’arc m’attirait depuis longtemps déjà, mais la vie ne m’avait pas jusqu’à ce jour offert l’opportunité de l'aborder et c’est fort heureux. En effet, s’initier au Kyudo dans ce magnifique lieu d’Avalon a quelque chose d’exceptionnel, la pratique et le lieu se complétant à merveille. De plus, je ne pouvais souhaiter meilleur enseignant que Philippe Dallinga qui vous transmet cet art souvent de manière non verbale, mais toujours avec une grande bienveillance et beaucoup d’ouverture, entouré de la chaleureuse présence des « anciens », Édouard, Véronique, Béatrice et Dominique, et de leurs précieux conseils.

Cette semaine d’initiation m’a solidifiée, fortifiée, en m’ancrant, m’enracinant dans le sol, et par cette connexion établie entre la terre et le ciel, m’a également élevée. De même, la douceur, l’harmonie, la beauté des gestes de cette pratique m’ont remplie d’une merveilleuse gratitude, gratitude de ce don qui m’a été offert d’être un canal, un récepteur – transmetteur d’énergie entre des mondes. Remplie aussi d’humilité, car lorsque s’est produit le « hanaré », la décoche, l’instant où la flèche s’envole vers sa cible, ce n’est aucunement ma volonté qui s’est manifestée au travers de cet acte, mais juste l’expression d’une union où le « moi » s’efface. Lors de cette pratique, je me suis sentie tout à la fois seule, en face à face avec moi-même et en même temps reliée aux autres, aux mondes dans un espace infini.

Comment exprimer l’énergie, la félicité et la plénitude ressenties lors de ma première flèche face à la montagne ? Pleine présence en l’harmonie illimitée des mondes visibles et invisibles !

Ici, dans le Kyudo, l’essentiel est au-delà des mots, il réside dans cette ouverture intérieure du cœur et de l’esprit, cet état d’être et de conscience, cet harmonieux équilibre dont les mots ne sont que simples reflets et dont seule la pratique permet l’entière compréhension. Aussi, je souhaite à tous que l’occasion vous soit offerte de faire un jour un pas dans cette belle « voie de l’arc ».


  • Pierre
Pierre Kyudo.jpg
Rendez-vous vers 10H à la Maison de la Sagesse..

Sourires des participants. Espace empli d’énergie. Montagne et vallée près des nuages.

« Hikitori » Ouverture. Arc et flèches sur leur support. Une cible à moins de deux bras. « Makiwara » de paille tel un épouvantail pour nous éloigner de l’objectif et nous rapprocher de nous-mêmes. Un arc surdimensionné. Juste du bambou et une corde. On appuie doucement sur l’arc pour tendre la corde. Déjà le geste prévaut sur l’action.

YOHI… Connexion terre ciel. On respire de bas en haut, de haut en bas. « comme un arbre ancré » dont les branches peuvent alors avec assurance être souples dans le vent. Ici, l’art du zen dans le tir à l’arc que l’on utilise aussi dans un travail de voix me paraît évident. Il s’agit d’équilibre. De médiation. De centrage.

Le « Dozokuri », enracinement, est aussi primordial que les 7 autres étapes du tir. Au loin, la neige est encore présente. Le silence du lieu et des participants apporte un calme et une sérénité inhabituelle pour un art martial. Kyudo pour occuper les Kamikazes qui n’avaient plus à combattre. Nous étions là aussi pour espérer porter une arme à l’autel de la paix pour qu’elle y reste.

Et puis, premier tir au bout de 2 ou 3 jours... Tout un temps à travailler un rituel, pour y réfléchir, pour affronter la cible, pour nourrir la flèche, « Aya ou Otoya », femme ou homme, de notre bienveillance et respect.

Respiration, tirs, méditation, force dans le faible et douceur dans la tension...au fur et à mesure que le temps passe, il n’existe plus.

Une maison s’est construite pour nous accueillir afin de tirer plus loin. Notre place. Chacun en place, les maîtres comme les élèves.

Une semaine à combattre… avec paix et harmonie.


Article paru le 27/10/2016



Alice, stagiaire au Japon dans une entreprise de Miso

La société
La voie du Miso – Ou être stagiaire au Pays du Soleil Levant

Stagiaire au Japon, c’est possible !

J’ai 21 ans et je suis étudiante à VetAgro Sup, une école formant des ingénieurs agronomes. Afin de prendre conscience des réalités d’une entreprise agro-alimentaire, j'ai dû trouver un stage au sein d une entreprise de ce genre. Etant partie au Japon au cours de l’été 2015, seule et en sac à dos, j’ai voulu retenter l’expérience mais dans un cadre plus professionnel. Le problème arrive ici. Les entreprises japonaises n’ont pas la tradition du stage qui existe en France et les entreprises étrangères implantées au Japon ne souhaitent pas se charger d’une stagiaire. Après avoir contacté de nombreuses entreprises francaises possédant un siège social au Japon, bien souvent des multinationales non intéressées par des stagiaires agronomes.., des entreprises japonaises exportant en France, et des compagnies étrangères, je commençais à baisser les bras. C’est alors que la compagnie Kakukyu Hatcho Miso, dont j’avais retrouvé un prospectus distribué lors d’un salon à Paris, m’a répondu.

Le Miso, un produit « noble » issu de procédés centenaires

Hatcho Miso produit deux types de miso, le Hatcho miso (à base de soja, leur produit phare, et le Akadashi miso(à base d’un mélange soja riz. L’entreprise localisée à Okazaki, ville proche de Nagoya, fabrique des produits réputés dans la préfecture d’Aichi. En effet, utilisant des savoir-faire transmis depuis 19 générations (1645), ils produisent du miso de grande qualité utilisé pour la confection de plats traditionnels. Le musée dédié au Hatcho Miso retrace l’évolution des techniques de fabrication. Les 30 artisans-ouvriers travaillant à la confection du miso, de sa préparation à son emballage, perpétuent les traditions tout en s’aidant des moyens technologiques actuels pour faciliter leur travail et produire du miso de la meilleure qualité possible.

Le hatcho miso est issu du soja, trié, lavé, cuit à la vapeur puis ensemencé d’une moisissure noble, Aspergillus oryzae (c’est le même principe que pour le fromage) il est ensuite stocké dans de grands tonneaux de bois ou oke pendant 2 ans minimum au cours desquels s’effectue une fermentation naturelle. Des visites guidées de la manufacture sont organisées tous les jours afin d’accueillir chaque année plus de 200 000 touristes. En France, c’est principalement le Hatcho Miso que l’on peut commander via des sites web tel que Lima (réputé dans le milieu de la macrobiotique) ou Clearspring. La Maison du Sake à Paris vend également certains de leurs produits ainsi que certains magasins bio.


Dépôt des pierres au sommet du oke, jour 1 de la fermentation. Le oke sera ouvert 2 ans plus tard.
Vie en entreprise et vie quotidienne

Je suis donc leur première stagiaire, et leur première stagiaire étrangère. Leur volonté, en m’acceptant comme stagiaire, est de développer leur ouverture sur le marché français. Mon rôle est de promouvoir leurs produits, leurs savoir-faire et leur image. Pour cela je contacte par mails des magazines francais, des sites web, des restaurants, des magasins et des associations potentiellement intéressés par ce sujet. Je suis également chargée de la réalisation d’une vidéo de présentation de l’entreprise ainsi que de prospectus pour le SIRHA de Lyon.

Ma vie quotidienne est bien loin de celle décrite par Amélie Nothomb dans Stupeur et Tremblements ! Comme dans tout pays étranger, certaines choses surprennent et interpellent (comme les 5 minutes de gymnastique collectives dans la cours chaque matin) mais rien de bien méchant. J’ai été accueillie très chaleureusement et j’ai la chance de pouvoir participer à des activités en lien avec la découverte de la culture japonaise (cérémonie du thé, mizuhiki, cours de cuisine), visites (visite d’une manufacture de matcha, fabrication de taiko) etc. D’après mon expérience, il est assez difficile de trouver une structure d’accueil au Japon, mais cela n’est pas impossible.

Avoir un très bon niveau de Japonais est clairement un avantage mais pas forcément obligatoire. J’ai pour ma part un niveau débutant à l’oral mais une bonne maitrise des caractères japonais. Une volonté mutuelle de partage et de compréhension de l’autre et de sa culture est le plus important, l’anglais et les dictionnaires tel que Nichifutsu Jiten sont alors des outils magiques. Concernant les aspects pratiques notamment financiers, il peut être intéressant de demander s’il est possible d’obtenir un logement par exemple ou une compensation financière pour les frais de nourriture.

Le système des bourses d’études est bien développé en France et il est possible de trouver des aides en passant par sa fac, son école, le Crous etc ou par des associations aidant à partir en voyage (chercher dans vos villes d’origine !).

Je vais poster une série de petits articles concernant le miso et sa fabrication sur la page facebook de Ichigo Kai https://www.facebook.com/kidseventclermont?fref=ts , l’amicale franco japonaise du Puy de Dôme où se situe mon école. Vous trouverez également des recettes en français sur la page facebook de Kakukyu Hatcho Miso https://www.facebook.com/sato1382/ . Voici le lien menant vers leur site officiel, en japonais majoritairement, cependant des recettes bien illustrées sont disponibles en cliquant sur le premier onglet de « Community ». http://www.kakukyu.jp/recipe.asp

Si vous avez des questions ou des remarques concernant le stage en lui-même ou bien le hatcho miso, vous pouvez me contacter par facebook et je vous répondrai avec plaisir.

Article paru le 04/11/2016


Ivan, créateur de Yôkai et de tsukumogami

Yôkai, par Shunkosai Hokuei


Le mot Yôkai (妖怪 en japonais) est composé des kanjis 妖, que l’on retrouve dans les mots «Bizarre », « étrange » et怪, que l’on retrouve dans le mot « mystère ». 妖怪 renvoie donc à « une apparition horrible », à « une apparition monstrueuse ».

Dans la culture japonaise, les Yôkai sont des créatures surnaturelles très présentes dans le folklore japonais.


Les Yôkai représentent une grande famille, avec de nombreuses variantes, chacune avec ses propres caractéristiques et représentant toutes la gamme des caractéristiques allant de l’espièglerie à la malveillance.

Plus rarement, certains d’autres eux sont censés porter chance.

Au sein de cette grande famille, on trouve les Kappa, les Tanuki, les Kitsune…




Yôkai, par Ivan Sigg


Je m'appelle Ivan Sigg.

Je suis peintre, illustrateur et écrivain, ancien élève des arts décoratifs de Paris, ancien élève de l'historien de l'art Daniel Arasse et consultant en innovation et créativité.

J'ai été douze ans dessinateur au quotidien Le Monde et à Libération.

Je suis passionné par le Japon : pratique de l'Aikido pendant dix ans, écriture de haïkus, cuisine japonaise végétarienne...

Et je m'apprête à faire mon huitième voyage au Japon : en effet ce 1er mars 2017 je pars trois mois à Kobe où j'exposerai mes "Suiseki peints" du 7 avril au 7 mai.


Quelques jalons pour expliquer mes yōkai et tsukumogami :

1987 : Je suis membre du groupe de streetartists Banlieue Banlieue (notamment avec l'artiste Kenji Suzuki )et nous projetons des Yōkai sur les murs d'une église lors des "Nuits noires du Havre". À l'époque, nos spectres facétieux sont gravés sur des diapositives et déplacés sur les voûtes avec un projecteur à main. On en est encore à l'époque de la lanterne magique ^_^.

2015 : Connaissant mes spectacles en peinture numérique animée (sur tablette numérique), l'agent d'artiste Yoshiaki Takafuji et l'artiste Kenji Suzuki me proposent de projeter mes yōkai dansants sur les rochers du cimetière de Nara non loin des grandes fresques hindo-bouddhistes vieilles de 2000 ans.

Tsukumogami, par Ivan Sigg
2017 : J'offre au collectionneur Pierre Stéphane Proust la possibilité de présenter à Oyonnax (Ain) sa magnifique collection qui retrace toute l'histoire du Manga du XVIIIe siècle à nos jours : gravures, emakimono, nobori, kamishibai, figurines, manga, anim, affiches, mailart...

Chantal Farama, la commissaire d'exposition me propose de donner des visites improvisées de l'exposition à de nombreux groupes pour apprendre aux spectateurs à décrypter les images et les principes fondateurs du Manga :

1) Ga = dessin ; Man = libre, spontané sans but, sans volonté (ou = 10000)

2) Observation du quotidien (monde flottant ukuyo-e, impermanence)

3) Exagération, déformation, caricature

4) Satire, dérision, humour

5) Superstitions, animisme

Je ne suis pas Mangaka, mais les 10000 croquis de La manga en 15 volume du vieux fou de dessin Hokusai (1760-1849) sont fascinants pour un peintre comme moi et surtout, ses principes sont les miens (excepté le 5e :). J'apparente cette encyclopédie du vivant aux 72 pages du Codex de Léonard de Vinci (1452-1519). Une soif insatiable de tout observer, tout savoir et tout comprendre, relie ces deux génies.

Je propose donc à la Commissaire d'expo et au collectionneur, de réaliser en direct devant les visiteurs, des yōkai contemporains, sur un emakimono de 15m x 0,8m. J'emploie une technique de mise en couleur au chiffon et d'estampage au pastel à la cire noir (tout relief est bon : linogravure, gravure sur bois, semelles de chaussures...) Je propose également à tous les groupes de jeunes visiteurs et fans de Manga de réaliser des Tsukumogami à partir de cafetières, réveils, cocottes minutes et parapluies (au Japon, au bout de 100 ans les objets usuels se transforment en Tsukumogami qui font les pires bêtises dans la maison ^_^).

Vous pouvez me suivre sur mon blog et mon Instagram. Blog : http://ivansigg.over-blog.com/ Site : http://ivan-sigg.com/

Article paru le 02/03/2017


La vie de ma propre boutique japonaise YODOYA, à Paris

YODOYA (淀屋) signifie « magasin de Yodo ».

YODOYA.jpg

Yodo est un quartier d'Osaka, au même titre que Yodo-gawa (la rivière de Yodo), Yodo-bashi (pont de Yodo), parce que mon père est né à Osaka. Mon ancêtre, un grand marchand d'Osaka, se nommait aussi YODOYA Tatsugoro. C'est même lui qui a construit le Yodobashi. On peut le retrouver dans les livres d’histoire japonaise ! Il était incroyablement riche, donc le gouvernement l’a détruit. C’est la raison pour laquelle nous sommes devenus une famille pauvre. C'est tout ce que mon père m'a raconté quand j'étais petite...

Mes parents avaient un petit restaurant familial du nom de YODOYA à Tokyo, la ville dans laquelle je suis née. À l’entrée, il y avait un lampion de Matsuri (la fête de quartier japonaise) et le noren (un petit rideau présentant le nom du magasin). Malheureusement, ils ont déménagé. Et je l'ai oublié en grandissant.

Quand ma mère est décédée, j'ai trouvé le noren du YODOYA au fond de son tiroir. Et d’un coup, une énorme idée est née dans mon cœur ! « C'est moi qui perpétuerai l'enseigne de mes parents à Paris !!! » Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à ça !? La suite est un rêve devenu réalité. La vie est vraiment mystérieuse !

Au début de mon séjour à Paris, j'étudiais la langue française à la Sorbonne. En même temps, j'ai plusieurs fois fait du baby-sitting d’enfants franco-japonais. En effet, au Japon j’ai d’abord été institutrice.

Dans l’appartement des parents de ces enfants, un couple franco-japonais, il y avait de jolies décorations mélangées. Par exemple, dans un appartement ancien, il y avait un kimono aux beaux motifs, un kakejiku, un masque de Kabuki... C’est alors que je me suis dit : « Pourquoi ne pas ouvrir une boutique japonaise ? »

Au début, je préférais ouvrir un petit restaurant comme mes parents. Mais on m'a dit que c'est très dur et vraiment très coûteux. On m'a demandé si j’avais les ressources nécessaires.

Oui c'est vrai. Je n'avais pas beaucoup d'argent. Et petit à petit, j'ai pensé qu’une boutique de vente d’objets japonais m’irait mieux, parce que j'adore les objets de décoration et en céramique !

Un jour dans le journal, j’ai lu une annonce à propos d’une boutique dans le Marais à louer. Quand j'ai visité ce local, j'ai eu un coup du cœur ! Le mur était en pierres et il y avait une poutre ancienne. J'ai tout de suite imaginé que ce local serait parfait pour accueillir des objets japonais !

J'ai donc commencé à entreprendre de créer une société. Mais comment ??? J'étais encore une étudiante, en France depuis même pas 3 ans. Je ne parlais pas encore bien le français et je ne connaissais rien de la loi ou du droit en France. Il y avait beaucoup de difficultés...

Mais voilà, cela fait maintenant 15 ans que je tiens ma propre boutique japonaise à Paris, en gardant l'enseigne de mes parents, YODOYA. C'est vraiment un miracle pour moi !

J'ai participé à Japan Expo pendant 10 ans pour faire des Matsuri, présenter des kimonos et des objets japonais, mais surtout pour présenter la pêche aux poissons rouges et une pêche de yoyo-fusen, très populaires au Japon ! J'ai aussi quelque fois participé à des salons et à des foires internationales. Quand je présente la culture Japonaise, je porte un Happi (une petite veste traditionnelle) et un tenugui autour de la tête pour éviter de transpirer. C'est vraiment une atmosphère de Matsuri que j'adore depuis toute petite et c'est aussi un peu comme si j’étais dans la petite boutique de mes parents ^^ Je voudrais continuer de présenter la culture Japonaise authentique en France et servir de passerelle entre la France et le Nippon ‼

Miyako Ando

Site Yodoya : http://www.yodoya.fr/


Article paru le 01/08/2017


Pratiquantes devenues enseignantes d'ikebana

Karine Galinier, Valérie Gaudin et Ghislaine Benoit, ont été formées par Akiko Gishi pendant plusieurs années, jusqu'au passage du grade "Waki-san", qui leur permet de réaliser des compositions rikkas et de transmettre leurs connaissances et leurs expériences en ikebana à des élèves. Toutes les 3 sont ainsi diplômées de l'école Ikenobo.

Quand leur Maître, Akiko, a souhaité se lancer dans une nouvelle activité professionnelle, elle leur a proposé de prendre sa suite, à la fois en s'occupant de l'association qu'elle avait créée (Atelier Mizuki de Paris) et en assurant ses cours d'ikabana.


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Karine Galinier

"Quand j’ai commencé à pratiquer l’Ikebana, jamais je n’aurais pensé pouvoir enseigner.

C’est Akiko GICHI qui m’a fait comprendre qu’en rentrant en contact avec les végétaux on pouvait nouer une conversation intime avec eux. Ce professeur a déclenché chez moi l’envie d’aller beaucoup plus loin.

Aujourd’hui, en tant que membre actif de l’association, une de mes tâches a pour objectif de permettre à ses membres d’échanger, d’observer et d’avoir une approche intime avec les végétaux. Comme dans de nombreuses disciplines japonaises, l’ikebana n’est pas uniquement de la technique mais c’est surtout de la pratique. L’art floral japonais naît du respect envers la nature et apprend à faire preuve de patience et d’effort pour vaincre les difficultés, se dominer, se dépasser. Ainsi, l’ikebana repose sur une manière de vivre, une philosophie.

Je regrette un peu que peu d’hommes ne fréquentent les cours d’Ikebana. Je ne pense pas que les hommes soient moins sensibles où moins capables d’aimer cet art puisque les samouraïs, à l’époque, pratiquaient l’Art des fleurs en temps de paix pour travailler leurs concentrations.

Déroulement type d'un cours : Le cours d'une heure et demie est destiné aussi bien pour les débutants, qu’aux personnes ayant déjà pratiqué.

Il commence par la mise en place des contenants et les outils nécessaires à la réalisation de votre composition. Chaque élève débute avec les mêmes types de végétaux. L’intervenante donne une explication concernant le style d’Ikebana à réaliser et donne des conseils sur la meilleure manière de couper, d’implanter et d’orienter les végétaux, puis l’aide à ajuster la composition. Après avoir achevé votre arrangement, place à la correction devant une tasse de thé et petit gâteau.

L’étape importante à ne pas oublier est de prendre une photo, car au moment où on commence à s’attacher à notre composition, on vous demandera de la démanteler afin de faire un nouvel essai chez vous."


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Valérie Gaudin

"Les oiseaux et les hommes s’accordent pour parler des fleurs. Et pour preuve, j'aimerais partager avec vous ces deux citations : « Heureux celui qui... comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes ». Baudelaire, Les fleurs du Mal.

« Dans la grise et tremblante lumière d'une aube de printemps, n'avez-vous jamais senti, en entendant murmurer les oiseaux dans les arbres, avec une cadence mystérieuse, que ce ne pouvait être que des fleurs qu'ils parlaient entre eux ». Okakura Kakuzō, Livre du Thé.

Pour moi, l'Ikebana est tout à la fois une invitation à la beauté, un apprentissage, et une méditation sur la relation de l’Homme au Cosmos.

Ikebana vient de Ikeru « faire vivre » et Hana « fleurs ». Il s'agit de faire vivre des fleurs dans de l’eau.

Sécateur en main, avec précaution et discernement, on raccourcit un rameau, on dégage une fleur. Un corpus de règles de composition établi par une tradition transmise de maîtres à disciples depuis environ 600 ans, guide la main afin que la composition traduise l’essence naturelle des fleurs, leur beauté intrinsèque, et la vie qui les anime. Lorsque l’élève aura intégré les règles, ces règles lui permettront d’exprimer librement tout son potentiel créatif, de révéler le trésor de beauté qui se cache en chacun.

La composition terminée, celle-ci devient un instant simple et éphémère de partage poétique.


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Ghislaine Benoit

Faire et refaire, prendre le temps d'essayer, se donner le droit de se tromper, partager un moment d'harmonie, toujours dans le plaisir de l'instant…

J'ai appris l'art de l'arrangement floral japonais avec Akiko Gishi. Akiko m'a fait prendre conscience que c'est avant tout en faisant qu'on apprend et que l'expérience est le plus sûr chemin d'apprentissage. Comprendre "avec la tête" vient ensuite.

L'ikébana met de l'harmonie dans ma vie : chaque fleur a sa propre personnalité et c'est ce qu'on cherche à percevoir quand on s'exprime en Ikebana. C'est ce moment de présence aux fleurs, pour moi proche de la méditation, que j'essaie de transmettre aux autres avec le plus grand plaisir."



Sites : http://www.quartier-japon.fr/ateliers-culturels/atelier-creation/ikebana http://ikebanaparis.fr/ Article paru le 01/08/2017