Les Japonais, la France et les Français

De Quartier Japon Wiki.

Mairie de Paris


Bien souvent, nous les Français nous savons et croyons connaître de nombreuses choses sur le Japon et les Japonais. Nous avons cependant beaucoup d’a prioris et de stéréotypes…

Tout pareillement, les Japonais connaissent de nombreuses choses sur la France et les Français et véhiculent également une certaine image et autres idées préconçues de notre pays et de ses habitants.

Cette rubrique est l’occasion pour nos amis japonais de nous instruire de ces images et de nous faire découvrir comment ils nous perçoivent.






Harumi, mon expérience d'enseignante du japonais à des Français

*Harumi - En France depuis près de 15 ans, enseignante du japonais après une carrière dans le tourisme.


Cela fait 6 mois que j’ai commencé à travailler comme professeur de japonais avec Quartier Japon. Au début, j’étais très stressée et, à la maison, avant les cours, je faisais plusieurs fois des simulations de cours. Tout en vérifiant combien de minutes prenait chacune des parties du cours, j’écrivais donc en détails la planification des cours, avant de me rendre aux cours.

Mais si j’essayais de faire le cours tel que préparé, les élèves me posaient des questions inattendues et à des moments tout autant inattendus et parlaient alors de ce qu’ils savent. Ce qui fait que l’on n’avançait pas tel que je l’avais prévu. A cette occasion aussi, j’avais le sentiment que les Français parlent beaucoup. Mais à présent, je trouve cela intéressant.

« Ah, ils savent cela. Sûrement qu’ils l’ont vu dans les mangas. », « Ah, ils pensent comme ça ! », « Les Japonais n’ont pas cette même réaction », je fais plein de découvertes intéressantes. Comme à l’origine j’aime moi aussi parler, le cours dévie et souvent le temps manque.

Mais ces bavardages, c’est intéressant pour les élèves et aussi pour la fierté qu'ils ont de transmettre ce qu’ils savent. Et je pense donc que ce n’est pas un problème, car cela sert à maintenir la motivation dans l’apprentissage de la langue japonaise.

Avec des cours qui seraient davantage cadrés, je ne pense pas que cela fonctionnerait très bien, d’autant que l’objectif des élèves, ce n’est pas de réussir au test d’aptitude, mais plutôt parce qu’ils sont intéressés par la culture japonaise et parce qu’ils souhaitent apprendre le japonais tout en y prenant plaisir.

J’apprends de mes élèves, en leur faisant faire des choses intéressantes pour eux, comme parler des coutumes et des évènements du Japon authentique à travers des photos et des magazines que l’on regarde en cours, en réalisant des origamis et en jouant à des jeux de cartes japonais. Bien sûr, il ne faut pas oublier d’étudier la grammaire et le vocabulaire…

Mon objectif est de poursuivre dans cet enseignement du japonais de cette façon intéressante pour tous.


日本語教師としてカルチエジャポンで働き始めて、半年が経ちました。

最初はとても不安で、授業の前に、家で何度もシュミレーションをしました。

時計とにらめっこしながら、各パートに何分費やすか、細かく書いて授業に臨みました。

でも、実際に授業をやってみると、生徒さんたちは思わぬところで思わぬ質問をして来たり、自分の知ってる事を勝手にしゃべりだしたり、なかなか私の思う様には進ませてくれません、、、。

フランス人は良くしゃべるなあと改めて感じました。

でも今は、その状況を楽しめる様になりました。

“ああ、こんな事を知ってるんだ、きっと漫画に出て来たんだろうなあ”とか、“ああ、こんな風に思うんだ、日本人にはない感覚だなあ”とか、楽しい発見が沢山あります。

私も元々話し好きなので、授業が脱線してしまい、時間が足りなくなる事もしばしばあります。

でもこの雑談が、生徒さんたちにとってはとても楽しかったり、自分の知っている事を自慢できて嬉しかったり、日本語の勉強を続けるモチベーション向上に役立っているのは間違いないと思います。

杓子定規な授業は、日本語能力検定試験を受けるのが目標の生徒さんには必要かもしれませんが、日本の文化に興味があったり、日本語を楽しく勉強したいと思っている生徒さんには、あまり功を奏しないと思います。

写真やイラストを見ながら日本独自の行事や習慣の話をしたり、折り紙をしたり、カルタで遊んだり、そんな楽しさも必要だと言う事を生徒さんたちから学びました。 もちろん、文法や語彙の勉強も忘れてはいけませんが、、、。

長く楽しく日本語の勉強を続けたいと思ってもらえる様な授業を、これからも私の目標として頑張りたいと思います。


Article paru le 04/02/2020

Mariko, mon travail : présenter la culture et la langue japonaises en France

C Mariko
*Mariko - En France depuis 2014. Professeur chez Quartier Japon, depuis 2015.

* QJ : Tu peux te présenter en général ?

Enchantée, je m’appelle Mariko, je suis japonaise et j’habite en France depuis 8 années au total, en comptant ma première année en 2011.

Je suis née et j’ai grandi à Kobé, une ville japonaise dans laquelle se mêlent en permanence beaucoup de différentes cultures étrangères.

Je suis professeure de culture japonaise, c’est-à-dire que j’enseigne à la fois la langue japonaise et des pratiques culturelles japonaises, comme l’origami, la calligraphie, l’illustration…


* QJ : Pourquoi tu es venue en France et tu es restée en France ??

J’ai étudié, au Japon, la pédagogie des beaux arts car j’aimais bien les beaux arts.

A l’université, j’ai aussi commencé à m’intéresser à la vie quotidienne de la France, parce que la France est réputée en général en tant que pays des beaux arts. Notamment, en France, il y a beaucoup de musées consacrés à l'art.

Mais aussi, parce j’avais lu des livres qui parlaient de la vie quotidienne des Français, dans laquelle la vie culturelle semblait tenir une place importante. La culture fait partie de la vie quotidienne et n'est pas quelque chose à côté. Par exemple, beaucoup de Français assistent à des concerts, du théâtre le soir en semaine et pas seulement le week-end ou à des moments plus formels.

En même temps, j’ai voulu voir le monde. Donc j’ai fait une année d’échange universitaire, à Nice.

J’ai ainsi passé un année et vécu la vie française pendant une année et j’ai beaucoup aimé. Grâce à cette année, non seulement l'image que je m'étais faite de la France m'a plu, mais la réalité m’a plu aussi. Après, comme je n’étais restée qu’une année, j’ai eu envie de rester plus longtemps en France.

Mais je suis cependant retournée au Japon pour y achever mes études.

Mes études terminées, j’ai un peu hésité : "Est-ce que j’allais rester travailler au Japon ou j’allais aller en France pour cette fois y travailler ?"

Finalement, j’ai décidé de venir directement en France.

Parce qu'à ce moment-là, il y avait eu un grand tremblement de terre au Japon en 2011, dans la région de Fukushima. Et, de ce fait, le processus de recrutement pour devenir professeur au Japon, s’est trouvé reporté. Et puis, à cause de la survenue de ce terrible tremblement de terre et de ses conséquences, cela m’a fait comprendre que la vie est courte et je me suis dit qu’il fallait que je fasse ce que je voulais. Et j'ai décidé de partir vivre en France !

La France, c’est un pays multiculturel. Mais plutôt que Nice, j’ai décidé de venir à Paris, la ville vraiment multiculturelle, internationale.


* QJ : Depuis ton arrivée et jusqu’à présent, qu’est-ce que tu as fait chez Quartier Japon ?

Avant de trouver Quartier Japon, j’ai cherché un endroit où je pourrais enseigner la culture japonaise, en tant que Japonaise. Et c’est comme cela que j’ai rencontré Quartier Japon.

J’ai trouvé Quartier Japon sur Facebook, mais auparavant, j’avais aussi trouvé Quartier Japon sur la page des associations de l’ambassade du Japon en France.

Je suis ensuite allée visiter Quartier Japon pour voir comment était l’école. Le responsable, Stéphane, m’a alors proposé de remplacé une professeure de japonais, qui venait de changer de travail.

C'est comme cela, que j’ai donc débuté ma carrière de professeure de langue japonaise. Je n’avais cependant pas beaucoup d’expérience dans l’enseignement d’une langue, mais j’ai appris sur le tas, en même temps que j’enseignais.

Après, j'ai eu de plus en plus de cours, pas seulement des cours de langue mais aussi des ateliers de pratiques culturelles japonaises, des activités manuelles.

Comme ma spécialité était davantage les beaux arts que l'enseignement d'une langue, j’ai ainsi pu animer aussi des ateliers d'activités manuelles, comme des cours d'origami, de furoshiki, d'illustration japonaise...

Et jusqu’à ce jour, depuis 5 années, je poursuis mon expérience d'enseignement et d'animation auprès d’un public d’élèves de différentes tranches d’âges, des enfant de 6 ans jusqu’aux adultes et les séniors.


* QJ : Au cours de ces différente activités, quelle a été ton impression ? Est-ce qu’il y a eu des aspects qui t’ont surprise, déçue … ?

Oui, au début, quand j’ai commencé à enseigner, parce que je ne m’attendais pas à enseigner la langue japonaise. Je voulais faire plutôt des activités manuelles. Mais comme on m’a proposé l’enseignement de la langue, j’ai accepté. Puis j'ai continué à faire des efforts pour donner le meilleur de moi.

Ce que j’ai finalement compris, pour l'enseignement du japonais : bien sûr, on a besoin de techniques, de connaître des techniques d'enseignement concernant la pédagogie, mais le plus important, c’est comment faire pour que les élèves se motivent (car ils se motivent eux-mêmes) ?

J’ai beaucoup réfléchi, à comment je peux les amuser tout au long de leur apprentissage du japonais. Cet aspect, aussi, ça m’a plu : le fait de trouver comment les aider à se motiver. Cela m’a plu à moi aussi et cela m’a motivée.

Depuis, avec ces 5 années d’expérience, j’ai compris qu’en tant que professeur, si je m’amuse en tant que professeur tout en restant professionnelle, le cours sera réussi. Pour moi aussi, ce temps d’enseignement avec les élèves est un trésor !

Il n’y a pas vraiment de points qui m’aient déçue, parce que tous les élèves sont déjà motivés dès le départ de leur apprentissage ou de leur participation aux activités culturelles. Il n’y avait donc pas de difficulté. Les motiver davantage et les aider à maintenir leur motivation, c’est la gageure.

J’aime beaucoup ce métier, parce qu’on peut aussi en faire un échange culturel : c’est très intéressant de voir comment les Français apprennent le japonais. Ils ont besoin d’explications, mais dès qu’ils ont compris, cela devient dynamique et vivant.

C’est différent d’avec des élèves Japonais. Les Japonais ont un peu mal à être dynamiques.

Mais que les élèves français aient d'abord besoin d'explications, je trouve que c’est bien. J’aimerais continuer ce travail.


Article paru le 06/05/2020