Les Japonais, la France et les Français

De Quartier Japon Wiki.

Mairie de Paris


Bien souvent, nous les Français nous savons et croyons connaître de nombreuses choses sur le Japon et les Japonais. Nous avons cependant beaucoup d’a prioris et de stéréotypes…

Tout pareillement, les Japonais connaissent de nombreuses choses sur la France et les Français et véhiculent également une certaine image et autres idées préconçues de notre pays et de ses habitants.

Cette rubrique est l’occasion pour nos amis japonais de nous instruire de ces images et de nous faire découvrir comment ils nous perçoivent.






Misako, mes impressions à propos des ateliers de présentation des thés japonais animés chez Quartier Japon.

  • Misako (53 ans - En France depuis 2007)

Traduction : Stéphane - Remerciement à l'amie de Misako pour sa relecture et ses corrections.

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Je vis en France depuis 2007.

Avant, j’ai toujours vécu au Japon à part une année d’études passée à Berlin.

Lorsque j’habitais au Japon, le thé japonais, n’était pour moi que quelque chose de normal, d’habituel. Mais depuis que j’habite ici, en France, ce « quelque chose qui va de soi » est devenu pour moi « quelque chose de spécial ».

De la même manière que pour les Français, le vin est nécessaire et indispensable, le thé vert japonais est pour nous les Japonais une évidence dont personne ou presque ne peut se passer. Bien sûr, les temps changent et il y a malheureusement aujourd’hui des Japonais qui peuvent s’en passer sans difficulté.

Il y a quelques années la cuisine japonaise a été inscrite au « patrimoine mondial de l’humanité ». Elle est bonne pour la santé, belle à voir, et cela me semble normal qu’elle soit ainsi appréciée, mais le thé japonais qui l’a toujours accompagnée ne reçoit pas l’attention qu’il mérite.

Toutefois, ces derniers temps, j’ai le sentiment que l’intérêt pour le thé japonais grandit progressivement. Le thé comprend différents composants reconnus comme étant bons pour la beauté et pour la santé, mais je crois que c’est son goût qui lui vaut cette nouvelle popularité. Je souhaite faire connaître en France les délices du thé japonais, afin que même ici, il soit un moment de détente. Pour cela, j’enseigne la bonne façon de le préparer et de de le boire, et aussi comment on peut l’utiliser dans différentes préparations culinaires, sucrées et salées.

Lorsque j’explique que je suis « instructrice pour le thé japonais », on me demande presque immanquablement si cela a un rapport avec la cérémonie du thé. Cela n’arrive pas seulement qu’en France ; même au Japon, c’est fréquent.

C’est que le thé est au Japon une boisson on ne peut plus banal et que l’on a du mal à imaginer qu’il y ait des choses à apprendre à son sujet. Au Japon, on peut boire du thé facilement partout, à n’importe quel moment de la nuit et de la journée. Si l’on en demande au restaurant, on vous en sert gratuitement. Dans les restaurants de niveau supérieur, on ne vous servira pas le même thé avant le repas qu’après le repas ‒ cela encore, sans rien vous faire payer. Voilà pourquoi les Japonais continuent à en boire sans y prêter attention, quotidiennement, en le préparant de la même manière qu’autrefois, sans se préoccuper de son type. Sans même non plus comprendre qu’en réalité il existe une grande variété de thés et que c’est bien meilleur, et encore plus agréable lorsqu’on sait ce qu’on boit et qu’on le prépare de la manière appropriée.

C’est ce que je faisais moi aussi avant de vivre en France. Mais quand j’ai quitté le Japon, j’ai remarqué que le thé que je préparais n’avait pas du tout le même goût, la même odeur. Je me suis demandée pourquoi, j’ai commencé à m’informer, et j’ai découvert énormément de choses. Cela a fait grandir encore mon intérêt, j’ai continué à étudier, et j’ai fini par obtenir le diplôme d’instructrice du thé vert japonais.


J’ai eu le plaisir d’organiser deux ateliers de présentation des thés japonais chez Quartier Japon. (il y aurait dû en avoir un troisième, en novembre mais il a été annulé du fait des attentats.) Ces ateliers sont pour moi un très bon moment, je les attends avec impatience.

Les personnes qui s’intéressent au thé japonais sont, en général, des personnes qui s’intéressent déjà au Japon. Celles qui viennent chez Quartier Japon connaissent déjà beaucoup de choses sur le Japon et parmi elles, nombreuses sont celles qui ont envie d’en savoir plus, d’approfondir leurs connaissances. Elles ont une qualité d’écoute remarquable, elles posent des questions tellement pointues que cela crée de la tension chez moi. Sans doute parce que je m’y suis un peu habituée, ce silence studieux des ateliers me plaît à présent, et je les fais en espérant transmettre un peu du Japon qui est en moi.

Stéphane, vous le savez certainement, mais au début, je m’inquiétais vraiment de savoir si j’allais être capable de bien transmettre, en français, toutes ces informations autour des thés japonais. En japonais, je suis capable de bien expliquer tout ce qu’est le thé japonais, mais je suis limitée dans le cas du français. Ce problème reste toujours présent mais récemment, j’ai enfin compris que de donner les explications en français, ce n’est finalement pas le plus important. (C’est ce que vous m’aviez dit, Stéphane, au début.) Ce qui relève de mes compétences, c’est seulement préparer les ateliers en y mettant tout mon cœur, préparer les thés japonais et expliquer au mieux avec mon pauvre français.

A la fin des ateliers, plusieurs participants viennent me dire « Pendant l’atelier, je me suis souvenu quand j’étais en voyage au Japon » ou « Les thés japonais, je pensais bien connaître le sujet, mais aujourd’hui, j’ai découvert plusieurs nouvelles choses. » S’il en est ainsi, mon bonheur est complet.


Le mois dernier, j’ai aidé le JETRO ‒ Paris à organiser l’enquête « le thé vert japonais en France ». Pour cette occasion, nous avons utilisé, à deux reprises, la grande salle de Quartier Japon et grâce aux efforts de Stéphane, nombreux ont été les participants que nous avons reçus. (Il semble d’ailleurs que ce type d’enquête n’avait jamais été organisé à l’étranger.)

Pourquoi cette enquête a-t-elle été organisée ? Pour répondre à plusieurs interrogations : le thé vert japonais préparé avec de l’eau du robinet française ne nous paraît pas bon, à nous les Japonais, mais qu’en pensent les Français ? Le thé vert est très tendance aujourd’hui ici, mais principalement sous forme de thé aromatisé ‒ que penseraient les Français du thé vert tel qu’on le boit et tel qu’on l’apprécie au Japon? Si les Français le trouvent bon, quels sont les variétés qu’ils apprécient ?

Tels étaient les objectifs de cette enquête qui voulait produire des données à analyser et en tirer des conclusions.

Le JETRO souhaitait avoir un échantillon d’au moins 50 personnes, mais j’ai appris qu’en seulement quelques jours, grâce à l’efficacité de Stéphane, 60 personnes s’était inscrites. Mme Onishi du Jetro - Paris et moi-même, nous en avons été surprises. Nous en aurions presque poussé un cri de joie !

Au final, du fait de problèmes de trains et du mauvais temps, il y a eu un peu moins de participants que d’inscrits ‒ mais cependant 57 personnes sont venues, ce qui était déjà plus que notre objectif. Nous avons mené cette enquête également ailleurs que chez Quartier Japon et nous avons pu, au final, dépasser nos prévisions en termes de données récoltées.

L’enquête portait sur quatre différents thés et un thé infusé à froid, que nous avons proposés pour la dégustation. Chacun des participants a participé sérieusement et cela nous a beaucoup aidées (certains participants ont particulièrement apprécié les pâtisseries japonaises servies entre les différents thés). Après chaque dégustation, il était demandé à chaque participant de nous indiquer ses impressions concernant le thé qu’il venait de déguster et nous avons ainsi recueilli les impressions de chacun. Les résultats de cette enquête seront bientôt présentés, mais d’ores et déjà nous sommes très heureusement impressionnées qu’autant de personnes aient été aussi intéressées par les thés japonais.

Je pense en effet que l’avenir du thé japonais dépend de ce qu’il sera facile ou non d’y avoir accès.

Je rêve de faire découvrir et re-découvrir les thés japonais aux Français qui aiment le Japon, ceux de Quartier Japon comme de d’autres lieux en France, ou encore aux Français qui n’aiment pas encore le Japon.


Quartier Japon での活動を通して感じたこと。 2007年からフランスで暮らしています。それ以前は1年間のベルリン留学以外は日本で暮らしていました。 日本に住んでいる頃、日本茶は私にとって『普通』の『当たり前のもの』でしかなかったのです。 でも、こちらに住むようになり、『当たり前のもの』は『特別なもの』に変わりました。

フランス人にとってワインが必要不可欠のように、私たち日本人にとって日本茶は『在って当然』というくらい無くてはならないものです。 もちろん時代が変わり、『無くても問題ない』と思う人も残念ながら最近増えているようですが。 先年『和食』は “世界遺産” に登録されました。 健康にも良く、眼にも美しくおいしい和食がそれだけの評価を受けるのは当然だと思いますが、いつもその横にあった日本茶はそれ程注目されていません。

しかし最近、じわじわと関心が高まって来ているように感じます。美容や健康に良いといわれる様々な成分が含まれていることもありますが、何より味の良さが支持されているのでしょう。 日本から遠く離れたフランスで『日本茶でほっと一息』という時間を持っていただけるよう、 おいしく淹れる コツ や、スイーツ・料理のアクセントとして食べてもおいしい日本茶の魅力を紹介しています。

『日本茶インストラクターです』というと必ずと言っていいほど『それは茶道(cérémonie du thé)の関係ですね』と言われます。 これはフランスだけの反応ではなく、日本でもそういう反応が少なからずあります。

というのは、日本ではお茶があまりにもありきたりの飲み物だと思われていて、今更お茶について特別学ぶべきこともないだろうと考えられているからです。 日本にいれば、お茶はいつでもどこでも簡単に飲むことが出来ますし、レストランで『お茶下さい』と言うと、タダで運んでくれます。 ちょっと高級な料理店だと、食前と食後にそれぞれ違った種類のお茶を持って来てくれたりもします。 (もちろんサービスで) そういう状態ですから、日本人は今まで特に注目もせず、何種類かのお茶を昔からやっているやり方で毎日飲んで来たのです。 実際はものすごく多くの種類があり、それぞれの特徴を知った上でそのお茶に適した淹れ方をした方がずっとおいしいし、楽しみ方も広がるにもかかわらず。

実は私もフランスで暮らす前はそうでした。 でも日本を離れ、水質の違う欧州で日本茶を淹れると全く味や香りが違い、『なぜ?』と思って勉強を始めると驚くほど色々なことがわかります。 そうするとますます興味も湧いて、さらに勉強して、とうとうインストラクターにまでなってしまいました。


カルチエ・ジャポンで二度アトリエを開催致しました。 (3回だったはずが11月のテロで一度中止)ここでのアトリエは、とても楽しくいつもワクワクします。

日本茶に興味がある人は、既に日本に興味を持っている人がほとんどだと思いますが、特にここの方たちは日本のことを大変よくご存知で、さらなる探求心・向上心の強い人が多いと思います。 ですから説明をする時も、みなさん真剣に熱心に聞いてくれます。こちらが緊張するくらい真面目に聞いてくださいます。 私も少し慣れたのか、最近はその真剣さが生み出す静寂が心地よく、自分の中の『日本』を少しでもアトリエの中で伝えられたら、と思ってやっています。

ステファンさんはご存知ですが、フランス語でうまく日本茶のことを伝えることが出来るか、最初はとても心配でした。 日本語で日本茶のことは十分説明出来ても、フランス語ではまだまだ限界があります。 この問題は今でも残っていますが、最近やっとフランス語で説明することが一番大事なことではない、ということがわかりました。 (これはステファンさんも最初にそう言って下さいました。) 私が出来ることは心を込めて準備をし、お茶を淹れ、拙いフランス語でも精一杯説明をすることだけなのです。

アトリエのあと『日本を旅行していた時のことを思い出した』とか『日本茶のことは専門的に知っていると思っていたけれど、今日新しい発見がいくつもあった』なんて伝えに来て下さる方が幾人もおられました。 本当にそうであれば、私にとってこんな幸せなことはありません。


先月はJETROパリ主催の『フランスにおける緑茶に関する調査』のお手伝いをしました。カルチエ・ジャポンでも2日間会場を借り、ステファンさんの協力のもと多くの人に参加してもらいました。 (この種の調査が海外で行われたのは、おそらく初めてものではないかと思います。) なぜ、こんな調査をやったかというと、日本で飲む緑茶を知っている私たち(日本人)は、こちらの水道水で淹れた日本茶をおいしいと感じないけれど、実際フランス人たちはどう感じているのだろう? また、フランスで流行っている『thé vert』は、緑茶ベースのフレーバーティが主流だけど、彼らが日本人の飲むお茶を飲んでおいしいと感じるのだろうか、などの疑問があったからです。

もしそうであれば、どんなタイプの日本茶が好きなのか、一度アンケートをやって統計をとってみよう、ということになりました。

当初、少なくとも50人のアンケ―トは必要だ、と話しましたが、有能なステファンさんのおかげで、呼びかけを始めてほんの数日で60人の申込みがあったと聞きました。 これにはJETROパリの大西さんも私もビックリしてしまいました。嬉しい悲鳴、というのはこんな感じなのでしょうね。 当日、電車のダイヤの乱れや天候などで申込み数には達しませんでしたが、それでも目標以上の 57人のアンケートを実施することが出来ました。 このアンケートはカルチエ・ジャポン以外でも実施しましたので、総計としては予想以上のデーターが集まりました。

アンケートは4種類+水出し茶、という5種類のお茶を試飲してもらいましたが、みなさん本当に真剣に取り組んで下さっているのが良く伝わって来ました。 (中には“お茶請け”に出したお菓子を大変気に入って下さった方もいました。)試飲後、自分たちの飲んだお茶について色々な意見を伝えてもらえたのはとてもありがたく、参考になりました。 この結果の集計はそろそろ出ますが、こんなに多くの方が日本茶に少なからず興味を持っておられる、ということがわかったのは大変喜ばしい驚きでした。 日本茶の将来は私たちのアクセス次第だと思っています。

これからもカルチエ・ジャポンやフランス各地で日本を愛するフランス人たちと、あるいはまだそうでないフランス人たちとも一緒に日本茶の(再)発見をしていければ、と夢見ています。


Article paru le 07/04/2016

Harumi, mon expérience d'enseignante du japonais à des Français

*Harumi - En France depuis près de 15 ans, enseignante du japonais après une carrière dans le tourisme.


Cela fait 6 mois que j’ai commencé à travailler comme professeur de japonais avec Quartier Japon. Au début, j’étais très stressée et, à la maison, avant les cours, je faisais plusieurs fois des simulations de cours. Tout en vérifiant combien de minutes prenait chacune des parties du cours, j’écrivais donc en détails la planification des cours, avant de me rendre aux cours.

Mais si j’essayais de faire le cours tel que préparé, les élèves me posaient des questions inattendues et à des moments tout autant inattendus et parlaient alors de ce qu’ils savent. Ce qui fait que l’on n’avançait pas tel que je l’avais prévu. A cette occasion aussi, j’avais le sentiment que les Français parlent beaucoup. Mais à présent, je trouve cela intéressant.

« Ah, ils savent cela. Sûrement qu’ils l’ont vu dans les mangas. », « Ah, ils pensent comme ça ! », « Les Japonais n’ont pas cette même réaction », je fais plein de découvertes intéressantes. Comme à l’origine j’aime moi aussi parler, le cours dévie et souvent le temps manque.

Mais ces bavardages, c’est intéressant pour les élèves et aussi pour la fierté qu'ils ont de transmettre ce qu’ils savent. Et je pense donc que ce n’est pas un problème, car cela sert à maintenir la motivation dans l’apprentissage de la langue japonaise.

Avec des cours qui seraient davantage cadrés, je ne pense pas que cela fonctionnerait très bien, d’autant que l’objectif des élèves, ce n’est pas de réussir au test d’aptitude, mais plutôt parce qu’ils sont intéressés par la culture japonaise et parce qu’ils souhaitent apprendre le japonais tout en y prenant plaisir.

J’apprends de mes élèves, en leur faisant faire des choses intéressantes pour eux, comme parler des coutumes et des évènements du Japon authentique à travers des photos et des magazines que l’on regarde en cours, en réalisant des origamis et en jouant à des jeux de cartes japonais. Bien sûr, il ne faut pas oublier d’étudier la grammaire et le vocabulaire…

Mon objectif est de poursuivre dans cet enseignement du japonais de cette façon intéressante pour tous.


日本語教師としてカルチエジャポンで働き始めて、半年が経ちました。

最初はとても不安で、授業の前に、家で何度もシュミレーションをしました。

時計とにらめっこしながら、各パートに何分費やすか、細かく書いて授業に臨みました。

でも、実際に授業をやってみると、生徒さんたちは思わぬところで思わぬ質問をして来たり、自分の知ってる事を勝手にしゃべりだしたり、なかなか私の思う様には進ませてくれません、、、。

フランス人は良くしゃべるなあと改めて感じました。

でも今は、その状況を楽しめる様になりました。

“ああ、こんな事を知ってるんだ、きっと漫画に出て来たんだろうなあ”とか、“ああ、こんな風に思うんだ、日本人にはない感覚だなあ”とか、楽しい発見が沢山あります。

私も元々話し好きなので、授業が脱線してしまい、時間が足りなくなる事もしばしばあります。

でもこの雑談が、生徒さんたちにとってはとても楽しかったり、自分の知っている事を自慢できて嬉しかったり、日本語の勉強を続けるモチベーション向上に役立っているのは間違いないと思います。

杓子定規な授業は、日本語能力検定試験を受けるのが目標の生徒さんには必要かもしれませんが、日本の文化に興味があったり、日本語を楽しく勉強したいと思っている生徒さんには、あまり功を奏しないと思います。

写真やイラストを見ながら日本独自の行事や習慣の話をしたり、折り紙をしたり、カルタで遊んだり、そんな楽しさも必要だと言う事を生徒さんたちから学びました。 もちろん、文法や語彙の勉強も忘れてはいけませんが、、、。

長く楽しく日本語の勉強を続けたいと思ってもらえる様な授業を、これからも私の目標として頑張りたいと思います。


Article paru le 04/02/2020

Mariko, mon travail : présenter la culture et la langue japonaises en France

C Mariko
*Mariko - En France depuis 2014. Professeur chez Quartier Japon, depuis 2015.

* QJ : Tu peux te présenter en général ?

Enchantée, je m’appelle Mariko, je suis japonaise et j’habite en France depuis 8 années au total, en comptant ma première année en 2011.

Je suis née et j’ai grandi à Kobé, une ville japonaise dans laquelle se mêlent en permanence beaucoup de différentes cultures étrangères.

Je suis professeure de culture japonaise, c’est-à-dire que j’enseigne à la fois la langue japonaise et des pratiques culturelles japonaises, comme l’origami, la calligraphie, l’illustration…


* QJ : Pourquoi tu es venue en France et tu es restée en France ??

J’ai étudié, au Japon, la pédagogie des beaux arts car j’aimais bien les beaux arts.

A l’université, j’ai aussi commencé à m’intéresser à la vie quotidienne de la France, parce que la France est réputée en général en tant que pays des beaux arts. Notamment, en France, il y a beaucoup de musées consacrés à l'art.

Mais aussi, parce j’avais lu des livres qui parlaient de la vie quotidienne des Français, dans laquelle la vie culturelle semblait tenir une place importante. La culture fait partie de la vie quotidienne et n'est pas quelque chose à côté. Par exemple, beaucoup de Français assistent à des concerts, du théâtre le soir en semaine et pas seulement le week-end ou à des moments plus formels.

En même temps, j’ai voulu voir le monde. Donc j’ai fait une année d’échange universitaire, à Nice.

J’ai ainsi passé un année et vécu la vie française pendant une année et j’ai beaucoup aimé. Grâce à cette année, non seulement l'image que je m'étais faite de la France m'a plu, mais la réalité m’a plu aussi. Après, comme je n’étais restée qu’une année, j’ai eu envie de rester plus longtemps en France.

Mais je suis cependant retournée au Japon pour y achever mes études.

Mes études terminées, j’ai un peu hésité : "Est-ce que j’allais rester travailler au Japon ou j’allais aller en France pour cette fois y travailler ?"

Finalement, j’ai décidé de venir directement en France.

Parce qu'à ce moment-là, il y avait eu un grand tremblement de terre au Japon en 2011, dans la région de Fukushima. Et, de ce fait, le processus de recrutement pour devenir professeur au Japon, s’est trouvé reporté. Et puis, à cause de la survenue de ce terrible tremblement de terre et de ses conséquences, cela m’a fait comprendre que la vie est courte et je me suis dit qu’il fallait que je fasse ce que je voulais. Et j'ai décidé de partir vivre en France !

La France, c’est un pays multiculturel. Mais plutôt que Nice, j’ai décidé de venir à Paris, la ville vraiment multiculturelle, internationale.


* QJ : Depuis ton arrivée et jusqu’à présent, qu’est-ce que tu as fait chez Quartier Japon ?

Avant de trouver Quartier Japon, j’ai cherché un endroit où je pourrais enseigner la culture japonaise, en tant que Japonaise. Et c’est comme cela que j’ai rencontré Quartier Japon.

J’ai trouvé Quartier Japon sur Facebook, mais auparavant, j’avais aussi trouvé Quartier Japon sur la page des associations de l’ambassade du Japon en France.

Je suis ensuite allée visiter Quartier Japon pour voir comment était l’école. Le responsable, Stéphane, m’a alors proposé de remplacé une professeure de japonais, qui venait de changer de travail.

C'est comme cela, que j’ai donc débuté ma carrière de professeure de langue japonaise. Je n’avais cependant pas beaucoup d’expérience dans l’enseignement d’une langue, mais j’ai appris sur le tas, en même temps que j’enseignais.

Après, j'ai eu de plus en plus de cours, pas seulement des cours de langue mais aussi des ateliers de pratiques culturelles japonaises, des activités manuelles.

Comme ma spécialité était davantage les beaux arts que l'enseignement d'une langue, j’ai ainsi pu animer aussi des ateliers d'activités manuelles, comme des cours d'origami, de furoshiki, d'illustration japonaise...

Et jusqu’à ce jour, depuis 5 années, je poursuis mon expérience d'enseignement et d'animation auprès d’un public d’élèves de différentes tranches d’âges, des enfant de 6 ans jusqu’aux adultes et les séniors.


* QJ : Au cours de ces différente activités, quelle a été ton impression ? Est-ce qu’il y a eu des aspects qui t’ont surprise, déçue … ?

Oui, au début, quand j’ai commencé à enseigner, parce que je ne m’attendais pas à enseigner la langue japonaise. Je voulais faire plutôt des activités manuelles. Mais comme on m’a proposé l’enseignement de la langue, j’ai accepté. Puis j'ai continué à faire des efforts pour donner le meilleur de moi.

Ce que j’ai finalement compris, pour l'enseignement du japonais : bien sûr, on a besoin de techniques, de connaître des techniques d'enseignement concernant la pédagogie, mais le plus important, c’est comment faire pour que les élèves se motivent (car ils se motivent eux-mêmes) ?

J’ai beaucoup réfléchi, à comment je peux les amuser tout au long de leur apprentissage du japonais. Cet aspect, aussi, ça m’a plu : le fait de trouver comment les aider à se motiver. Cela m’a plu à moi aussi et cela m’a motivée.

Depuis, avec ces 5 années d’expérience, j’ai compris qu’en tant que professeur, si je m’amuse en tant que professeur tout en restant professionnelle, le cours sera réussi. Pour moi aussi, ce temps d’enseignement avec les élèves est un trésor !

Il n’y a pas vraiment de points qui m’aient déçue, parce que tous les élèves sont déjà motivés dès le départ de leur apprentissage ou de leur participation aux activités culturelles. Il n’y avait donc pas de difficulté. Les motiver davantage et les aider à maintenir leur motivation, c’est la gageure.

J’aime beaucoup ce métier, parce qu’on peut aussi en faire un échange culturel : c’est très intéressant de voir comment les Français apprennent le japonais. Ils ont besoin d’explications, mais dès qu’ils ont compris, cela devient dynamique et vivant.

C’est différent d’avec des élèves Japonais. Les Japonais ont un peu mal à être dynamiques.

Mais que les élèves français aient d'abord besoin d'explications, je trouve que c’est bien. J’aimerais continuer ce travail.


Article paru le 06/05/2020