Nos différences
De Quartier Japon Wiki.
Comment faire part de nos différences respectives autrement qu’en les expliquant et en recourant aux mots pour bâtir des idées, des théories, des livres, des encyclopédies de savoirs qui nourrissent partiellement et seulement nos intellects ?
Cette rubrique est là pour vous le faire découvrir.
Tout d'abord...
Avant de parler de nos différences, en fait, pourquoi ne pas plutôt parler de ce qui nous est commun, au-delà de nos cultures et de nos particularités ?
Dans ce court texte, voici comment Tomoya nous explique que le Père Noël est interculturel !
- 智也 - Tomoya
(9 ans) - En France depuis 9 ans
Comment j’ai rencontré le Père Noël.
La nuit de Noël, alors quand je contemplais Vénus, un point rouge est apparu sur Vénus, puis est devenu de plus en plus gros. Et ce point rouge a transformé Vénus en une planète toute rouge !
J’ai été tellement surpris que j’ai failli m’évanouir face à ce point rouge qui semblait devenir gigantesque. Mais ce point rouge n’était pas en train de s’étendre ; il était plutôt en train de tomber.
Ce qui était étonnant, c’est que ce météorite rouge était en fait le Père Noël ! Avec ses rennes, il venait du ciel vers moi ! Mais dès son arrivée au sol, le Père Noël m’a crié « Comment se fait-il que tu sois levé à cette heure-là » !
Finalement, je n’ai pas eu de cadeau…
どうやってサンタクロースを見つけたか。
クリスマスイブの夜、金星を見ていたら、急に金星に小さい赤い点が現れて、それはどんどん大きくなって、金星を赤い星に変えてしまったではないか!
ボクは驚いて気絶しそうになったら、巨大化していたように見えた点は大きくなるんじゃなくて落ちてくるではないか!!
なんと、その赤い隕石はサンタさんだった!ボクのほうへトナカイと一緒に空からこちらへ向かってくる!
だが、地上についたとたん、サンタは「なんでこんな時間に起きてるんだー!」とボクにどなった。ボクはプレゼントをもらえずにおわった。
Article paru le 16/01/2011
Petite histoire culturelle de toilettes
Je suis parti au Japon la première fois il y a bientôt un an. J’avais des amis japonais qui m’attendaient à l’aéroport et qui m’accompagneraient ensuite jusqu’à l’auberge conseillée. Tout le temps de mon séjour, je devais également contacter les uns et les autres pour les rencontrer. Enfin, j’avais un portable au cas où et je connais la langue. La culture et les Japonais ne me sont enfin pas inconnus.
Bref, je suis donc parti, un peu comme si j’allais dans la famille, sans vraiment préparer mon voyage…
Toute la première partie de mon séjour, une dizaine de jours environ, il m’arrivait parfois, au cours de mes pérégrinations en solitaire dans les rues de Tokyo, d’être soudain pris d’une envie pressante. Heureusement, au Japon, ce ne sont pas les toilettes qui manquent !!
Mais quand même, me disais-je une fois en position... "Les Japonais sont habituellement si ingénieux pour faciliter la vie de tous, mais concernant les toilettes « à la Turc », là, ce n’est pas top… Pour prendre le papier, derrière soi, cela nécessite une véritable acrobatie… Mais bon, on ne peut pas être parfait en tout", me disais-je, chaque fois sur les toilettes.
Une dizaine de jours après mon arrivée et alors que j’étais à proximité du jardin impérial de Kyoto, je me rends là encore aux WC. Et là, je comprends, grâce à un dessin affiché dans les toilettes et expliquant en anglais comment les utiliser...
En fait, depuis mon arrivée, je faisais comme en France, m’accroupissant face à la porte. Alors qu’au Japon, dans ces toilettes « à la Turc », eh bien, il faut se mettre dans le sens inverse. Comme ça, prendre le papier devient tellement plus facile !!
Article paru le 16/03/2011
Le Syndrôme de Paris
- Eléonore de Reynal
Etudiante en journalisme à l'IPJ
Le mal du pays persiste chez les Japonais de Paris.
Paris rendrait malade une partie de ses résidents japonais ? C’est ce qu’affirme, depuis vingt ans, Hiroaki Ota, psychiatre japonais exerçant au centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Premier à avoir évoqué la notion de « syndrome de Paris », il estime que « le phénomène se manifeste chez ceux qui n’ont pas la capacité de s’adapter à la France à cause d’un choc issu de la confrontation entre deux cultures ». Hiroaki Ota impute, par ailleurs, ce spleen à la déception éprouvée par les Japonais en découvrant un Paris bien différent de celui auquel ils rêvaient - le Montparnasse des Années folles, le Paris du Siècle des Lumières ou bien le Paris d’Amélie Poulain -. Selon lui, ce mal-être qui se traduit par une forme de dépression aigue frappant chaque année une centaine de Japonais, conduirait dans 25 % des cas à l’hospitalisation, puis au rapatriement. Philippe Adam, écrivain français auteur de la nouvelle Le syndrome de Paris, s’est lui aussi intéressé au sujet. « Les jeunes filles sont les plus touchées. Elles ont entre 20 et 25 ans, étudient l’histoire de l’art plutôt que les sciences et s’imaginent un Paris plein d’esthètes et de garçon délicats », raconte-t-il.
Mauvais souvenir de la préfecture Pour Stéphane Paumier, responsable administratif et commercial de l’école de japonais Neko Institute, les personnes affectées souffriraient déjà de problèmes relationnels avant leur arrivée en France. « Au départ, elles sont très ouvertes et avides de découvrir la culture française mais petit à petit elles commencent à ressentir une pression de plus en plus forte dont elles tentent de se protéger en se renfermant », relate-t-il. Et de poursuivre, « Au Japon tout est fait pour faciliter la vie des Japonais. Ils ont peu d’initiatives à prendre et sont terrorisés à l’idée de se retrouver face à l’inconnu. Or, en France toutes les démarches sont longues et compliquées.» Les Japonais qui sont particulièrement blessés par les moqueries dont ils sont victimes à cause de leur accent, gardent, d’ailleurs, un très mauvais souvenir de la préfecture.
Les Japonais pensent que les Français sont comme eux Fort heureusement ce mal-être ne gagne pas tous les Japonais - selon le recensement effectué en octobre 2010 par l’ambassade du Japon, il y aurait 30 947 résidents nippons en France et 12 512 d’entre eux vivraient dans la capitale -. Et cela n’empêche pas ceux qui ont été épargnés d’avoir un avis sur l’origine de ce syndrome, dont les premiers symptômes - pouls rapide, vertiges, évanouissements, hallucinations, ou encore tachycardie - se déclareraient au bout de trois mois. C’est le cas de Tomoko, fondatrice de l’association culturelle Bonjour Paris en 2005. « Beaucoup de magazines japonais écrivent sur Paris, explique cette Japonaise mariée à un Français. Ils présentent les Parisiens comme des personnes élégantes habitant dans de grands appartements et n’évoquent pas la vie quotidienne et populaire. Les Japonais s’imaginent donc que la vie parisienne est plus luxueuse mais en réalité elle est beaucoup plus modeste que la leur. » Pour cette jeune femme arrivée en 1997 en provenance d’Osaka, ce sont les Japonais qui ne parviennent pas à accepter cette vérité qui tombent malades. D’autres, comme Masako Wang Mizuta, professeur de Japonais à l’ILERI, pensent que le problème est lié au fait que certains Japonais n’ont pour ainsi dire jamais vu de Français. « Il y a très peu de touristes au Japon – le pays accueille chaque année 7,33 millions de visiteurs quand la France en voit défiler dix fois plus – , souligne cette professeur installée à Paris, où elle a suivi des études de littérature, depuis 1991. Et les quelques voyageurs qui s’y rendent vont soit à Tokyo, soit à Kyoto si bien que les Japonais ne connaissent pas vraiment les étrangers et pensent qu’ils sont comme eux. » Mariée à un chinois, Masako Wang Mizuta, dont l’une des anciennes amies de fac, frappée par le syndrome de Paris, a été contrainte de rentrer au pays, met également en cause la grande différence culturelle et sociale qui réside entre les deux pays. « Les Japonais se brident eux-mêmes, ils ont toujours peur de déranger et pensent en permanence « il faut faire comme ça ». Mon mari, lui, n’a eu aucun problème à se faire à la vie parisienne. Les chinois sont plus simples et plus directs dans leurs relations », poursuit-elle.
Reconnaître ses difficultés est vécu comme un échec Plutôt que de parler de leurs problèmes, les Japonais préfèrent souvent s’enfermer dans le mutisme. « Reconnaître ses difficultés d’adaptation ou rentrer au pays serait vécu comme un échec, alors nombreux sont ceux qui restent et vivotent comme ils le peuvent », relate Stéphane Paumier tout en expliquant quelle serait la bonne marche à suivre pour éviter d’ébranler les Japonais. « Au quotidien, il faut vraiment essayer d’être le plus efficace et le plus rapide possible pour qu’ils n’aient pas à « demander ». Il est également très important de les remercier et de leur faire savoir qu’ils ont quelqu’un sur qui compter », conclut-il.
Chiffres clés - En 2010 il y avait 24 444 résidents japonais longue durée (> 5 ans) en France et 6 503 résidents permanents. - La majorité d’entre eux se compose d’étudiants, de chercheurs et de professeurs (8 487 personnes). Viennent ensuite les employés dans une entreprise privée (6 541 personnes), puis les professionnels libéraux (2 800 personnes) et les salariés d'organismes gouvernementaux japonais (1 278 personnes). Les derniers sont journalistes (176 personnes) ou bien exercent une autre profession (5 162). - Sur les 30 947 résidents japonais, 20 921 habitent en Ile de France et 12 512 vivent à Paris. - Depuis 1971, le nombre de résidents japonais a été multiplié par 7,7. - C’est en 2007 qu’on dénombrait le plus de ressortissants sur le territoire français, à savoir 39 279 personnes. (source : Ambassade du Japon en France)
Article paru le 18/06/2011