Culture japonaise
De Quartier Japon Wiki.
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+ | =='''Nihon-buyô (la danse traditionnelle japonaise)'''== | ||
+ | 世古口亜綾 - Aya SEKOGUCHI | ||
+ | En France depuis 1998 | ||
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+ | *'''Présentation''' | ||
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+ | Le Nihon-Buyô, la danse basée sur la danse du kabuki (kabuki-buyô), est l’une des formes traditionnelles des arts scéniques japonais, au même titre que le Nô, le Kyôgen, le Kabuki, le Bunraku. Toutes ces formes artistiques, tout en gardant leur originalité, se sont influencées par le passé et continuent de s’influencer les unes les autres. | ||
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+ | L’origine directe du Nihon-Buyô pourrait remonter jusqu’à la danse kabuki-odori (odori signifiant la danse) que la danseuse Okuni commença à exécuter en 1603. Cette nouvelle forme de danse absorba tous les styles anciens – la danse de cour, la danse cérémonielle religieuse, la danse du Nô et la danse bouddhique. Ultérieurement, l’adjonction de l’élément théâtral à la danse kabuki-odori donna naissance au théâtre Kabuki (forme théâtrale dont les acteurs sont uniquement masculins). | ||
+ | Plus tard, dès le milieu du 17ème siècle jusqu’au milieu du 18ème siècle, au fur et à mesure que la danse kabuki-odori évoluait comme une partie importante du Kabuki, plusieurs chorégraphes commencèrent à réaliser des performances indépendantes, séparées du Kabuki ; ce sont les fondateurs du Nihon-Buyô. | ||
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+ | Bien que le Nihon-buyô soit intrinsèquement associé au Kabuki, ses éléments dramatiques et techniques se développèrent également à partir des autres formes d’arts scéniques, telles que le Nô, le Kyôgen et le Bunraku. | ||
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+ | Les formes actuelles du Nihon-Buyô pourraient ainsi être classées selon les trois grands répertoires suivants : | ||
+ | ''1. kabuki-buyô'' | ||
+ | Les pièces de danse du Kabuki-Buyô se retrouvent dans le programme du théâtre Kabuki. Elles sont exécutées aussi bien par des hommes que par des femmes en dehors du théâtre Kabuki. Il s’agit de la danse développée à Edo sur la base de l’odori. (cf plus loin) | ||
+ | ''2. oshûgi-mai'' | ||
+ | Ce sont des danses cérémonielles, influencées surtout par le Nô, et créées afin de célébrer des événements tels que la création d’une école, l’héritage du nom de scène... Les paroles de ces pièces chantent souvent ce qui portera chance ou prospérité (symboles tels que le pin, le prunier, la grue, la tortue…). | ||
+ | ''3. kamigata-mai'' | ||
+ | Forme de danse qui s’est développée à Kyôto et à Osaka, dont le style se fonde sur le mai. (cf plus loin) | ||
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+ | *'''Histoire''' | ||
+ | Le terme de Nihon-Buyô (nihon signifiant Japon, et buyô, la danse) a été proposé par un grand réformateur de la scène japonaise, TSUBOUCHI Shôyô (1859-1935) qui, avec l’introduction soudaine de la culture occidentale à l’ère Meiji, ressentit la nécessité de promouvoir une catégorie qui englobait les différents genres de danses existant au Japon depuis l’aube des temps – par opposition à la danse occidentale. | ||
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+ | Avant cette apparition du terme Nihon-Buyô, la danse japonaise était désignée soit par « mai » (danse statique) dans la région du Kansai (autour de Kyôto ou Osaka), soit par « odori » (danse dynamique) dans la région du Kantô (autour de Tôkyô). Le Nihon-Buyô englobe ces deux formes de danse, qui ont chacune des histoires différentes. | ||
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+ | L’histoire du mai remonte à l’antiquité. | ||
+ | La première danseuse au Japon fut une prêtresse, qui officiait en dansant à l’occasion de cérémonies chamaniques recevant l’oracle afin de prévoir le futur. La menace des désastres naturels était en effet omniprésente dans la société de l’époque. Elle dansa en enroulant une liane autour de sa tête, tenant des feuilles de bambou à la main. | ||
+ | A cette époque, la croyance voulait qu’une divinité fût logée dans les arbres et dans les fleurs. La danseuse tourbillonna au rythme du tambour, possédée par les dieux, les accueillant en elle. Son battement de la mesure avec le pied réveilla l’esprit de la terre et calma le mal. | ||
+ | La danse exécutée à l’occasion d’une prière pour une récolte abondante est importante au Japon, pays de riziculture. Le battement de la mesure avec le pied subsiste toujours dans le Nihon-buyô, et l’aspect prière se retrouve dans le répertoire appelé « sanbasô-mono ». | ||
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+ | Vers le 7ème siècle, les arts étrangers parvinrent au Japon, en provenance de la Corée et de la Chine, parmi lesquels les danses suivantes : | ||
+ | • le Gigaku, danse chinoise dansée avec un masque à l’occasion de cérémonie bouddhique, | ||
+ | • le Bugaku, danse qui se développa à l’époque Heian, enrichie du raffinement japonais de l’époque, appréciée des aristocrates, | ||
+ | • le Sangaku, qui regroupait le mime, le chant et la danse, à partir duquel le théâtre Nô apparut plus tard. | ||
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+ | Du 11ème au 13ème siècle, de l’époque aristocratique à la période shogounale, des prêtresses et danseuses itinérantes appelées shirabyôshi étaient mises en vedette. Déguisées en homme, elles chantaient les légendes des temples et les charités du bouddha, dédiant la danse du mai en guise de prière adressée aux divinités. | ||
+ | La danse kuse-mai, danse racontant une histoire, naquît de cette époque. | ||
+ | Plus tard, cette forme artistique fut introduite dans le Nô. Aujourd’hui, la danse du Nô s’appelle mai. Au sens large, tous les mouvements du théâtre Nô sont également considérés comme autant d’éléments du mai. | ||
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+ | L’histoire de l’odori remonte, quant à elle, au début de la période Heian, soit vers le 10ème siècle, à travers la danse nenbutsu-odori du prêtre Kûya-shônin. | ||
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+ | A cette époque, deux styles d’exercices prédominaient dans le bouddhisme. Le premier, « jôza-zanmai », renvoyait à une méditation assise, immobile. Le second, « jôgyô-zanmai », consistait en une méditation en mouvement, pratiquée en marchant en tournant autour de la statue du bouddha et en répétant des prières appelées nenbutsu. | ||
+ | Ce second exercice prit peu à peu une forme artistique ; c’est ainsi qu’apparut le nenbutsu-odori. | ||
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+ | Le nenbutsu-odori est une danse très simple, gaie, que l’on pratique en sautant au rythme du tambour et en récitant des prières à bouddha pour effacer un tourment. Comme la croyance voulait que la maladie, les désastres naturels, les insectes nuisibles, .., provenaient d’esprits morts accidentellement à cause de la guerre, le nenbutsu-odori fut pratiqué en tant que cérémonie religieuse pour calmer et pour faire s’enfuir ces esprits. | ||
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+ | En 1603, une prêtresse appelée Okuni apparue à Kyôto. Afin de faire une collecte pour la restauration du temple, elle donna un premier spectacle qui introduisait le nenbutsu-odori ; c’est de là qu’apparût le kabuki-odori. | ||
+ | Cette danse, rapidement rencontra un grand succès, donnant ainsi naissance à plusieurs troupes d’onna-kabuki (« onna » signifie femme), dont les spectacles sans intrigue se résumaient en un défilé de nombreuses femmes pomponnées dansant des chansons en vogue. | ||
+ | Bientôt, l’onna-kabuki fut interdit par les autorités, pour lesquelles elle représentait un risque de trouble à l’ordre public, les danseuses vendant dans le même temps leurs charmes. | ||
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+ | Vint ensuite l’époque du wakashu-kabuki, le Kabuki joué par de beaux garçons. Les éléments du Nô et du Kyôgen furent alors introduits dans le Kabuki ; l’essence du mai entra ainsi dans l’odori. | ||
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+ | En 1652, le wakashu-kabuki fut à son tour interdit. En revanche, apparut le yarô-kabuki, joué par des hommes. Une certaine intrigue ayant été ajoutée, la danse commença à prendre un aspect dramatique, théâtral. Par conséquent, l’élément du geste mimique (furi) se trouva intégré à la danse. | ||
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+ | Le développement de la danse théâtrale réclama d’autre part l’intervention de chorégraphes spécialisés. La fin du 17ème siècle vit ainsi l’apparition de tels chorégraphes, puis ceux-ci commencèrent dès lors à prendre leur indépendance par rapport au théâtre Kabuki, en devenant enseignants de danse pour les amateurs et en établissant leurs propres écoles. | ||
+ | L’une des plus anciennes de ces écoles est l’école Nishikawa fondée par Senzô NISHIKAWA Ier (1697-1756) qui déploya une intense activité créative qui fit de lui l’un des chorégraphes les plus influents du Nihon-Buyô. | ||
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+ | *'''Les mouvements''' | ||
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+ | Le Nihon-buyô englobe trois formes de mouvements différents : | ||
+ | • les mouvements du mai : des mouvements statiques et abstraits, | ||
+ | • les mouvements de l’odori : des mouvements dynamiques et rythmiques, | ||
+ | • les mouvements du furi (geste mimique) : des mouvements traduisant l’expression dramatique et figurative. | ||
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+ | Chacun de ces différents mouvements est décomposé en unités, appelées kata. Les kata sont des enchaînements de mouvements stylisés qui se succèdent et qui sont hérités du passé en étant améliorés de générations en générations. | ||
+ | L’intervalle entre chaque mouvement, à savoir ce qui relie les kata, est appelé ma. On dit que l’essence du Nihon-Buyô réside dans le ma, ce moment d’arrêt, qui unit et articule chacun des kata. | ||
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+ | L’intervalle ma est rempli par la respiration, qui unit le corps et l’esprit, et par là-même est rempli de l’énergie mentale alors produite par le corps-esprit. | ||
+ | Les deux caractéristiques kata et ma sont également présentes dans d’autres arts traditionnels japonais, dont le Nô et le Kabuki, comme dans différents autres domaines de la culture japonaise, tels que la peinture, l’architecture, les poèmes, les arts martiaux... Par exemple, ma, au sens spatial, se trouve présent à travers la marge blanche de la peinture traditionnelle chinoise ou japonaise ou encore dans le sable blanc du jardin de pierre du temple Ryôan-ji à Kyôto. | ||
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+ | *'''Les costumes & les décors''' | ||
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+ | Les costumes, kimono, se sont développés surtout depuis l’apparition du Kabuki, d’autant qu’il s’agissait alors de cacher le corps masculin des acteurs censés jouer des rôles féminins. | ||
+ | A partir de cette époque, on commença à utiliser le kimono – essentiellement ses manches, « sode » afin d’exprimer des sentiments de façon subtile, tels que la timidité, la mélancolie, l’attachement.... | ||
+ | Les manches des kimonos sont souvent utilisées pour exprimer un sentiment de type amoureux, les larmes étant essuyées avec les manches. Egalement, les manches servent aussi à évoquer des phénomènes naturels, le vent, la pluie, ou des objets, un paravent, un oreiller, une lettre... Les chorégraphies sont réalisées en intégrant le kimono. | ||
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+ | A l’origine des décors se trouve la danse qu’une prêtresse aurait exécutée à l’antiquité en tenant à la main des feuilles de bambou, dans lesquelles on croyait que la divinité se logeait. Cet élément de décor, qui représentait un intermédiaire entre ce monde et le ciel, prit plus tard la forme d’un éventail sur scène. De ce fait, l’éventail symbolise à la fois l’aspect sacré et rituel. | ||
+ | Dans la danse du Kabuki, l’utilisation et la symbolique de l’éventail contient encore cette signification originelle. | ||
+ | Par ailleurs, l’éventail sert également à évoquer aussi bien des objets - une coupe à sake, un sabre, un parapluie, une canne, une pipe, une lettre, une canne à pêche… - que des paysages ou un phénomène naturel - une montagne, la lune, la pluie, le vent, la neige, le brouillard, différentes formes que prend l’eau (une grosse vague, des rides sur l’eau, une chute d’eau) une fleur qui s’épanouit, des pétales de fleur qui tombent…. Le recours à l’éventail permet également d’exprimer les émotions ou les sentiments. | ||
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+ | *'''Les thèmes des œuvres''' | ||
+ | Ils sont principalement tirés des mythes, des légendes, de la littérature ou encore d’événements historiques… | ||
+ | Les principales répertoires sont regroupés sous les noms de « sanbasô-mono », « shakkyô-mono », « dôjôji-mono », qui sont des adaptations des pièces du Nô « Sanbasô », « Shakkyô », « Dôjôji ». | ||
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+ | Présentation réalisée par Aya Sekoguchi | ||
+ | Danseuse et enseignante de Nihon-Buyô, de l’école Nishikawa. | ||
+ | Docteur en Philosophie Esthétique à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris (EHESS). Thèse « Le champ (basho) dans les arts traditionnels japonais - Autour de l'union corps-esprit et de la relation entre artiste et public chez Zeami », sous la direction d’Augustin Berque. | ||
+ | www.aya-sekoguchi.com | ||
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+ | ''Article paru le 27/02/2012'' |
Version du 27 février 2012 à 15:27
Qu'elle soit traditionnelle ou / et moderne, la culture japonaise nous séduit.
Pourquoi ? En quoi ?
Cette rubrique est là pour le dire.
Sommaire |
Les Fêtes Japonaises
Depuis les temps anciens, cinq fêtes traditionnelles originaires de Chine rythment de nos jours toujours l’existence du peuple japonais :
- お正月 « O-shôgatsu », le Nouvel An (le 01/01 - 1er janvier)
- 桃の節句 « Momo no Sekku » ou 雛祭り « Hina matsuri », la fête des filles (le 03/03 – 3 mars)
- 端午の節句 « Tango no Sekku », la fête des garçons (le 05/05 – 5 mai)
- 七夕祭り « Tanabata Matsuri », la fête des étoiles Véga et Altaïr ou fête de la Tisserande et du Bouvier (le 07/07 – la nuit du 7 juillet)
- 菊の節句 « Kiku no Sekku » », la fête des chrysanthèmes (le 09/09 mais fêtée de nos jours en novembre)
Au cours de ces fêtes, toutes célébrées pour la première fois par l’empereur Suiko pendant l’ère Nara (646-794) pour fêter le changement des saisons, des offrandes de nourriture étaient notamment faites aux divinités.
Ces « Sekku », devenues populaires au Japon depuis l’époque d’Edo (1603-1868), sont toujours des moments importants dans le quotidien et la culture contemporaine du Japon.
Article paru le 06/03/2011
桜 (さくら - Sakura) Les cerisiers
Je suis né il y a déjà quelques années et à ce moment-là mes parents ont planté dans le jardin un guignier. C’est un cerisier dont les cerises, de couleur pourpre, sont grosses et très sucrées. Chaque année, ainsi, je me régalais.
Plus tard, en apprenant que le Japon était le pays des Sakura, « Quel pays merveilleux », je me suis dit, en pensant à toutes ces cerises couvrant l’ensemble du pays. Mais voilà, les Sakura du Japon ne donnent pas de fruit… Ils donnent des fleurs.
Au Japon, les Japonais attendent chaque année la floraison des Sakura, en mars-avril, pour aller admirer les fleurs et bien au-delà, en pique-niquant entre amis, entre collègues, …, sous les voûtes que forment les fleurs de cerisiers.
En goûtant les plaisirs du 花見 (はなみ - Hanami) l’an passé au parc Yoyogi de Tôkyô, une amie japonaise m’a expliqué « Vous, les étrangers, vous pensez qu’on ne va voir que les fleurs. Mais ce n’est pas seulement ça, Hanami. C’est aussi l’éphémère, à travers la durée de vie limitée des fleurs et cet instant unique que l’on passe entre amis. ».
Cette année, j’ai demandé à Masako, ce que représente Hanami pour elle…
Je suis née et ai grandi dans une ville bâtie autour d’un château féodal dans le nord de la préfecture d’Okayama. De la maison, cela ne prenait que 5 minutes en voiture pour nous rendre jusqu’au château, situé sur une colline. Le château se trouvait sur une petite colline mais il a été détruit pendant la Restauration de Meiji et il n’en reste plus que le mur d’enceinte et les arbres.
Au printemps, nombreux sont les cerisiers en fleurs et nous sommes allés plusieurs fois en famille voir les cerisiers, le soir. Les étales des boutiques fleurissaient, qui vendaient de la barbe à papa, des Takoyaki… Je me rappelle m’être promenée en tenant un grand ballon en forme de lapin.
Les cerisiers étaient éclairés par la lueur clair-obscur des lanternes rouges, ce qui produisait une impression toute différente du spectacle des cerisiers en pleine journée. Je me souviens avoir été impressionnée, même enfant, par cette lumière froide.
En grandissant, j’ai ensuite fréquenté une université située dans le quartier Yotsuya à Tôkyô. Devant l’entrée de l’université, sur les talus, il y avait plein de cerisiers. Quand arrivait le mois d’avril, c’était l’époque de la pleine floraison. Avec les amis, nous nous promenions souvent le long des allées sous les cerisiers en fleurs.
On disait que les étudiants en première année qui participaient à l’association sportive de l’université allaient tôt sur les talus pour réserver un espace pour faire Hamani le soir, sur l’ordre de leurs aînés. En fait, il serait plus juste de dire qu’admirer les fleurs avait été plutôt un prétexte pour faire des boums.
A l’âge de 24 ans, je suis venue en France et quand je retourne au Japon, c’est généralement l’été et cela fait longtemps que je n’ai plus eu l’occasion de faire Hanami au Japon. Quand mes enfants seront plus grands, j’aimerais retourner au Japon à la période de la floraison des cerisiers. Je ne sais pas si mon frère connaît mes sentiments, mais chaque année, il m’envoie des photos des cerisiers en fleurs.
私は岡山県北部にある城下町で生まれ育ちました。 家から車で5分ほどのところに、お城山がありました。小高い所にお城があった訳ですが、明治維新の時に取り壊され、石垣と樹木だけが残っています。
春になると、たくさんの桜が咲き、家族で何度か夜桜を見に行ったことがあります。 屋台が出て、綿あめやたこ焼きなど売っていました。ウサギの形の大きな風船を買ってもらい、それを持って歩いていたように思います。
提灯の薄明かりに照らされた桜は、昼間に見るのとは違い、冷たく輝いていて、子供心にも、感動を覚えたものです。
大きくなって、東京の四谷にある大学に通いました。 大学正門の前の土手には、たくさんの桜の木ががあり、4月になると桜が満開になります。友だちと土手の桜並木の下をよく散歩しました。
体育会の一年生はかなり早い時間から土手に行って、夜のお花見の場所を確保するように先輩から命令されていたようです。 こうなると、桜を見るというのはただの口実で、どんちゃん騒ぎをしていたというほうが正しいかもしれません。
24歳で渡仏してから、帰省するのはだいたい夏なので、長い間、日本でお花見をしていません。 いつか子どもが大きくなったら、桜の時期に日本に帰りたいと思っています。 そんな私の気持ちを知ってか知らずか、弟たちは毎年、桜の写真を送ってくれます。
Article paru le 20/04/2011
Ancienne histoire du Japon
智也 - Tomoya (10 ans) - En France depuis 10 ans
Il y a longtemps, il y avait un dentiste avare, un vendeur de morceau de bois avare, un marchand de glaçons avare. Les trois moururent le même jour. Comme ils ont été très très injustes, ils partirent en enfer. Le diable japonais les envoie dans la montagne de grands morceaux pointus. - Aïe, aïe ! Le vendeur de morceau de bois prend des planches et en donne à ses compagnons. Les trois montèrent la montagne piquante très aisément. Un ogre surveillant les aperçoit en sursaut. Il court vers le diable et hurle ; - Ils ont gravi la montagne facilement avec des planches ! - Plonge-les dans l’eau brûlante ! Le groupe de trois hurlent de douleurs. Mais Le marchand de glaçons a une idée. Il met quelques glaçons et les trois se trouvent dans un bain public parfait ! L’ogre surveillant qui les aperçoit en train de se baigner tranquillement dit au diable ; - Ils sont tranquilles dans leur bain ! - Envoie-les dans la bouche-mange-tout de l’ogre géant ! Les trois dans la bouche se mirent à pleurer sauf le dentiste qui ricane. Il a une idée. A mi-voix, il dit ; - Prenez ça ! Ce qu’il venait de donner étaient ses outils de dentistes. Tous se mirent à arracher ses dents pointues de l’ogre géant. Un ogre, qui vit cela, dénonce tout ; - Ils arrachent les dents de l’ogre ! Le diable réfléchit un moment en disant ; - Ils se sont enfuis sains et sauf à toutes les tortures de l’enfer… Alors envoie-les au paradis !
Tomoya (Cette histoire lui a été racontée par son grand père en japonais.)
Version arrangée :
Ancienne histoire du Japon
Il y a longtemps, vivaient un dentiste avare, un vendeur de morceaux de bois avare, un marchand de glaçons avare. Les trois moururent le même jour. Comme ils avaient été très très injustes toute leur vie, ils partirent en enfer. Le diable japonais les envoya alors dans la montagne de pierres aux arêtes acérées.
« Aïe, aïe ! Le vendeur de morceaux de bois prit des planches et en donna à ses compagnons. Ainsi, les trois gravirent la montagne piquante très aisément. Mais un ogre, qui les surveillait de loin en loin les aperçut, alors qu’ils étaient enfin parvenus au sommet de la montagne. Surpris, il se dépêcha de courir prévenir le diable, en hurlant : - Ils ont gravi la montagne, facilement, avec des planches ! - Plonge-les dans l’eau brûlante !, lui ordonna le diable. Aussitôt, les trois se retrouvèrent longé dans un bain bouillant. « Ouille ! Ouille !, les trois hurlèrent de douleur… Mais Le marchand de glaçons eut une idée. Il plongea quelques uns de ses glaçons dans l’eau brûlante et les trois se trouvèrent bientôt comme dans un bain public à la température parfaite ! L’ogre, qui les surveillait désormais de plus près, les aperçut en train de se baigner tranquillement, en prenant même un vrai plaisir à ce bain forcé du départ. De nouveau, il se rua vers le diable, auquel il annonça, en hurlant de plus belle : - Ils sont tranquilles dans leur bain ! - Envoie-les dans la bouche-mange-tout de l’ogre géant !, lui répliqua le diable, irrité. Plouf ! D’un seul mouvement, les voilà tous les trois dans la bouche mange-tout… Comme un seul homme, deux des trois se mirent à pleurer bruyamment. Le seul qui ne pleurait pas, le dentiste, ricanait, tranquillement. Il venait en effet d’avoir une idée. A mi-voix, il dit aux deux autres : Prenez ça ! Ce qu’il venait de leur donner était en fait ses outils de dentiste. Et joyeusement, tous se mirent à arracher les dents pointues de l’ogre géant.
L’ogre, qui les croyait définitivement engloutis, en jetant un regard machinal dans la direction de l’ogre géant, sursauta de plus belle lorsqu’il vit les trois arracher joyeusement les dents de la bouche mange-tout de l’ogre géant. Décontenancé, il se dépêcha jusqu’auprès du diable où, en bafouillant, il l’informa de la situation : Ils arrachent les dents de l’ogre ! Le diable réfléchit un moment, avant de déclarer : Ils se sont sortis sains et saufs de toutes les tortures de l’enfer… Alors envoie-les au paradis !
Tomoya (Cette histoire lui a été racontée par son grand père japonais.)
日本のむかしばなし
むかしむかし、けちな歯医者さんと、けちな材木屋さんと、けちな氷屋さんがいました。三人とも同じ日に死にました。かれらはとてもとても悪い人たちだったので、えんま大王がかれらをとげとげのたくさんある山に送りました。 「いたたた!」 材木屋さんは木の板を取ると、それを仲間に渡しました。三人はこうしてとげの山を楽に登りました。見張りの鬼がそれに気がつきました。彼はえんま大王のところへ走って行き、叫びました。 「あいつら、板を使って、簡単に山を登ってますよ!」 「それなら、ぐつぐつ煮えたぎっている湯の中に入れてしまえ!」 三人はあまりの苦しさにうなりました。でも、氷屋さんにある考えがうかびました。氷屋さんはいくつかの氷をこの湯の中に入れました。するとちょうど良いお風呂になりました。 見張りの鬼は三人が気持ちよくお風呂を楽しんでいるのを見つけて、えんま大王に言いつけにきました。 「あの三人、風呂にのんびりと入ってますよ!」 「それなら、やつらを大鬼の何でも食べる口の中に入れてしまえ!」 口の中の三人は泣き始めましたが、歯医者さんはにやりと笑いました。かれにはいい考えがありました。歯医者さんはひそひそ声で言いました。 「これを取りなさい。」 かれが渡したのは、歯医者の道具だったのです。みんなは大鬼のとがった歯を抜き始めました。 それを見た鬼が言いました。 「あいつら、大鬼の歯を抜いていますよ!」 えんま大王はしばらく考えて、こう言いました。 「あいつらは地獄のすべての拷問から無事のがれたのだな。しようがない、それなら天国に送ってしまえ!」
Article paru le 18/06/2011
Nihonga - la peinture tradionnelle japonaise
Valérie Eguchi (49 ans)
- le Nihonga (日本画)- Qu'est-ce que c'est ?
Le nihonga est un style de peinture dans lequel on utilise les pigments minéraux (Iwa enogu) et de la poudre de coquillage (gofun), mélangé à du nikawa (colle animale). Les principaux matériaux utilisés comme supports sont la soie, le papier, mais le bois et la toile sont parfois employés. L'agrandissement d’un échantillon de nihonga montre des particules de pigment minéral relativement grossières enveloppées dans une couche mince de solution, fixée au support. La matière permet à la lumière de se propager grâce à ce médium qui est plus mince que celui de peinture à l'huile occidentale.
Les techniques Nihonga, à l'origine importées de la Chine vers le Japon avec le bouddhisme au milieu du septième siècle, ont été développées sous la forme pratiquée actuellement vers la fin du huitième siècle. Bien que sous l'influence de culture étrangère, le nihonga s’est développé comme une forme de peinture avec des styles et techniques essentiellement propres au Japon.
Peindre avec des kamis : Le Shintoisme, religion la plus ancienne au Japon est la voie des kami, esprits et dieux invisibles qui habitent tous les phénomènes sur terre, qu’ils soient animés ou inanimés. C’est ainsi qu’objets sacrés, êtres spirituels, animaux, sources, chutes d'eaux, montagnes sacrées, roches phénomènes naturels, symboles vénérés, ..., sont habités de kamis. Utilisant uniquement des matériaux naturels, fibres végétales, poils d’animaux, roches et terres, la pratique du nihonga nous rapproche de cette dimension.
Eloge de la lenteur : Le nihonga procure un calme intérieur et nous sort de l’urgence. Le papier est doucement imbibé de colle préalablement dissoute à l'eau. Le peintre écrase et mélange les pigments sous ses doigts, seul le contact avec la peau peut indiquer quand la couleur est prête. Grâce au temps que le peintre s’accorde pour la préparation, c'est aussi un temps de réflexion nécessaire pour chaque élément entrant dans la composition du tableau,
Mono no aware - la beauté de l’éphémère : Le nihonga une école de respect de la nature : Quand le peintre de nihonga s’intéresse aux motifs de la nature, il a présent à l’esprit que cette nature est éphémère, les saisons passent et tout est éternel mouvement.
- Apprendre
Je pratiquais la peinture décorative depuis 1987. Outre le trompe l’œil, il s’agissait aussi de réaliser des fausses matières, des patines. Je me suis tournée ensuite vers le tableau à l’huile classique, puis les pigments liés aux médiums acryliques. Avec le nihonga j’ai approfondi mon goût de la matière. Dans la création, la notion japonaise s’inscrit dans le « faire », en amont d’une finalité plastique. Le contact des mains avec les matériaux naturels, le jeu de l’eau avec les pigments sont des éléments important dans mon choix de cette technique. C’est ainsi que je recherche cette osmose avec la nature.
En 1994, J’avais découvert le nihonga grâce à une exposition de Uemura Shoko et Atsushi (père et fils) à l’espace Mitsukoshi à Paris, et j’avais cherché en vain des informations sur le nihonga en France. La 3 ème fois que je suis allée au Japon, en 2007, j’ai visité le temple de Kotohira. J’ai pu accéder à des salles interdites au public, car mon mari travaillait à l’organisation de l’exposition « Konpirasan » au Musée Guimet. J’ai découvert également les peintures votives sur bois « Ema ». J’ai ensuite bénéficié de toute la documentation autour de ce temple. J’ai acheté des pigments, et un livre.
La même année je rencontrais l’artiste Taïwanaise Yiching Chen, elle-même élève de Uemura Atsushi, qui a accepté de venir enseigner dans notre association. J’ai suivi son enseignement pendant 1 an, puis je l’ai assistée pendant 2 ans. J’ai commencé par reproduire des œuvres de Kotohira.
- Transmettre
J’avais déjà le goût de transmettre alors que j’enseignais la peinture décorative dans mon association, et alors que je me détournais de la peinture à l’huile et des techniques décoratives et que les tableaux de nihonga se multipliaient dans mon atelier, des élèves m’ont demandé de les initier. Beaucoup de gens me demandent des conseils suite à mes articles sur mon blog, mais certains « coups de main » sont impossibles à acquérir sans guide.
- Comment vivez-vous l'enseignement du Nihonga avec des Français ?
Enseigner le nihonga aux Français, c’est leur transmettre un petit bout des valeurs que je partage avec certains artistes japonais. Le respect de la nature, une certaine intériorité, la curiosité.
Les élèves qui viennent à moi sont soit attirés par le style de mes tableaux et ont déjà le sens des valeurs décrites plus haut, ou ils ont comme moi connu le nihonga au Japon ou à l’espace Mitsukoshi.
J’aime aussi aller vers un public à priori peu informé. A l’occasion de ma venue à Japan Expo sur le stand de Pigments et Arts du Monde, j’avais réalisé 12 Fanart en nihonga inspiré du jeu vidéo Okami. J’ai découvert à cette occasion que les amateurs de manga, sont particulièrement réceptifs à la découverte de cet art. Après tout, on dit que c’est le maître japonais de l’estampe, Hokusai qui inventa le terme "manga" pour qualifier ses carnets de croquis. Et avec le nihonga, on retrouve le goût du trait et une certaine philosophie auxquels les jeunes ne sont pas insensibles.
Il ne s’agit pas seulement de faire découvrir une technique (matériaux et outils) mais des procédés et des styles. Je suis soutenue dans ma démarche par deux artistes enseignants le nihonga traditionnel au Japon, avec qui je communique régulièrement.
http://www.pigmentsetartsdumonde.com
Blog nihonga : http://eguchi.over-blog.com
Collaboration : http://nihonga100.wordpress.com
Article paru le 12/11/2011
Furoshiki - l'emballage tissu japonais
Stéphane Paumier (42 ans)
Le furoshiki est un carré de tissu dont les Japonais se servent depuis fort longtemps pour emballer toutes sortes d’objets. Utilisé pour transporter des objets de tailles et de formes diverses dans la vie quotidienne, le furoshiki sert également à emballer les cadeaux comme l’argent que l’on souhaite offrir.
« Tsutsumu » (包む), en japonais signifie envelopper, emballer. Le kanji « 包 » représentant un bébé dans le sein de sa mère, protégé par celui-ci, « Tsutsumu » est employé fort logiquement dans le sens d'envelopper des objets pour les protéger et ainsi éviter de les abîmer. Les objets ainsi enveloppés d’un furoshiki sont physiquement protégés et, par là-même, respectés.
Au-delà, l’utilisation d’un furoshiki permet également de respecter la personne à laquelle est destiné l'objet enveloppé d'un furoshiki, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un cadeau. Les Japonais ont en effet pour habitude de ne pas déballer les cadeaux en présence des personnes qui les leur offre. Le furoshiki est ainsi l’un des symboles de la discrétion si caractéristique des Japonais. Cette discrétion traditionnellement ancrée dans le comportement de chacun d’entre eux, qui les incite tout autant à ne pas faire étalage de leurs possessions qu’à ne pas afficher directement leurs sentiments.
Au-delà, le furoshiki est également un véritable vecteur de communication, au sens où la matière, les motifs, la ou les couleurs utilisée(s), le type d’emballage et les nœuds réalisés sont autant d’éléments de communication importants entre la personne qui utilise un furoshiki et la personne à laquelle est destiné l’objet ou le cadeau ainsi emballés. Le choix des couleurs et des motifs, notamment, sont fonction de la saison et de la circonstance, …, tout comme pour le kimono et la ceinture obi.
De nos jours, le furoshiki est devenu un accessoire vestimentaire au même titre qu'un sac ou des souliers, dont la matière, les couleurs et les motifs sont choisis suivant les occasions. Le furoshiki est en outre devenu un objet de création artistique doté d'une véritable valeur esthétique, par l'originalité et la qualité de la composition de ses couleurs et de ses motifs, traditionnels et contemporains.
Mais ce qui permet surtout au furoshiki de redevenir au goût du jour, au Japon comme dans d’autres pays, c’est bien avant tout son aspect écologique de produit réutilisable, qui permet de limiter l’usage de sacs jetables et plastiques.
Article paru le 16/01/2012
Origami - le pliage du papier
Stéphane Paumier (42 ans)
L’origami est l’art du pliage traditionnel japonais. Le mot origami vient du verbe japonais « oru » (plier) et du mot « kami » (papier).
A partir d’un carré de papier, toutes sortes d’objets peuvent être réalisées, jusqu’à des œuvres très élaborées nécessitant de très nombreux pliages et plusieurs feuilles.
Le papier utilisé peut être de couleur uni ou dégradée ou un joli papier, chiyogami, décoré de motifs traditionnels japonais. En fait, tout papier se prête à l’origami, puisque il existe des origami réalisés à partir de tickets de métro, de billets de 1 000 ¥ ou 10 000 ¥ et même, actuellement, de papier toilette.
L’origami, jeu très évocateur de l’enfance pour de nombreux Japonais, est une activité ludique aussi bien auprès des enfants que des adultes, qui permet assurément à chacun de se détendre et de s’amuser tout en créant de petits objets décoratifs et utiles dans la vie quotidienne (repose baguettes, boîte à gâteau…).
Naturellement, les Japonais connaissent deux ou trois origami très populaires auprès des enfants, parmi lesquels la boîte, la grenouille ou la grue japonaise « tsuru », très importante pour le Japon car synonyme de longévité et de fidélité. Une légende dit même « Quiconque plie mille grues de papier verra son vœu exaucé. »
Tout est réalisable en origami, y compris les objets les plus modernes. La technique de l’origami est même reprise actuellement et a des applications en chirurgie, dans la recherche spatiale et pour expliquer des principes complexes de mathématiques…
Article paru le 16/01/2012
Les lapins et la lune
Souvent, sur de nombreux objets et tissus japonais, on retrouve le lapin dans les décorations, souvent par paire et associé avec la lune. J’avais bien connaissance que deux lapins se trouvent dans la lune, où ils y pilent du riz pour faire les mochis (gâteau obtenu à partir de riz gluant pilé), mais comment ils s’y étaient retrouvés ; je n’en avais aucune idée. J’ai donc demandé à une amie japonaise de me l’expliquer et elle m’a envoyé l’explication suivante de Wikipédia :
On pourrait dire que l’histoire de la lune et des lapins vient de l’Inde. Elle est se trouve dans un recueil très populaire au Japon « Recueil d’histoires désormais passées » (Konjaku monogatari) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Konjaku_monogatari_sh%C5%AB) Parce que dans les motifs que forme la lune, on peut y voir des lapins, « dans la lune, il y a des lapins » se transmet-on comme affirmation de génération en génération depuis bien longtemps. C’est de cette légende que traite le texte ci-dessous. Un singe, un renard et un lapin, trois animaux en tout, rencontrèrent un vieux tombé par terre, car il n’avait plus de force. Les trois animaux réfléchirent à comment aider la vieille personne. Le singe rassembla des noix, le renard attrapa des poissons dans la rivière ; chacun donna à ce vieux tout cela comme aliment. Cependant, le lapin, lui seul, ne put rien ramasser ni attraper malgré ses efforts peines. Le lapin, assistant à désespéré face à sa propre impuissance, pensait qu’il aimerait bien aider la vieille personne et demanda au signe et au renard de l’aider à allumer un feu, dans lequel il se jeta, s’offrant ainsi en guise de repas. Voyant cela, la vieille personne divulgua et apparût sous sa véritable identité, Shakra, le seigneur des trente-trois cieux. Pour faire connaître l’acte charitable du lapin jusque dans les siècles futurs, il envoya le lapin jusque dans la lune. On dit que l’ombre qui prend la forme de fumée autour du lapin dans la lune est celle qui s’est formée au moment où le lapin a brûlé. Cette légende, comme de nombreuses légendes présentes dans le « Recueil d’histoires désormais passées », trouve son origine dans les contes bouddhistes « Jātaka » (http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C4%81taka)
« 月と兎の話は、インドから来ているようです。 『今昔物語(こんじゃくものがたり)』は日本の有名なお話を集めたものです。 月の影の模様が兎に見えることから、「月には兎がいる」というのは昔から語られている伝承だが、これにまつわる話として、以下の伝説が語られている。 猿、 狐、兎の3匹が、力尽きて倒れている老人に出逢った。3匹は老人を助けようと考えた。猿は木の実を集め、狐は川から魚を捕り、それぞれ老人に食料として与 えた。しかし兎だけは、どんなに苦労しても何も採ってくることができなかった。 自分の非力さを嘆いた兎は、何とか老人を助けたいと考えた挙句、猿と狐に頼 んで火を焚いてもらい、自らの身を食料として捧げるべく、火の中へ飛び込んだ。 その姿を見た老人は、帝釈天としての正体を現し、兎の捨て身の慈悲行を後世まで伝えるため、兎を月へと昇らせた。月に見える兎の姿の周囲に煙状の影が見えるのは、兎が自らの身を焼いた際の煙だという。 この伝説は、仏教説話『ジャータカ』を発端とし、『今昔物語集』などを始めとして多く語られている。
Article paru le 20/02/2012
Nihon-buyô (la danse traditionnelle japonaise)
世古口亜綾 - Aya SEKOGUCHI En France depuis 1998
- Présentation
Le Nihon-Buyô, la danse basée sur la danse du kabuki (kabuki-buyô), est l’une des formes traditionnelles des arts scéniques japonais, au même titre que le Nô, le Kyôgen, le Kabuki, le Bunraku. Toutes ces formes artistiques, tout en gardant leur originalité, se sont influencées par le passé et continuent de s’influencer les unes les autres.
L’origine directe du Nihon-Buyô pourrait remonter jusqu’à la danse kabuki-odori (odori signifiant la danse) que la danseuse Okuni commença à exécuter en 1603. Cette nouvelle forme de danse absorba tous les styles anciens – la danse de cour, la danse cérémonielle religieuse, la danse du Nô et la danse bouddhique. Ultérieurement, l’adjonction de l’élément théâtral à la danse kabuki-odori donna naissance au théâtre Kabuki (forme théâtrale dont les acteurs sont uniquement masculins). Plus tard, dès le milieu du 17ème siècle jusqu’au milieu du 18ème siècle, au fur et à mesure que la danse kabuki-odori évoluait comme une partie importante du Kabuki, plusieurs chorégraphes commencèrent à réaliser des performances indépendantes, séparées du Kabuki ; ce sont les fondateurs du Nihon-Buyô.
Bien que le Nihon-buyô soit intrinsèquement associé au Kabuki, ses éléments dramatiques et techniques se développèrent également à partir des autres formes d’arts scéniques, telles que le Nô, le Kyôgen et le Bunraku.
Les formes actuelles du Nihon-Buyô pourraient ainsi être classées selon les trois grands répertoires suivants : 1. kabuki-buyô Les pièces de danse du Kabuki-Buyô se retrouvent dans le programme du théâtre Kabuki. Elles sont exécutées aussi bien par des hommes que par des femmes en dehors du théâtre Kabuki. Il s’agit de la danse développée à Edo sur la base de l’odori. (cf plus loin) 2. oshûgi-mai Ce sont des danses cérémonielles, influencées surtout par le Nô, et créées afin de célébrer des événements tels que la création d’une école, l’héritage du nom de scène... Les paroles de ces pièces chantent souvent ce qui portera chance ou prospérité (symboles tels que le pin, le prunier, la grue, la tortue…). 3. kamigata-mai Forme de danse qui s’est développée à Kyôto et à Osaka, dont le style se fonde sur le mai. (cf plus loin)
- Histoire
Le terme de Nihon-Buyô (nihon signifiant Japon, et buyô, la danse) a été proposé par un grand réformateur de la scène japonaise, TSUBOUCHI Shôyô (1859-1935) qui, avec l’introduction soudaine de la culture occidentale à l’ère Meiji, ressentit la nécessité de promouvoir une catégorie qui englobait les différents genres de danses existant au Japon depuis l’aube des temps – par opposition à la danse occidentale.
Avant cette apparition du terme Nihon-Buyô, la danse japonaise était désignée soit par « mai » (danse statique) dans la région du Kansai (autour de Kyôto ou Osaka), soit par « odori » (danse dynamique) dans la région du Kantô (autour de Tôkyô). Le Nihon-Buyô englobe ces deux formes de danse, qui ont chacune des histoires différentes.
L’histoire du mai remonte à l’antiquité. La première danseuse au Japon fut une prêtresse, qui officiait en dansant à l’occasion de cérémonies chamaniques recevant l’oracle afin de prévoir le futur. La menace des désastres naturels était en effet omniprésente dans la société de l’époque. Elle dansa en enroulant une liane autour de sa tête, tenant des feuilles de bambou à la main. A cette époque, la croyance voulait qu’une divinité fût logée dans les arbres et dans les fleurs. La danseuse tourbillonna au rythme du tambour, possédée par les dieux, les accueillant en elle. Son battement de la mesure avec le pied réveilla l’esprit de la terre et calma le mal. La danse exécutée à l’occasion d’une prière pour une récolte abondante est importante au Japon, pays de riziculture. Le battement de la mesure avec le pied subsiste toujours dans le Nihon-buyô, et l’aspect prière se retrouve dans le répertoire appelé « sanbasô-mono ».
Vers le 7ème siècle, les arts étrangers parvinrent au Japon, en provenance de la Corée et de la Chine, parmi lesquels les danses suivantes : • le Gigaku, danse chinoise dansée avec un masque à l’occasion de cérémonie bouddhique, • le Bugaku, danse qui se développa à l’époque Heian, enrichie du raffinement japonais de l’époque, appréciée des aristocrates, • le Sangaku, qui regroupait le mime, le chant et la danse, à partir duquel le théâtre Nô apparut plus tard.
Du 11ème au 13ème siècle, de l’époque aristocratique à la période shogounale, des prêtresses et danseuses itinérantes appelées shirabyôshi étaient mises en vedette. Déguisées en homme, elles chantaient les légendes des temples et les charités du bouddha, dédiant la danse du mai en guise de prière adressée aux divinités. La danse kuse-mai, danse racontant une histoire, naquît de cette époque. Plus tard, cette forme artistique fut introduite dans le Nô. Aujourd’hui, la danse du Nô s’appelle mai. Au sens large, tous les mouvements du théâtre Nô sont également considérés comme autant d’éléments du mai.
L’histoire de l’odori remonte, quant à elle, au début de la période Heian, soit vers le 10ème siècle, à travers la danse nenbutsu-odori du prêtre Kûya-shônin.
A cette époque, deux styles d’exercices prédominaient dans le bouddhisme. Le premier, « jôza-zanmai », renvoyait à une méditation assise, immobile. Le second, « jôgyô-zanmai », consistait en une méditation en mouvement, pratiquée en marchant en tournant autour de la statue du bouddha et en répétant des prières appelées nenbutsu. Ce second exercice prit peu à peu une forme artistique ; c’est ainsi qu’apparut le nenbutsu-odori.
Le nenbutsu-odori est une danse très simple, gaie, que l’on pratique en sautant au rythme du tambour et en récitant des prières à bouddha pour effacer un tourment. Comme la croyance voulait que la maladie, les désastres naturels, les insectes nuisibles, .., provenaient d’esprits morts accidentellement à cause de la guerre, le nenbutsu-odori fut pratiqué en tant que cérémonie religieuse pour calmer et pour faire s’enfuir ces esprits.
En 1603, une prêtresse appelée Okuni apparue à Kyôto. Afin de faire une collecte pour la restauration du temple, elle donna un premier spectacle qui introduisait le nenbutsu-odori ; c’est de là qu’apparût le kabuki-odori. Cette danse, rapidement rencontra un grand succès, donnant ainsi naissance à plusieurs troupes d’onna-kabuki (« onna » signifie femme), dont les spectacles sans intrigue se résumaient en un défilé de nombreuses femmes pomponnées dansant des chansons en vogue. Bientôt, l’onna-kabuki fut interdit par les autorités, pour lesquelles elle représentait un risque de trouble à l’ordre public, les danseuses vendant dans le même temps leurs charmes.
Vint ensuite l’époque du wakashu-kabuki, le Kabuki joué par de beaux garçons. Les éléments du Nô et du Kyôgen furent alors introduits dans le Kabuki ; l’essence du mai entra ainsi dans l’odori.
En 1652, le wakashu-kabuki fut à son tour interdit. En revanche, apparut le yarô-kabuki, joué par des hommes. Une certaine intrigue ayant été ajoutée, la danse commença à prendre un aspect dramatique, théâtral. Par conséquent, l’élément du geste mimique (furi) se trouva intégré à la danse.
Le développement de la danse théâtrale réclama d’autre part l’intervention de chorégraphes spécialisés. La fin du 17ème siècle vit ainsi l’apparition de tels chorégraphes, puis ceux-ci commencèrent dès lors à prendre leur indépendance par rapport au théâtre Kabuki, en devenant enseignants de danse pour les amateurs et en établissant leurs propres écoles. L’une des plus anciennes de ces écoles est l’école Nishikawa fondée par Senzô NISHIKAWA Ier (1697-1756) qui déploya une intense activité créative qui fit de lui l’un des chorégraphes les plus influents du Nihon-Buyô.
- Les mouvements
Le Nihon-buyô englobe trois formes de mouvements différents : • les mouvements du mai : des mouvements statiques et abstraits, • les mouvements de l’odori : des mouvements dynamiques et rythmiques, • les mouvements du furi (geste mimique) : des mouvements traduisant l’expression dramatique et figurative.
Chacun de ces différents mouvements est décomposé en unités, appelées kata. Les kata sont des enchaînements de mouvements stylisés qui se succèdent et qui sont hérités du passé en étant améliorés de générations en générations. L’intervalle entre chaque mouvement, à savoir ce qui relie les kata, est appelé ma. On dit que l’essence du Nihon-Buyô réside dans le ma, ce moment d’arrêt, qui unit et articule chacun des kata.
L’intervalle ma est rempli par la respiration, qui unit le corps et l’esprit, et par là-même est rempli de l’énergie mentale alors produite par le corps-esprit. Les deux caractéristiques kata et ma sont également présentes dans d’autres arts traditionnels japonais, dont le Nô et le Kabuki, comme dans différents autres domaines de la culture japonaise, tels que la peinture, l’architecture, les poèmes, les arts martiaux... Par exemple, ma, au sens spatial, se trouve présent à travers la marge blanche de la peinture traditionnelle chinoise ou japonaise ou encore dans le sable blanc du jardin de pierre du temple Ryôan-ji à Kyôto.
- Les costumes & les décors
Les costumes, kimono, se sont développés surtout depuis l’apparition du Kabuki, d’autant qu’il s’agissait alors de cacher le corps masculin des acteurs censés jouer des rôles féminins. A partir de cette époque, on commença à utiliser le kimono – essentiellement ses manches, « sode » afin d’exprimer des sentiments de façon subtile, tels que la timidité, la mélancolie, l’attachement.... Les manches des kimonos sont souvent utilisées pour exprimer un sentiment de type amoureux, les larmes étant essuyées avec les manches. Egalement, les manches servent aussi à évoquer des phénomènes naturels, le vent, la pluie, ou des objets, un paravent, un oreiller, une lettre... Les chorégraphies sont réalisées en intégrant le kimono.
A l’origine des décors se trouve la danse qu’une prêtresse aurait exécutée à l’antiquité en tenant à la main des feuilles de bambou, dans lesquelles on croyait que la divinité se logeait. Cet élément de décor, qui représentait un intermédiaire entre ce monde et le ciel, prit plus tard la forme d’un éventail sur scène. De ce fait, l’éventail symbolise à la fois l’aspect sacré et rituel. Dans la danse du Kabuki, l’utilisation et la symbolique de l’éventail contient encore cette signification originelle. Par ailleurs, l’éventail sert également à évoquer aussi bien des objets - une coupe à sake, un sabre, un parapluie, une canne, une pipe, une lettre, une canne à pêche… - que des paysages ou un phénomène naturel - une montagne, la lune, la pluie, le vent, la neige, le brouillard, différentes formes que prend l’eau (une grosse vague, des rides sur l’eau, une chute d’eau) une fleur qui s’épanouit, des pétales de fleur qui tombent…. Le recours à l’éventail permet également d’exprimer les émotions ou les sentiments.
- Les thèmes des œuvres
Ils sont principalement tirés des mythes, des légendes, de la littérature ou encore d’événements historiques… Les principales répertoires sont regroupés sous les noms de « sanbasô-mono », « shakkyô-mono », « dôjôji-mono », qui sont des adaptations des pièces du Nô « Sanbasô », « Shakkyô », « Dôjôji ».
Présentation réalisée par Aya Sekoguchi Danseuse et enseignante de Nihon-Buyô, de l’école Nishikawa. Docteur en Philosophie Esthétique à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris (EHESS). Thèse « Le champ (basho) dans les arts traditionnels japonais - Autour de l'union corps-esprit et de la relation entre artiste et public chez Zeami », sous la direction d’Augustin Berque. www.aya-sekoguchi.com
Article paru le 27/02/2012